mercredi 31 mai 2006

ANNE

Ça ramène à une époque de bonheur se transformant en troubles. Trouble d'identité par rapport à la figure déitique, trouble par rapport à la relation de couple et au manque de respect de l'individu. Elle voulait vivre avec moi, et elle voulait que je vive avec elle... et Dieu. Je ne pouvais pas faire ce pas, j'étais déjà passé par-là quelques années auparavant et rien de bon n'en était sorti sinon un sentiment d'inconfort face à l'univers de la religion et des personnes qui croient. Je trouvais malsain de rester de ce côté, alors tout s'est terminé avec Anne assez abruptement. Ça a duré 9 mois, les 9 mois de gestation avant que le vrai Moi renaisse pour devenir plus tard ce que je suis aujourd'hui. Il semble que je me reconstruise après chacune de mes relations...

Le texte qui suivra est plutôt un rayonnement de mon être sur la personne aimée et non plus le contraire, comme le laissaient montrer les poèmes précédents.


Je me suis levé dans l’aube
Soleil brillant
Éblouissant
M’éclairant de sa lumière divine

Je le regarde en paix
Et mon cœur
Plein d’amour
Un amour

Aimer
Renaître
Vivre
Tellement magnifique
Cette lumière

C’est là que tu apparais
Radieuse
Belle
Si belle

Un instant je te regarde
Mes yeux rencontrent les tiens

Nous plongeons mutuellement
Dans un univers lumineux où notre amour
Se régénère
À chaque baiser
En grandissant
Sans jamais s’arrêter

Mes bras ne peuvent que te tenir
Amoureux

L’aube est déjà loin
Journée flamboyante de lumière
Pour toi Anne.

30 mai 2000

dimanche 28 mai 2006

DE LA FORME ou essai sur la dégénérescence de la pensée structurée, ou l'exformisme comme aboutissement du concept chaotique

Un texte écrit il y a deux ans et demi. Enfin, la voilà, ma théorie sur le concept dont j'ai parlé à quelques reprises dans certains commentaires. l'exformisme dans les début de sa création. Je vous le met ici pour que vous puissiez mieux comprendre le fonctionnement (ou non-fonctionnement) des poèmes qui suivront à partir du deuxième volet (encore deux poèmes et on y est!). Je n'ai pas encore poursuivi mes recherches dans cette création qui est mienne de l'exforme, mais les bases sont là.

Précision: l'ironie de la chose veut que ce texte ait été écrit dans le cadre d'un cours de maîtrise sur l'essai. :O)


Toute forme conduit vers le conformisme de la pensée. Qu’est-ce donc que cette phrase nébuleuse sortie tout droit de mon esprit? Je ne pourrais pas dire que cette pensée soit mûrement réfléchie, et encore moins accrochable à la réalité dans laquelle nous vivons tous. C’est toutefois une pensée digne d’intérêt et il me semble que la développer ici serait chose souhaitable.
Il faut ici prendre l’idée de « forme » dans son concept le plus large. S’encadrer dans une forme réduit l’esprit humain à son niveau le plus simple dans le sens suivant : l’épanouissement de l’esprit ne peut se faire totalement que par une absence de forme, à travers une brutalité (dans le sens minimaliste du terme) et un chaos sans contrainte. C’est pourquoi il me répugne d’écrire sous quelque forme que ce soit. Une idée originale ne vient que par spontanéité, en dehors d’une réflexion qui l’encadrerait dans une forme. C’est ce que je pourrais appeler un concept-chaotique, originaire du plus profond de l’inconscient, donc plus authentique, si on veut.

La forme fait partie du processus de nivellement caractéristique de l’époque moderne, et beaucoup plus encore de notre époque post-moderne aliénée. On nous présente les formes dans toutes nos activités, et on ne peut s’en détacher. Les moules foisonnent, ce sont le nouveau dada des têtes dirigeantes. On n’a qu’à regarder la nouvelle mode depuis quelques années, avec toutes ces voitures modifiées tout droit sorties d’un film de Vin Diesel et conduites par des clones à casquette qui n’ont qu’un seul but dans la vie : avoir l’air viril en faisant le plus de bruit possible avec leur voiture et manquer de respect à la race humaine… Une bonne dose de cinéma populaire et tout ce qu’il reste à faire est de laisser la forme s’insinuer dans le cerveau de la populace. Tout le monde pareil! C’est bien plus simple quand tout est construit de la même façon ; le cerveau travaille moins, car il voyage dans des sphères connues depuis longtemps. Il est ensuite plus facile de modeler le tout, votre esprit ayant été endormi par l’habitude, le toujours-pareil dans la structure même de vos vies.
Tout part d’une structure rhétorique vieille de quelques milliers d’années. Cette rhétorique a établi un modèle de langage interactif qui pourrit maintenant les fondements de notre pensée. On ne peut plus dire un mot sans qu’il soit passé au peigne fin d’une analyse psychanalytique et sociologique. D’où la naissance du langage « politiquement correct ». Le tabou devient aberrant et de plus en plus dangereux, puisqu’il se cache maintenant derrière un faux mur de nouvelle extériorisation de l’être. La population ne s’aperçoit pas qu’à travers tous les messages d’affirmation de l’individu se cache un Big Brother qui impose un modèle (en tant que mode), une forme particulière : il oriente l’individu vers une structure générique. « Affirmez-vous, mais nous vous dirons comment faire ». On apprend aux étudiants comment réfléchir sous une forme bien définie : « Référez-vous au guide méthodologique pour vos travaux ». Le mode de la dissertation est le fléau de la construction de la pensée. En fait, je ne devrais même pas parler de "construction" de la pensée, mais plutôt de "modelage". Depuis des siècles, les élèves suivent cette forme, et rien n’a évolué. Je regarde autour de moi et tout ce que j’observe est la régression de l’esprit humain. Tout n’est que forme et tous se refusent à accepter le chaos. Chaos non pas comme négativité de l’existence, mais plutôt comme une nouvelle tentative de pousser encore plus loin l’esprit humain.

