dimanche 25 février 2007

OMBRE ASTRALE

Nous y voilà enfin (ou à regrets)! C'est le dernier poème qui traînait la patte! À partir de maintenant, les entrées seront beaucoup plus espacées, puisque je mettrai mes poèmes au fur et à mesure que je les écrirai.
Peut-être aussi vais-je laisser ce blogue dormir un peu. Je ne sais pas encore. Toujours est-il que vous avez presque l'intégral de ma poésie sur ce blogue. Ne manque que le "Dernier Soupir", dont j'ai parlé à maintes reprises, mais qui ne peut être mis ici, puisque c'est un texte assez particulier d'une soixantaine de pages, que c'est la deuxième partie d'une série de trois qui n'est pas terminée et que je veux le publier ailleurs un jour.
Mais je vous laisser cette petite boule d'improvisation écrite en partie sur le tableau vert des chiottes d'un bar...


ombre astrale
dos mûr pour hier
science imagée

demain
tous les regards se tourneront vers un éclair de folie
appât à taupes sur un lit de
miel digéré

Commencé le 4 février 2007, terminé le 25 février 2007

CACOPHONIE DU CUBICULE

Écrit après une soirée dans un bar à ne pas entendre qui que ce soit et à ne pas pouvoir me faire entendre par qui que ce soit. Vous êtes-vous déjà posé la question pourquoi aller dans un bar? La plupart de ces établissements à Montréal sont d'un ordinaire morne, donc on n'y va sûrement pas pour la déco. La musique est tellement forte qu'il est impossible de parler sans crier (ce que je suis incapable de faire), donc on n'y va sûrement pas pour socialiser. La bière coûte 2 à 3 fois plus cher que dans les épiceries. Enfin, la liste peut continuer encore un peu...
J'en suis venu à la conclusion que les bars sont des terrains de chasse construits par on ne sait qui, comme une espèce d'enclos (de cubicule) où on entasse les gens en les étourdissant avec de la musique forte à basse fréquence et où on leur implante des puces pour les transformer en robots tueurs.
Si seulement ce n'était que ça... Nous nous saoûlons de bruits pour ne plus nous entendre nous-mêmes, jusqu'à ce que tout nous soit passer devant les yeux sans qu'on parvienne à voir quoi que ce soit. Trop tard. À la fin de la nuit, il ne restera plus rien et on aura passé la nuit à ne rien faire.
Poème urbain teinté d'une nostalgie floue, comme vue après avoir bu 30 bières, des grands espaces ensoleillés.


J'entends plus loin les cris des mouettes
imitation des gorges molles
dans la cacophonie du cubicule

un million d'abeilles volant en même temps
sur un rythme lent et engourdi
volage singularité aux rides d'un sourire passé tout droit
à l'intérieur
le silence total
arrêté sur une tente de bronze
sous un soleil sosie de la nuit sans lune
je me pose enfin la question

situer le doute derrière les yeux d'un mourant
suffit-il pour ne plus entendre
la peur?
si la pluie jette ses gants au visage de la terre
qui pourra donc dormir sous les troncs secs?

les réponses s'enlisent derrière un mur de sons
on n'a qu'à sortir du trou pour respirer
mais là demeure le songe d'être seul sur
une pelouse souillée de tambours battants

Je regarde les trains passer sous moi
et je m'endors en mimant la forme souple d'un
ouragan
bêtement abreuvé du silence irritant
de cette fleur aux pâles reflets
une ville blanche aux murs livides
liquéfiée dans un vase grec
et bue dans les coupes sacrées du peuple Érélien

le souvenir du gris chancelle
et se brise contre la brise nouvelle

on attend toujours le début
sans se rendre compte que c'est déjà la fin

11 décembre 2006

mercredi 21 février 2007

LE LABYRINTHE AU CŒUR DES MARÉES SYPHONNÉES

C'est ici que tout recommence. C'est ici que l'on voit l'Ombre pour la dernière fois. C'est ici qu'un regard s'est enfin ouvert sur une vie de fakir impotent. Ce qui fut, n'est plus. Ce qui est, doit être. Ce qui sera, sera lumineux.
On ajoute à nouveau un deuxième élément au texte. La somme en question, à la fin du poème, c'est Julie, voguant maintenant côte à côte avec moi, nous tenant l'un et l'autre, sur une mer encore énormément agitée. Mais la fissure pointe à la surface. Plus besoin de cuillère de plastique, je peux voir de l'autre côté du mur. Un mur tombé et liquéfié qui a finalement pris ma propre apparence. "Tout devient le changement". Je suis ce que j'ai voulu être, je suis ce que le monde m'a appris, je suis ton propre reflet, je suis une idée, je suis le rêve, je suis tout et tout est moi. Par la simple pensée, la réalité se tord et se métamorphose, le monde existe parce qu'il existe dans ma tête.
Vous pouvez vous approprier cela aussi. Nous, gigantesque argile prête à modeler les mains du sculpteur. Qui s'en rend compte, se rencontre et peut finalement vivre. Route ardue, semée d'ambuches perverses et démobilisantes, mais...


