vendredi 8 février 2008

DANS LA TOURBIÈRE...

Un géant se nourrit de grenouilles, des milliers par jour. Combien de géants peuvent manger les grenouilles?

l'ouragan recommence
on n'a plus le temps de boucher les trous
plus le temps de se couvrir
plus le temps de trouver l'enfant perdu dans les bois
plus le temps de crier pour dire qu'on est là
en train d'agoniser sur une pelouse longue et jaune

le vent se lève
des branches se cassent
des toits se soulèvent
et je m'accroche à l'herbe folle
brassée en tous sens
le ciel n'en fait qu'à sa tête
et me mitraille de ses balles humides
la douleur s'accentue
le tourbillon m'emporte avec lui
au sommet d'une église orpheline qui tient le coup
je suis son premier visiteur forcé depuis
quarante ans

Plaqué sur le toit, je me mets à réfléchir sur différents aspects de ma vie, comme si les prochaines minutes allaient être les dernières. Comment en suis-je arrivé là? Pas sur ce toit insignifiant, ça, c'est le vent qui m'y a conduit.

depuis des siècles
j'erre de vie en vie
à la recherche de la réponse à une question
disparue

l'inconnue qui croise mon chemin
en a le coeur à l'envers
mon être en entier est cet ouragan de folie
qui anime la nature
tente de l'arracher à la terre nourricière
de l'envoyer dans les quatre coins du mondes
seule
elle ne comprendra plus le temps
ne reconnaîtra plus l'espace
ne sera plus nature au coeur de l'anti-nature

je me penche au-dessus de ce lit
où repose un ange qui dors paisiblement
il ne faut pas le réveiller
on ne peut pas le réveiller

je reste là

et je pleure

1 commentaire:

Anonyme a dit...

De jolies phrases et de jolies métaphores!

Chris