L’obsession de l’ordre et de la propreté est aussi une partie de cette forme arrêtante qui affaiblit la pensée afin de mieux la contrôler. On vous envoie combattre des bactéries jadis inoffensives à l’humain pour que vous ne vous rendiez pas compte que la forme vous absorbe peu à peu en elle. Un pas de plus vers une conformité facile à diriger. Les êtres génériques ne sont plus seulement dans la télévision ; ils marchent maintenant dans les rues, mangent dans les restaurants, à côté de vous. Tout n'est plus qu'archétype. C’est votre patron, votre confrère de classe, votre voisin, tous ceux qui peuplent les bars, la nuit, et les jeunes, surtout, dont l’esprit pas encore suffisamment développé s’intègre de plus en plus facilement dans le conformisme de masse (casquettes et voitures modifiées…). Nous sommes dans l'ère où le mot "zombie" prend ça plus grande signification.

Dans « conformisme », il y a le mot "forme" et "avec". En essayant de tout entrer dans une forme quelconque, le théoricien conformise ce tout qui pourrait être tellement plus s’il était laissé à lui-même. C’est de même pour tout le monde. La catégorisation, le rassemblement « d’objets » et de « sujets » ne fait qu’aggraver la capacité pour l’être humain d’une pensée polyvalente. Ce qui nous conduit alors vers la spécialisation. Je dirais que c’est semblable au classement des genres en littérature : inutilité s’ils ne sont pas entrelacés. Tout comme la poésie et la prose. Il faut provoquer l’éclatement de la forme, créer un exformisme qui ira non à l’encontre du conformisme, mais parallèlement, à côté de celui-ci, afin de le déconstruire et non le détruire. L’exformisme est le résultat de l’aboutissement du concept-chaotique. C’est pourquoi je n’utilise pas les termes antiformisme ou anticonformisme. C’est une démarche à l’extérieur de la forme que je préconise. Je ne pars pas du constat qui nous sort de la forme, mais d’un tout autre qui nie l’existence de cette forme. Il est évident que ma recherche à ce sujet ne fait que débuter, que mon propos doit sûrement paraître nébuleux. Soit, c’est ce que je veux puisque je ne me base sur aucune forme pour élaborer ma pensée. Je la laisse libre, sans aucune contrainte. Toute prête à la spontanéité. Le travail que je ferais par la suite pourrait venir tout gâcher, parce que j’essaierais sans aucun doute d’y établir une structure définie, puisque c’est ainsi que j’ai été éduqué. Mais le mal doit déjà être fait au point où j’en suis…
J’en reviens donc à l’exformisme, l’écrit au-delà de la forme, la pensée au-delà de la structure. Mes écrits tendent vers cela. Je ne prétends pas m’inscrire dans une forme particulière, sinon celle de ma pensée chaotique. Avec l’écriture semi-poétique que j’utilise, je tente de dérouter, afin que l’esprit du lecteur trempe dans une confusion inconnue qui le sort de sa forme habituelle. C’est pourquoi je prise l’action écritorielle de l’inconscient. Un poème trop travaillé n’est plus un texte parlant, il devient uniquement une forme sans vie. La poésie moderne s’est tournée vers cette obsession de « la forme et rien que la forme » (société et mœurs des hommes obligent), oblitérant totalement le reste de ce qu’elle était, et ça lui a été fatal. Aujourd’hui, en 2003, la poésie est morte. Tout ce qui reste n’est qu’une forme, des termes pour qualifier cette forme et une mare putride dans laquelle tout cela flotte et que je nomme structure. Un recueil de poésie suivant un thème particulier n’a plus sa raison d’être, de nos jours. En envoyant le mien à un éditeur il y a quelques mois, je me suis vu refuser sa publication parce qu’il était trop polythématique. « Peut-être que si vous classiez vos poèmes par thèmes, il serait plus facile de les lire ; notre pensée structurée pourrait alors comprendre quelque chose à travers ce brouhaha de signes diffus et contradictoires qui peuplent votre poésie ». J’ai fait une tentative de classer tous mes poèmes, mais il manque quelque chose, il manque ce chaos originel qui les habitait avant et qui fait partie intégrante du concept-chaotique pilotant l’exforme… C’est un pur plaisir de l’esprit que de lire une poésie chaotique, des poèmes qui n’ont aucun lien entre eux et qui déroutent totalement, laissant le cerveau dans une incompréhension sublime. Le détachement de toute forme permettra de saisir l’essence même de ma poésie, l’essence même de l’acte de création de tout créateur…

Je pense que la population refuse le changement. Cette folie de la forme (surtout construite par les médias) a inscrit la peur dans les cœurs, une peur du changement. Ce n’est pas surprenant que le Québec ne se soit pas encore séparé du Père fédéral que l’on nomme Canada. Cette pauvre province est tellement ancrée dans le giron conformiste de son papa que, confronté à un choix qu’il n’est pas habitué de faire, il oscille entre le oui et le non, et se retranche toujours dans l’habitude, maladie contagieuse difficile à guérir, j’en conviens…
Une pensée structurée peut sans doute mieux fonctionner dans la société, mais qu’adviendrait-il si toutes les formes de cette société venaient à disparaître totalement, si l’ordre cessait d’exister? L’humain n’est pas prêt à cela. C’est la folie assurée. Et quand je parle de folie, c’est cette folie malsaine qu pousse l’homme vers son autodestruction, l’anarchie dans le sens où tous les conformistes l’entendent. Un esprit exforme serait capable de survivre, puisque la forme même de la société ne l’affecterait pas. Si la civilisation n’était plus, l’exformiste reviendrait à son élément originel et il pourrait à nouveau progresser, détaché des contraintes de la loi, des règles, donc de la forme. L’évolution de la pensée reprendrait alors son cours là où il avait cessé. Il y aurait aussi une nouvelle émergence d’originalité, puisque l’esprit ne serait plus enfermé dans une prison formelle l’obligeant à se conformer à l’éthique, à la culture et, encore pire, à la mode.