il faut nager rigoureusement dans cette mer
des bras en moins qui ne sont pas de trop
on boit la tasse de cette eau amère
sans pour autant en percevoir les défauts

ci-gît l'Ombre
aberration d'une pensée retardée par les flots
au centre de ce qui fut une chair pleine de virulence

des lézards de plomb s'agitent
sous le soleil d'écailles émeraude
noirceur dans la pudeur aquatique
et de la plaie se forment des songes boueux qui perdurent
ils se languissent de la lumière
d’un réverbère humide passant par-là

démenti
démantibulé
démente
des menteurs s’excluent du lot de la charge
et huit années de solitude demeurent
inchangées

tout
devient
le changement
quand sur ce mur las millénaire
vêtue de larmes grises et regorgeant des visions décadentes
l’oubli ne veut pas se faire entendre au fond des choses, il se laisse flotter, danger imminent sur le point d’exploser, et n’a d’yeux que pour une bouche, le contour d’un menton, l’éclat d’une dent, le tout fermé au
public

un spectacle terminé qui n’a jamais débuté

et nous sommes perdus dans une aile du dédale
cherchant à retrouver ces mains blanches
celles qui rêve de ton visage dans le soir
mais qui n’ont que plastique floue à caresser

perdus
cherchant à sortir par tous les moyens
mais irrémédiablement attirés vers le centre
là où
dans son propre reflet
l’Ombre s’écrase constamment

les deux sommes sillonnent
la marée les emporte

9 novembre 2006

lundi 19 février 2007

MÉMOIRES ROUGES

La paralysie des mots dans la bouche d'un poète. Quoi de plus pathétique? Une paralysie qui provoque des pertes énormes à une mémoire fébrile et vascillante. L'oubli est un thème récurrent dans ma poésie. Dès le tout début (avec le poème "Oublié") je me penche sur le problème de la mémoire et de la façon qu'ont les êtres humains à évoluer selon qu'ils ont oublié ou non leur passé. Beaucoup de gens oublient. C'est à ce moment qu'ils perdent le contrôle de leur vie. C'est à ce moment que l'autodestruction commence. Ces gens se tapent (on peut le prendre au sens figuré) sur la gueule pour des broutilles. Et des feux s'allument. Et on n'a pas le temps de tourner la tête que la Cité est en proie aux flammes. Invasions barbares ou guerre civile?

Mais ce n'est pas le but de ce poème. Prenons-le dans un sens plus personnel. Une autre tentative de percer le mur avec cette petite cuillère de plastique déjà fendillée.

Les mémoires rouges, ce sont les mémoires mortes, les corps morts dont je parlais et qui tombent avec fracas, se répandant sur cette belle herbe verte. Un lien se tisse entre tout. Un filet à mailles serrées, la toile d'une araignée sur le crack. On veut garder le tout à l'intérieur, alors que tout porte à croire que la porte n'est pas barrée...



on tente de monter la falaise
encore une fois
mais le gel du blanc et du noir m'arrête
en une lecture contemplative et éblouie
des passages se creusent dans les méandres
des bulles de mémoire sortent de mon crâne
évolution lente traversant le ciel nocturne

elles tentent elles aussi de s'élever au-delà du mur
dans la torpeur des hauteurs
trop haut dans le froid
dépression sillonneuse à travers vent et nuages

l'esprit n'est plus dans l'oubli
la mémoire atteint le sol et s'écrase
dans un flot d'herbe nappée du rouge
de sa vie