Mais qui dit pensée, dit langage, forcément, car la pensée ne peut pas se construire sans lui. Cela me mène à un élément qu’il est impossible d’éviter et de rayer : le langage est le moteur de la pensée. C’est là tout le problème, car qui dit langage, dit aussi structures et formes. L’esprit ne peut donc pas se sortir de la forme sans se débarrasser du langage. J’en viens donc à dire, après ce constat, que l’être humain ne peut pas faire autrement que de se vautrer dans le conformisme créé par la nécessité de posséder un langage propre à développer sa pensée. C’est le langage qui a créé l’homme à son image, et non Dieu. Mais la Genèse ne commence-t-elle pas ainsi : « Au début était le verbe, le souffle »? Dieu est langage, tout comme le langage est Dieu. Pour l’être humain, tout commence par le langage, et je pourrais dire en même temps : tout commence par la pensée structurée. Comment, donc, éviter le conformisme sans disparaître complètement de la chaîne communicationnelle? Sommes-nous tous voués à devenir semblables parce que le contraire est tout bonnement impossible? Sinon, admettant que nous arrivions à nous détachés de la pensée structurée (donc du langage), ne deviendrions-nous pas des îles solitaires perdues dans notre univers personnel? On peut le refuser (la révolte camusienne fait ici une brève apparition). Il reste ensuite à trouver une solution de rechange. L’exformisme. Comment le construire? Là est la question. On ne peut le construire puiqu'il n'a pas de forme. L’exformisme peut-il évoluer à travers un langage structuré? Il ne serait plus exformisme, alors, mais une forme parmi toutes les autres, de plus en plus délavée au fil des années. Peut-être suffirait-il simplement d’exterminer les conventions… mais de nouvelles feraient ensuite leur apparition… Mon esprit n’est encore qu’à une étape embryonnaire de son développement exformiste et la poésie que j’ai écrite jusqu’à maintenant n’est que le commencement d’autre chose d’encore inconnu. Je sens du moins que c’est par-là qu’il me faut avancer pour réveiller les véritables forces de l’exforme qui ébranleront la structure complète de notre société. D’ici là, je n’ai qu’à laisser mon inconscient me guider sur la bonne voie.

Luc Pelletier
7 décembre 2003

LA MORT DE LA NATURE

Je parle surtout de la nature humaine, celle qui jadis existait sous la forme d'un certain rafinement et de la conscience d'autrui et de la nature-même. C'est un constat et non un acte. Le même genre d'affirmation que de dire que Dieu est mort à l'époque de Nietszche. Le voir clair sur un état qui dure depuis des siècles et dont la majorité du monde se fout. Mais nul n'est prophète dans sa maison, mais aujourd'hui, il ne l'est pas plus sur sa planète. Tout est gelé sur place et pourrit en même temps. Rien ne peut arrêter le pourrissement. Rien ne peut arrêter le temps. Et l'érosion est rendue loin sur l'âme humaine.

Un peu plus de 6 ans après avoir écrit ce poème, je ne peux que continuer à voir tomber les branches de l'arbre. Quand il sera enfin décomposé dans cette terre durcissant, peut-être que quelques pousses pourront survivre et repartir avec une connaissance oubliée dans l'esprit de l'homme...


Quand toute chose se meut en un vent
Qui s'éparpille à travers le temps,
Je ne peut que m'étendre sur la glace
Et pleinement respirer sa totale surface.

Je me lève alors pour piéger mon regard
Sur une colline dégringolant sur le noir.

Un chat s'arrête subitement tout près de moi
Et me chuchote à l'oreille ces mots sournois:
« Les oiseaux s'en moquent, mais pourquoi
Veux-tu engouffrer les lueurs qui sont là,
Dans le ciel étoilé et frêle?
Il faudra bien que tu te débarrasses
Des indomptables souffles qui m’harassent
De jour en jour, par la même sortie qu'elle... »

Je retourne sur mon large perchoir glacé
Et je m'assois sans dire un mot,
Car j'ai compris que la croissance des maux
Est une tumeur collective et troublée…

29 mars 2000

jeudi 25 mai 2006

SUITE DE TENDRES MOMENTS

Un saut brutal dans le 21ième siècle! Et comment mieux sauter dans le vide qu'avec une bonne dose d'absurdité? De l'absurdité complètement détraquée... à s'en péter la tête dans les murs. C'est une expérience d'écriture automatique dans sa plus pure forme, où chaque mot renvoie au prochain suivant une logique que seul mon inconscient pouvait comprendre lors de la création.

Écrit pendant un cours de création littéraire avec madame Vonarburg, c'est un an après avoir suivi son cours que ses notions de création littéraire ont eu un effet sur moi, me permettant de pousser mon art beaucoup plus loin. Ça va commencer à transparaître dès le début du deuxième volet (encore trois poèmes et nous y sommes!!).


un sioux la plume au bec
Siouxie and the Banshees
hurlant des insalubrités à en découper les montagnes

faire une croix sur le plomb qui sert de tête
au dieu de la baise et du rot
Rot
Bisolars
fantasmes enfantins du dégel du cerveau
absurdité bisolaire
sur les toits un oiseau chie son regret et bave un acide chlorhydrique
dans les nuages

nous nous transposons dans ces volcans de misère
volant dans une lave froide et verte

je siphonne la pluie pour déboucher Dieu
marchera
marchera pas
qu’importe si on n’est qu’un outil de jardin analphabète
les yeux rouges et globuleux

noyez-vous dans une eau gothique et suivez le mouvement Bauhaus
car mon bras se fatigue de soutenir le crayon de la vie

welcome to my world
disent-ils tous
pour qu’enfin nous moussions le vin champêtre dans l’aube de l’humanité

j’ai les mains salies par le fort graphite qui creuse dans le bois converti
vert
noir
gris
couleurs

les couleurs beurrent ma sœur sur l’heure des vidangeurs
c’est sur ce manuscrit égyptien
qu’ils s’enverront paître le blé des lamentations

marchons
camarades
all heil Sam Neil!
car il est tombé de cheval pour briser sa réputation
ou peut-être la créer

création de robots
la femme bionique sert maintenant de ventilateur
pour les usines de réfrigération

on peut s’y appliquer si on veut
mais c’est toujours trop de travail
il est toujours trop tard

cauchemar
c’est un cauchemar
ce crissement des ongles sur le tableau
ce couteau sifflant dans ton assiette
et ce mouchoir Kleenex dans ta bouche

mon épaule tombe en morceaux
ma tête roule sur les monts du monde
et mon bras
de plus en plus fatigué de rire dans l’empire des cieux

il reste le rouge sur un mur
une tache de sang
ou une lampe indigène d’Andalousie
rouge
tout simplement
rouge puant la charogne
comme cette classe ivre morte d’ouvriers bilingues
ils parlent serbo-croate et coréen

tout cela ramène aux prêtres du Togo
ceux qui font construire des grenades aux jeunes enfants de dix ans
Cruauté de Gandhi
ou Bouddha
peu importe
ils sont tous morts

c’est comme avoir de la mort-aux-rats dans le derrière
tu pètes et le feu te brûle
comme la sorcière sur son bûcher

sale société puritaine
les Américains
non
les États-Uniens sont des racailles
des andouilles servies aux chiens du président de la Tunisie

Dark Popov vient à la rescousse et tente de se faire élire
encore une fois en vain
c’est alors que Freud chante la chanson des évadés
sur la rue des Champs-Élysées

et vive la France!
ils sont fous ces romains
à toujours envahir la chambre des députés

barbares
c’est Zola
avec sa copine la caisse de bière et son ennemi
le vilain piano à queue

le dos aqueux commence à sentir la cigarette
mélangée avec un cocktail Molotov

c’est un hurlement à la pleine lune
qui brille dans le firmament

si on tente de comprendre ce qui se passe dans mes cerveaux
c’est la folie assurée
la folie d’Enkie Bilal
avec ses peaux bleues
ces peaux-rouges qui reviennent à la charge
avec cette couleur charognarde qui pense que les arbres fruitiers plantent de la laitue
en Sibérie
écœurement
fatigue
sommeil
folie déboussolée

cet aimant tourne en tous sens
comme un chien qui cherche sur qui passer sa frustration
de macho dégarni

les vieux hommes se battront pour avoir
la première place au ciel des moustachus et des barbus

mais le FLAB sera toujours là
à leur poursuite acharnée

mars 2000

mercredi 24 mai 2006

SISYPHE ET PROMÉTHÉE

Figures mythiques les plus humaines d'entre toutes, Sisyphe et Prométhée ont tous deux été punis par les dieux parce qu'ils ont osé les défier pour le bien de l'humanité. Des scientifiques avant leur temps, si on peut dire. Ils ont puisé dans les entrailles de toutes les connaissances pour en venir à l'illumination sur la vie. L'éternité dans le labeur est leur punition, mais le labeur répétitif finit par lasser l'esprit qui se révolte d'autant plus qu'il ne peut être contraint.

La révolte prend enfin sa forme métaphorique dans ce poème, une révolte passive, celle qu'on ne voit que dans le regard du vieil homme qui ne veut pas mourir.

Mais comme disait David J : "We are already dead, but not yet in the ground" (Fear is a man's best friend)...


Oubli de la nature

La Lune
Noire

De la boue sur ma tête en feu

La projection de mon image à travers le temps
Est tout sauf une réalité explicite

Mon regard se porte vers
Le bas

La routine est de penser à ceux qui pensent
À ceux qui ne pensent PAS

Ils essaient de monter au sommet

Ils sont dans un gouffre sans fin

Si beaux
Ces murs ronds
Au fond du gouffre

Éternité

7 décembre 1999

LEUR DESTIN

Retour de l'enterrement. Je crois que dans ce premier volet, c'est le thème qui revient le plus souvent. Ma substance disparaît dans les profondeurs du sol (ne laissant qu'un murmure...) pour ne devenir qu'un objet en quête de quoi? Je ne sais pas. L'isolement efface l'idée. La pensée est obstruée par le noir de la terre, le caveau en constante hémorragie.


J’entends ces cris perçants dans ma tête,
Qui boivent toutes ma substance en fête,
Ces fantômes qui me regardent froidement
De leurs grands yeux vides et pesants.

Ils ouvrent le caveau de mon imagination,
Puis, sans mot dire, saccagent le temps.
Ils soufflent les tempêtes d’indignation
Qui subsistent sur un circuit branlant
Et cahoteux, noueux, malheureux.

Psychose infernale, c’est ce que je vois
Où, non sans penser aux anciens rois
Élevés dans leurs hautes tours d’ivoire,
Sifflent les ombres d’un noir ciel orageux
Prêt à renverser son flot putride du soir.

Je me coule en la terre humide
Sans remarquer cette silhouette fauve.
Je traverse les abîmes jusqu’à l’alcôve
Où mon destin me fuit, timide…

7 décembre 1999

dimanche 21 mai 2006

DANS LE SOL

Lisez, tout simplement. Un bijou de minimalisme qui dit tout ce qu'il a à dire...


Dans le sol
Un murmure

Dans le sol
Je respire la saleté qui me respire

Dans les sous-bois de mon village
Je vois le mal qui chante le mal

J’ai regardé ce moi intérieur devant mon visage
Je le sens sous différents songes
Je n’ai pas eu ce que je vois

Dans le sol
Un murmure

Sous mes pas
Mes pas qui craquent le sol se dérobant sous moi
Je pénètre les enfers infernaux sous les bois
Les sous-bois

Et dans le sol
Un murmure

25 septembre 1999

vendredi 19 mai 2006

NOIR SATIN

Le retour de l'ange. L'ange est la personnification de ma solitude. Il prend de plus en plus de place à mesure que les jours avancent et voit son aboutissement dans le Dernier Soupir. Un bon ami, compagnon de voyage sans faille, mur infranchissable. Comment le faire tomber sans tomber en même temps? Aucune réponse ne vogue dans la brume. Aucun son ne sort des bouches. Ne reste que le néant pour accueillir ce qui reste de moi à cette époque...

Un parallèle se crée dans le texte entre être et suivre : la marge ou le mouton. Je suis. Ça renvoie à Descartes qui criait sur les toits son "Je pense, donc je suis" qui veut en fait dire que l'être humain est voué à rester mouton et suivre le troupeau par le simple fait qu'il pense. Argument faible, mais qui vaut n'importe quel autre lorsqu'il s'agit de jouer avec le langage comme il l'a fait.

Le parallèle crée aussi un retour vers soi (comme pour contrer le "suivre"), comme s'il ne fallait qu'écouter que nous-même. Une voix dans un corps, dédoublement qui raye en quelque sorte la solitude pour amener un vide encore plus creux : soi-même. Fantômes, miroirs. L'ange et moi. Autour, rien.


Les larmes tombent de son visage comme des gouttes de cristal blanc,
Son regard se fond dans le mien, je crois alors mourir
Dans ce miroir pur et parfait. Je m’envole loin pour finir
Sur le seuil d’une voie céleste, la demeure gothique de mon cœur souffrant.