10 octobre 2006

dimanche 18 février 2007

LE MOINE, DEUXIÈME CHANT

Je ne sais pas si vous vous souvenez de mon poème "Le Moine"? C'est un peu la suite du "songe noir des glaciers aux mille mollusques". C'est aussi la découverte d'une âme à la chaleur réconfortante devant laquelle on reste là, bouche béante. Écrit la deuxième journée du Big Bang, c'est beaucoup pour le début d'une Création.
Le Moine est cet être momifié qui a déjà fait son apparition dans "Demain" et qui devra en faire d'autres dans de futurs écrits. Mon idée de la spiritualité religieuse : trop vieille et bonne pour s'effriter en poussière. Rien de plus, rien de moins. Tel est son destin. Il est le reflet de l'hubris qui tente de monter sans cesse sans regarder autour, trop souvent au nom d'une religion plus ou moins fiable. Une roche lancée dans les airs et qui retombera avec fracas, emportant tout sur son passage. C'est exactement ce que j'observe sur cette petite boule pourrissante qu'est notre petite Terre. Des tueries, des psychopathes construits par la peur, des peuples frères qui se poignardent dans le dos. Et tout le monde s'en fout (généralisons un peu, ça fait toujours du bien!).
Aussi un poème sur le poids des souvenirs. Autant peuvent-ils nous enfoncer que nous élever. En fait, seuls les corps morts de la mémoire sont là pour nous emmerder, des résidus gris et mous, persque transparents, qui viennent s'incorporer au Moi actuel pour prendre plus de substance et ronger, comme un ver blanc, l'intérieur de l'esprit. On tente de s'en débarrasser, mais plus le temps avance, plus ils s'accrochent éperduement et nous chassent de nous-mêmes, d'où ce que je suis devenu au fil des années en tentant de fuir tout ça. J'ai finis pas me déconnecter de moi-même pour ne plus rien ressentir. Ça a marché un temps, mais maintenant que je veux "réintégrer" ma carcasse, une espèce de mur me bloque le passage et il me faut le traverser avec l'aide d'une seule cuillère de plastique... C'est quand même un beau défi : percer l'immatériel avec le matériel. On verra ce que ça donne!


une montée sordide sur un roc sans bout
dégénérescence des tissus chaleureux
par ce froid qui vient du crâne

second temps des mémoires
le lourd passé des âmes sensibles
accentue le joug de la viande morte
trimballée ci et là au gré du vent rocailleux

la somme des idées abouties demeure inconnue
car la pensée n'aime pas les idées arrêtées
on n'a cure que des élans du pied
sur la chair momifiée d'un chaste désirant la vie
sourire
et rester là
bouche béante face à la
beauté

il ne sert plus à rien de monter
l'érosion s'occupe du reste

le froid demeure
cependant

8 octobre 2006

vendredi 16 février 2007

LARME EN LAME

Finalement, il restait celui-ci. On sent encore une atmosphère de guerre flotter dans un esprit survolté et en fuite. Des larmes qui font mal, qui tranchent la peau tout en coulant sur le visage, provoquant le flou sur ma vie, sur ce que je fais dans ce monde, sur la réalité ambigue de la création, sur les pensées de l'humanité. Je ne connais plus le monde et en dehors d'une boîte cachée derrière un rideau teinté de sang, le vent souffle sa présence. Des notes de piano résonnent dans le vide et je suis fou.
Comment entendre lorsque le cerveau ne répond plus de rien? On n'entend pas, on ne parle pas, seul le silence reste, un effacement toujours plus trouble alors que je m'avance dans la lumière qui m'aveugle.
Deux jours plus tard, je reçois un courriel qui provoquera des tremblements intérieurs hors de proportions. Julie Charbonneau entre dans ma vie telle une météorite brûlant d'un feu ardent et fera déborder la rivière brisée.


des retranchements incongrus s'insurgent au pas
d'un cerveau sur 220
éclairci du froid et des tentes déchiquetées

on s'imagine mal les causes
seul le silence reste
oublié par les jours qui vaguent à leurs
troubles

un flou rarissime filtré par des yeux ouverts sur tout

ce qui manque aux chants
que du vent
et des scies en formes de flocons neigeux
embrouillés par une larme en lame de laiton

5 octobre 2006

L’ENFANT OUTRÈRE

Dernier poème de ma période "néant profond". La naissance de l'enfant de l'ère humaine, résultat de toutes les peurs, paranoïas, angoisses, guerres, où les chiens se baignent dans des marres de sang. C'est dans le coeur que réside le néant, c'est dans le coeur que naît cet enfant mutant qui n'a aucune chance dans ce monde de fous. Poème visionnaire: il ne nous (les humains) reste plus beaucoup de temps sur cette terre, mais en général, on s'en fout et le feu consumme nos restes avant même la création.
C'est aussi la sortie de mon esprit qui nageait encore dans une mer d'amour impossible pour une autre épine attachée au Fil du labyrinthe. Le Minotaure reste seul, personne ne le comprend. Mais comme je l'ai dit, c'est le dernier texte de ma période d'édification néantifiée, les autres seront le résultat démesuré de cette tour vide que j'ai construite autour de mon esprit. Un miroir de ce que je suis devenu, montré à un ange au sourire qui a la force du soleil.