Je suis la douce musique soufflée à mon oreille attentive, sensible.
Je suis l’ange qui me prend par la main, si douce, cette main,
Satin contre satin, et vers l’éternité je continue mon long chemin
Parsemé de ronces effilées et tranchantes… au-delà du possible…

Les formes autour de moi m’apparaissent totalement floues,
Je me laisse aller dans la brume du soir qui me traîne sous son dôme,
Je vogue au gré de la solitude et j’attends là mon fantôme
Qui me cherche avec peine… Et tout près vole un hibou.

Ses yeux me font remémorer toutes les souffrances naguère connues.
Je me souviens des jours passés seul sous un saule pleureur,
À regarder les étoiles et la Lune, ronde, belle, blanche…
Ses yeux enflammés, merveilleux, qui me fixaient sans relâche.

Sa bouche se dessine alors devant moi tel une apparition éthérée,
Un songe d’été éblouissant toute cette nuit hantée de cauchemars
Qui ne finissaient plus de tourner dans ma tête fatiguée.
Mon cœur veut maintenant remettre ses rêves à plus tard
Et regarder le sourire qui lui souffle quelques mots à l’oreille…
Viens, viens avec moi, ne te retourne pas.
Viens avec moi dans ces lointains horizons vermeils,
Où le soleil brûle les souffrances dans le sang incarnat…

Je m’inspire de sa voix pour me répandre dans ses larmes
Qui coulent présentement comme coule un ruisseau matinal,
Et je prend un goutte, une seule, pour succomber à son charme,
Le charme d’un ange aux mains de satin et au cœur de cristal.

19 septembre 1999

jeudi 18 mai 2006

LE CIRQUE

Je me cingle à cette voûte cendrée de noir
en regardant tous ces morts affreux pleuvoir
sur les crânes brisés du monde qui pleure
sans se voir dans leur miroir teinté de malheur.
En disparaissant derrière cet écran noir,
je pleure, et je me plie à cette torture
qui frappe ma figure sondée par la froidure
d'une charogne en décomposition dans le soir :
un vieux morceau de chair qui veut boire
mon sang rouge et coulant de son perchoir
d'une hauteur inimaginable dans la peur.
J'ai finalement tout cela en horreur
et je me sauve dans la vertueuse lenteur
de la vie morte dans la réalité consumée
par un feu impossible à éteindre.
Je n'aime pas me voir ainsi feindre
et je fond sur les cadavres en train de brûler.

12 septembre 1999

mercredi 17 mai 2006

JE REGARDE LES OISEAUX PASSER

Je regarde souvent les oiseaux perchés
sur les branches d’un arbre séché
par le soleil aride et d’un bleu froid.
Ils chantent toujours comme des rois,
de fidèles bardes à la barbe coupée
ou plutôt manquante et morte née.

Sans deviner le dessin qui se forme
sous mes yeux ronds et verts qui tardent
à se mouiller comme des flûtes énormes,
je me dis qu’il doit s’agir d’un plan qui aussi tarde
et qui se noie dans ces chants majestueux.
Mais non, et renon, je me trompais, pardieu !
Ce sont ces terribles et terrifiants volatiles
criant de lugubres symphonies aux oreilles
de mon pauvre tympan qui s’émerveille
devant autant d’oiseaux qui se faufilent
dans les évasives turbulences de mon cerveau
qui se fout de ne jurer que par Dieu.

J’en tremble dans mon petit caniveau,
car c’est une feuille morte qui bloque le temps, vieux,
qui s’installe, l’espace d’un instant,
dans la bulle d’air des oiseaux vomissant
leurs cris perçants dans l’air glacé.

En attendant, je regarde les oiseaux passer…

30 août 1999

mardi 16 mai 2006

LE BAISER D'UN ANGE

On sent une nette amélioration dans la qualité d'écriture du poème d'amour dans le texte qui va suivre. Encore que je ne me souvienne nullement à qui il s'adressait, j'imagine à l'idéal qui habitait jadis mon esprit. Parti dans le néant avec tout le reste. Mais il reste que je lis toujours ce poème avec un certain intérêt, surtout la première moitié où on a l'impression de se promener dans un charnier (avec le mur de feu), une ville fantôme au lendemain d'une catastrophe inimaginable où le poète trouve malgré tout l'amour... Mi-illusion, mi-réalité qui ne se distingue par rien. Un autre miroir de la folie.


Je suis sur un mur de feu et j’observe
les pâles lumières de la villes, constellation multicolore.
Sous mon regard s’ouvre un rêve qui conserve
son aspect d’origine tissé dans un fil d’or.

Je descends dans ces limbes impénétrables
et je souris en sentant les fragrances humides
des corps entassés les uns sur les autres, solution aride
pour un péché tel que la société peu honorable
qui nous a été profitable qu’au moment
où l’être humain a commencé à marcher lentement
sur ses deux membres inférieurs de singes.

Je me dirige vers nul part et pour rien.
J’aperçois alors sur une corde raide un morceau de linge,
pièce de vêtement féminin servant à couvrir les seins.
Je pense alors à la déesse qui m’est apparue
dans une lumière qui ouvrait le ciel bleu,
je l’ai vue devant moi, totalement nue.
Son corps resplendissait de ses délicatesses,
un visage d’or, ses yeux m’attirant vers eux.
Je ne pouvais que me rendre à elle,
me fondre en elle pour toujours et me sentir
flotter comme si sa présence me donnait des ailes.
Je ne pourrai jamais plus souffrir ni mourir
tant que j’ai en mon cœur son grand esprit
et son corps aux contours frôlant la perfection.
Je me perds sur sa douce chair fleurie
de roses imbibées de toutes les délectations,
j’explore ces contrées miraculeuses, magnifiques,
je m’infiltre dans ce rêve euphorique
et je m’abandonne alors à tout cela…
Je me laisse rêver à dormir en toi,
et je me perds sans peur pour devenir
une partie de cette entité que tu es,
le chant des nymphes en pâmoison, des souvenirs,
puissants dans cette belle et verte forêt.

Je revois ce mur de feu qui nous entoure
et qui bouscule le soleil partant au secours
de la Lune qui pleure toutes les larmes de son corps,
car dehors, nous devons regretter notre sort,
tandis que je suis là à contempler ta candeur
et ta beauté exquise qui me dévore avec splendeur.

Je me réveille ensuite de ce rêve merveilleux
qui me harcèle chaque nuit de la façon
d’un cours baiser sur le bout des lèvres, qui sont,
sous cette douceur, sensibles à ce cher feu.
Le rêve dépasse souvent la réalité trop réelle
et nous demeurons prisonniers de l’irréel,
comme pour nous avouer, si telle est la raison,
que rien de la vie n’a vraiment sa place définie
et que les pensées n’étouffent en rien les passions,
si fortes de te caresser encore, déesse, pour le reste de ma vie.

28 août 1999

samedi 13 mai 2006

SALE MERDE

Je ne me souviens plus vraiment des sources de ce poème, mais en le relisant, je trouve que j'étais très inspiré. :O)


Un sourire immensément imbécile,
me regardant d’un air servile,
s’ouvre sur les portes infernales
où le feu ardent tend à désintégrer
tout ce qui passe sous son souffle buccal,
nous faisant tous regretter
le jour où ce mutant est né,
dans une souffrance vénérée.

26 août 1999

jeudi 11 mai 2006

POUSSIÈRE ÉTOILÉE

# 70. C'est comme ça qu'il se nomme, en fait. Un autre texte rempli de clichés "pelletiens". Un qui demeurera anonyme et sans nom, un purgatoire. Un autre grain dans le rouage défaillant de mon être, construisant avec plus de force l'échaffaudage qui fondera les base du Moi futur. Sa forme sera plus définie dans une douzaine de poèmes, lorsque débutera avec fracas le deuxième volet. "J'ESPÈRE QUE VOUS RIGOLEREZ!!!"


Le sable chaud dans mon cœur
réchauffe les froids et minuscules
kystes purulents qui s’étaient formés
autour du feu centrale qui gère
tout l’univers présentement en guerre
avec la seule lumière de son apogée,
ces abominations incongrues qui reculent
et qui se nourrissent dans la peur.

Ces graines, cette poussière étoilée,
aperçoivent le gouffre où se terre le feu sacré
qui naguère emportait mes songes
vers des contrées à des milles du mensonge
s’évadant peu à peu dans le néant
qui montre enfin son utilité de vide.
Parce que c’est avec lui que le sang,
coulant jadis sur mon âme avide
des plus belles choses de l’éternité,
disparaîtra à jamais et sera jeté.

Et c’est là… c’est là que le sable
s’infiltrera par les vaisseaux infinis
de l’univers tout entier, dans ma vie
qui n’était que simple chimère, simple fable.

21 juillet 1999

mercredi 10 mai 2006

LA FOLIE, DOUCE EST-ELLE

Une autre craquelure dans ce crâne qui tient toujours le coup malgré les frappes puissantes d'une oppression qui se dessine peu à peu dans mes écrits. En fait, elle est là depuis le tout début, mais elle commence finalement à ressortir du hachoir à viande qui me sert de poésie. L'explosion aura lieu plus tard dans des poèmes comme "Honneur des ombres" et "Cruelle époque pour les embrochés" qui font parties des derniers textes du 3ième volet. D'ici là, un rêve de folie, qui m'accompagnera très loin et qui me permettra de construire (un peu malgré moi) cet esprit quasi athymique qui est maintenant le mien.


La douloureuse pluie frappe ma tête folle
Qui s’en va vers la nuit au milieu d’un envol
De mille millions d’oiseaux multicolores,
Un Mort sur le pignon de la maison Remords.

Il ne ment point à moi lorsqu’il chevauche au ciel
Sur ces bêtes en effroi, gorge au vent dans ce miel
Au goût exquis et froid qui me prend sur la Lune,
Dans ses bras tout pantois, manquant d’air j’en veux une.

Une fleur au parfum si doux et si tranquille
Que mon cœur, d’un emprunt, cette vie elle enfile
Pour se sauver de qui ? Soit, je ne peux savoir,
Parce que la Folie, douce elle est dans le soir.

Pour que la main dorme, sur ce livre est ouvert
Mon âme et un orme qui se pense tout vert.
Je ne peux m’empêcher de fermer mes deux yeux
Qui courent après la fée du temps qui se fait vieux.

Une éternité, là, je me sens bien perdu
Et je parle tout bas dans la voûte pendue
À mes rouges lèvres, les mots qui saignent encore
Me demandant, ivres, si mes rêves sont morts.

29 mai 1999


WE WANT YOU BIG BROTHER
LONG LIVE THE KING OF SHRIMPS!

ET SI MA MORT...

Je porte sur moi la marque indéfinie
créant celle que l’on remarque, la jalousie,
des remords confondus sur le pâle chemin,
halo nocturne indéchiffrable du destin
dans ce que j’appelle les joies de la Mort.

Souvent, j’explore ces horizons fulminants,
une lourde ébauche qui s’ébranle encore
sous vents multiples des sorts se multipliant,
et que la Lune trace pour moi dans l’infini,
l’éternelle envolée du vautour rabougri.

La Mort m’arrache de mon sommeil noir,
elle extirpe la vie de mes chaudes veines,
brûlantes du sang qui jaillit sans peine
dans la nuit blanche de brillance dérisoire,
et je regarde les oiseaux s’enfuir au loin
vers ma pensée ensorcelée par la fin
de l’histoire de l’humanité égocentrique
manquant totalement de sens critique.

Je ris, je m’écroule dans le vent puissant
qui emporte tout ce fatras rougissant,
alors qu’un jour vient après l’autre, enfin,
lorsque les chiens meurent de faim.

6 mai 1999

lundi 8 mai 2006

FROIDE CHALEUR

Première publication dans un Fanzine, celui du très respecté fondateur de Brise-Cul Records et créateur des groupes Foutredieu!!! et Wapstan, Martin Sasseville, un freak de La Baie! Le fanzine s'appelait "In The Fence Of Reality" (ITFOR). Je ne suis pas trop sûr s'il existe encore, mais Martin a continué un bout de temps sur le web. Pour ce qui est du texte, je l'ai fait en collaboration avec mon bon ami Antoine Rouleau qui a fait des illustrations magnifiques pour représenter le texte.

Le poème est une vision tordue d'une ombre, et tout se met à dérapper vers l'intérieur froid et craqué du poète (un moi de cette époque), une ombre intérieure, si on veut...


Sous la table du buffet
J’observe l’ombre en arrêt
Si froide cette tache noire
Une moiteur devant ce miroir

J’entend le tambour de ce soir
Foire pénible qui veut revoir
La demie de mon être sans avoir
Une seule seconde dans mon regard

Cela débute au bout de mes doigts
Si froids ces rayons pantois
Et remonte dans mon long bras
Doucement articulé, une queue de chat

Une sensation apocalyptique m’envahit
Et givre mon cœur qui me trahit
En soufflant sur la glace chaude
Qui court dans la porte maraude

Mon corps souffre et tressaille
Quand enfin, seule, vêtue de paille
Elle m’emporte au loin dans sa colère
Et se repaît de ma sourde misère

4 mai 1999

dimanche 7 mai 2006

SOLEIL DE PRINTEMPS

Une autre tentative de poème d'amour qui n'a abouti à rien. J'ai eu le regard sur bien des filles au cégep (et à l'université), mais celle-là, Mélanie Lebrun, j'ai même été en querelle avec un de mes amis à cause d'elle (ben, pas à cause d'elle, mais sur son sujet). Quelques belles tournures, mais je ne l'aime pas plus qu'il faut (comme la presque totalité de mes poèmes d'amour, sauf un ou deux). Il contient aussi tous les clichés de mes premiers poèmes (l'éternité, la lune, le noir, le regard (toujours très important dans mes textes), la dualité).

Une dualité, par contre, qui crie sa vie à travers toute la solitude qu'illustrent la totalité de mes textes, dualité qui finira par disparaître à la fin du troisième volet de mon oeuvre pour laisser toute la place au froid néant que doit être l'inconscient d'un androïde. Mais j'aurai amplement le temps d'en parler lorsque nous y serons rendus. Il ne faut pas brûler les étapes, chers compagnons!

Contemplation, l'inatteignable :


Soleil ! Un soleil à minuit
Brille sur mes sombres nuits
Lorsque la Lune ne peut plus
Subvenir à jadis ce qui fut.

Ces étoiles qui étincellent
Dans tes yeux. Une nacelle
Qui me porte vers des horizons lointains
Se voit mille fois, si loin, si loin.

Ton cœur, ardente source pure,
Fait battre à toute allure
Ce qui est mien, semblable au tien,
Qui est pour toi, ange ancien.

Anciens, oui, ce sont les plus magnifiques,
Ces rêves qui naguère furent tristes,
Et plus tard un puits fantastique
Où l’on brise la brise du cuistre.

Je prend un moment d’éternité
Pour te regarder sourire, amour,
Sans lequel il manque à mes jours
Qui pensent toujours à toi, ma fée.

En pensant que nos deux âmes
Se reverront sur le toit du monde,
C’est un mouvement de l’eau, onde.
Et je souris, et me pâme
Face à la beauté exquise
Qui est tienne, telle une gemme
Sous un soleil ardent, éprise
Sous ces mots qui font de l’amour un heureux thème.

26 avril 1999

samedi 6 mai 2006

IDYLLE MORTE

C’est dans quelques jours
Que nous verrons ce fabuleux royaume
Se perdre dans son arrogance majestueuse
Sur une île qui porte le nom de Jalousie

Mais avant ce temps nous devrons
Si vous pouvez aussi le comprendre
Sacrifier cette horrible mer monstrueuse
Et devenir un oiseau laid et petit

Nous pourrons à ce moment
voir le fond du puits aux songes
Près des hautes herbes qui jonchent
L’allée noire et odieuse
Qui mène vers le château maudit

Sous cette abomination
Pousseront les plus atroces fleurs
Dans les méandres du souterrain
Où l’eau sulfureuse s’infiltre dans la pureté du puits

C’est à ce moment que les gens mourront
Que les animaux se feront pendre
Et que toute cette beauté hideuse
Tombera dans la plus vraie des fourberies

Nous apprécierons alors
Ce que font les loups à minuit
Lorsque les cendres du feu terrestre
Découvriront l’affreuse vérité
Qui nous aura enfin pourris

À travers les fumées toxiques
Émergeront les véritables différences
Et ira se perdre
Dans la confusion la plus malheureuse
Le sommet de la bêtise humaine
Fini

Après les plus atroces souffrances
Sonneront les trompettes de ma venue
Pour vous prendre dans mes bras
Et chanter cette mélodieuse symphonie
Qui aspire à l’oubli

Vous regretterez
Les fleurs pourriront
Parce que vous n’aurez pas compris
Que vendre son meilleur ami
N’apporte que l’ennuyeuse solution qui s’offre à vous
La tromperie

Tout autour de vous
La mort régnera
Et je vous verrai tous suspendre votre esprit
À une attache trompeuse
faite du néant de votre âme impie

Plus rien ne subsistera
Les corps tomberont

Pas même la lumière
Ne peut se rendre à l’évidence
Trop tôt pour que la veilleuse s’endorme
Sur son séant
Dans ses rêveries

13 avril 1999

jeudi 4 mai 2006

OÙ SOMMES-NOUS ?

Ou nous pourrions dire :
« À quoi bon ? C’est vrai ! »
Je pense à ces forêts,
ces forêts qui pleurent nos dires
sans dire un mot…

Je pense à ce vent
qui souffle nos maux
en hurlant dans le vent
qui étouffe son cri…

Je pense à Dieu,
Dieu qui s’est lui-même puni
en créant l’homme odieux…

Et finalement, j’introregarde
mon âme perdue dans cela
et je cherche la route qui garde
mon espoir attendant déjà
que le soleil se lève un jour,
avant que mon sommeil éternel
s’infiltre pour toujours
dans mon esprit en éveil.

6 avril 1999

mercredi 3 mai 2006

LISEZ-MOI !!!

Big Brother vous regarde, rien ne peut l'empêcher de tout voir, vos moindre mouvements, vos moindre pensées. Ses robots se sont mêlés à vous et vous espionnent. Tous vos faits et gestes sont rigoureusement évalués selon des critères de soumission bien définis. Et d'en haut, il rit derrière sa moustache à la Richard Glen, vous manipule sans scrupule par une peur qui remonte de tréfonds de vos trippes. Il ne vous reste que deux choses à faire... obéir et sentir votre âme s'éteindre à petit feu ou mourir.

1984 dans toute sa splendeur, un 1984 tout près du regard mécréant de demain. Philip K. Dick a lui aussi écrit sa version de 1984 dans La vérité avant-dernière. Excellent roman que je viens de terminer. Une guerre nucléaire dure supposément depuis 15 ans et la presque totalité des humains sont dans des abris souterrains à être obligés de construire des robots supposés se battre pour eux contre un ennemi persistant et inexistant. Mais la vérité finit par percer le voile de l'illusion si bien ficelée et une autre guerre, celle de la colère contre les maîtres du factice, éclatera. L'illusion est encore une fois créée par la peur. La peur est le moteur du contrôle et de la guerre, mais aussi, malheureusement, celui du plus commun des mortels.

La peur est cette conscience bien définie, dans le plus creux de l'inconscient, que nous allons mourir, que nous ne sommes pas éternels et qu'il faut tout faire pour faire durer la vie le plus longtemps possible. L'éternité n'a pas à ressentir de peur, ne la connaît pas, ne la vit pas. Si l'éternité venait un jour à ressentir la peur, c'est que cette éternité finirait par prendre conscience que toute chose a une fin, même l'infini. Le concept de l'infini n'existe que parce que l'être humain n'est pas capable de penser plus loin, n'est pas capable de concevoir de penser plus loin.

Pourquoi cet intermède au milieu de mes poèmes? Je veux en quelque sorte illustrer le moteur de mon écriture, une tentative de créer l'éternel avec de la matière morte, un peu comme le docteur Frankenstein avec son "bébé". Si vous ne l'aviez pas encore remarqué (vous le verrez de plus en plus à mesure que mes poèmes s'étendront sur ce blog), tout ce qui ressemble à de l'infini dans mon écriture se retrouve transformé en néant. Une confrontation malsaine entre le mystique et le physique qui finit en une boue grise, nébuleuse, chaotique (du genre chaos originel, où le bien et le mal n'ont pas leur raison d'être, mais où règne plutôt un état du Rien). Certains appellerait cela du nihilisme, mais c'est beaucoup moins matérialiste comme théorie, que je vous soumettrai plus profondément un autre jour et je vous dirai également quel nom je lui ai donné. D'ici là, continuez à lire une poésie qui commence à maturer d'une très belle façon!

Je vous souhaite la bonne nuit, je suis crevé!!

LE FLIBUSTIER

C'est en quelque sorte le suicide de la piraterie, une réflexion sur l'évolution faite par le passé qui se fait rattraper par le futur. C'est un peu avec dérision que tout cela est pris, comme si le moment présent oubliait tout pour se tourner vers l'avant les yeux fermés. J'en ai aussi profité pour glisser quelques jeux de mots à travers, histoire de... jouer avec les mots. :O)

Tout se passe pas mal dans les paroles du flibustier. Le reste est la préparation et la conséquence de ces paroles.


Menaçant, grinchant,
un flibustier en cavale rit
et court, âgé de vingt ans,
vers un petit phare breton,
où flottent les nuages sans vie.

Il gravit rapidement l’escalier long
qui tourne, tourbillon, passions.
Le bottillon retombe en un fracas
sourd sous moult lourds pignons,
des marches descendant du toit.

Le flibustier aux abois pétrit
cinq roues du nœud papillon,
cachant son trésor d’un coulis
putréfié qui hante sa raison.

« Je suis un oiseau des eaux
et sous mon manteau, mille maux
réfléchissent la lumière de l’océan,
vers où ma pensée s’en va, fuyant
le phare où tous mes secrets
abolissent le ciel aux aguets,
cette énorme boule jaune tournant
dans mes yeux de parfait mécréant ».

Il se jette alors au gré du vent,
il rit, dit cul, le prend,
cet air parfumé des odeurs
du passé, un futur sans ardeur…

30 mars 1999

mardi 2 mai 2006

SEUL

Donc, j’ouvre ce livre,
Je lis, je suis ivre.
Je me tord sans rire
Pour ensuite m’endormir.

25 mars 1999

OURAGAN

Texte écrit en plein milieu d'un cours alors que je m'emmerdais totalement... Aussi inspiré de "2001: l'Odyssée de l'espace". Et après celui-là, il va en un vingtaine et le premier volet sera terminé. Courage! Il n'y aura pas 80 poèmes dans chaque volet!


Sur le bord d’un précipice se repose un ange qui se noie dans une mer de lumière diffuse.
Le miroitement éblouit la scène paisible qui s’étend jusqu’aux confins de l’infini
Et s’enfouit dans le plus profond des entrailles de l’être merveilleux qui sera venu ici
Pour la première et dernière fois de son existence, ce monde dont il n’abuse
Que la beauté éphémère. Dans un champ magnétique il entrevoit le Monolithe.
C’est dans cet état de demi sommeil qu’il pense aux rêves qu’il avait déjà faits,
Ces rêves qui revenaient sans cesse dans son incompréhensible tête, une lune maudite
Flottant dans une marée de roses blanches et débordant d’oubli dans cet effet
De retour au temps naguère tournant son corps idyllique dans le vide chimérique.
Une mélodie colérique qui s’applique loin du regard jusqu’ici trop psychotique.

20 mars 1999

lundi 1 mai 2006

DIEU EST MORT

Du haut de son céleste perchoir
De chair et de sang bouillant
Un être magique regarde au loin
Arriver sa funeste escorte

Il s’enorgueillit de ce trésor mille fois convoité
Qui vient à sa rencontre
Juste pour lui
Pour lui qui devine tout
Qui voit tout et qui demeure l’un des plus grands mystères
Que l’univers n’aie pu connaître jusqu’alors

À ce moment même
Milles morts se maudissent
Ma main moite mime un mouvement morne
Mi homme
Mi momie
Humant mots et maux.
Je meurs pour mourir
Mais non pour moi

Rageant, l’être éthéré se retourne et rougit
alors que sa tête tourne et vomit des mots
d’une force brisant le mur de la colère des idiots.
Sachant venir à bout du pourrissant corps noirci,
il tente désespérément de se débarrasser de moi.
Je suis l’âme qui le persécute et le défie,
je suis son ombre obscurcissant son poids,
son énorme influence ridicule et ignoble,
je suis le marteau fracasseur qui le maudit,
je suis le brave qui l’ausculte d’un œil noble
et je suis finalement la faux qui s’abat
sur son infinie pensée le jour du Sabbat.

Dieu est battu et banni de l’univers matériel.
Il s’est aperçu que depuis le tout début,
son intervention n’était qu’une folie irréelle
et il se retrouve seul, et complètement perdu.

17 mars 1999