des ronces aux pores d’un cœur saignant
tentent désespérément d’échapper
au néant

le sommeil perce la coque déjà fébrile
et l’inconscient invente l’univers
fulgurance de bombe atomique
dans le sourire d’un sexe
sournoisement altéré par la peur
rictus embaumeur sur les plages bondées
de cadavres de rêves suicidés
où des éléphants écrasent la source
inconscients du temps redémarré

dans l’eau rouge
argent facile pour un kamikaze
des chiens s’y baignent et boivent
laissant des ombres toisonnées
sur une surface immobile
le marbre d’une année gâchée prestement
à oublier les mots qui dorment
sur la joue délicate d’une déesse
ces mots prêts à être embrassés
et avalés sans plus tarder

mais le sage finit par oublier de vivre

c’est que depuis peu
la vie a fini par l’oublier
lui aussi

étrangers dans le jour
des flammes bleues sur une nappe rouge
n’est plus que carbone en combustion
dans plus de carbone
mer noire envolée dans un vent froid
la peur envieuse achève de tuer
son entourage inconsistant
et palpite du trou béant
l’enfant de l’autre ère
mutant de feu austère
chassé par le train d’un passé obèse
et emporté à travers des ruines fleuries

voyez
contemplez la couleur du visage fugueur
incorporez dans votre esprit néantifié
l’image d’un corps sur lequel a roulé
trois millions d’années

le mimétisme est vain
l’ampleur des dégâts s’annonce futile

c’est un enfant mort-né

20 juin 2006

jeudi 15 février 2007

EN TORPEUR SUR UN OEIL

2006! Enfin! Moins d'une dizaine de texte et nous aurons terminé cette grande course qui aura durée 7 ou 8 ans. Le poème qui suit est une sorte de blague de mauvais goût sur l'amour et la solitude...


démente
la poussière sur l’œil du fleuve ébauché
on aimerait situer les corps
dans un million de cœurs
vomis par un temps mimétique

un éclair dans la figure
une génération déflorée par le manque
deux silhouettes ne se touchent jamais
et finissent mortes sur le sable
avalées
pétrifiées

enterrés dans une fange mystique
des organes subsistent
se rattachent dans le noir liquide
nébuleuse de chair rocailleuse
sculptée dans la voiture de Dali
lui-même dévoré par une fourmi végétarienne

le docteur Frankenstein s’en lave les mains
il ne peut que rire sa vie au son du vide de son âme

il est impossible
maintenant
d’arrêter le torrent boueux
limpide ragoût d’idées
subitement
enlevées d’une tranche de cervelle
morte
si belle
seule
l’angoisse persiste tout au fond
devoir creuser plus loin
les mains sales
ensanglantées
rongées par les dents-terre
une hécatombe languissante
chute vers le ciel assombri de pleurs
tout repose sur l’angoisse de vivre

l’immobilité tremble
alors que l’œil embrumé s’ouvre sur le vers
comment savoir les torts abjects
qui sillonnent les tempêtes
jusqu’à l’arrivée d’hybrides gonflés
pleins à craquer de déjections inconscientes

on oublie le rêve quand il pleut

la pluralité n’a de cesse
que dans le singulier
l’unique dans un lit de mort
fixant un plafond décomposé
où une population troglodyte bâtit
le malheur
à même la faim
où l’abstinence pue la merde

C’est que la fange solidifiée qu’est devenue le Corps Nouveau n’a plus rien à voir avec l’Homme. Nous sommes ici, dans les chimères emmêlées d’un univers à la dérive, perdu au milieu d’un espace froid et contraignant… l’intérieur d’un cerveau n’a rien à envier aux morts. D’une façon ou d’une autre, le tout ne devient plus que l’Unique, forme d’amalgame inconsistant de conscience pure au creux d’une goutte de sang. La fiction temporelle aveugle. Celle qui gère les planètes, les étoiles, la vie;
un Sumérien tranche la tête de son esclave
le pape aboie au clair de lune
cinq mendiants avalent de l’arsenic
un dieu vient de naître sur Titan

et je finis par fermer les yeux sur tout
pour m’enfermer dans l’oubli
et l’angoisse de la mort
une humidité m’aspire en son ventre
et le sommeil disparaît définitivement

j’ai vu la Fabrique de la Folie
aux confins d’elle
de lui
de toi
partout où j’échappe mon œil
ils le mangent sans retenue

pour nettoyer les murs souillés
le mort doit se lever
et frotter dur
personne ne le fera à sa place
si ce n’est le silence du caveau

21 mars 2006

mercredi 14 février 2007

ANAPOCALYPSE

Je vais vous citer un passage de mon journal personnel du 30 novembre 2005 pour mieux vous illustrer pourquoi j'ai écrit ce poème. Époque où mon coeur à la dérive s'accrochait encore à une bouée faite de plomb et où je n'avais pas encore tout à fait compris le sens de mes mots. Mes deux hémisphères cérébraux ne sont pas toujours en parfait accord...:
"Comment faire pour se débarrasser d'une obsession qui nous hante incessamment, une de celles qui perdurent et que je ne peux pas éradiquer? Je n'ai pas passé une bonne soirée parce que la personne qui me tient le plus à coeur n'évolue pas d'un iota... Comment peut-on rester si puéril, si superficiel, alors que nos goûts musicaux évoluent, que nous côtoyons des gens intelligents et même cultivés, mais qu'on reste au même stade primaire, un marais de rien, une immense flaque de vide qui ne remue même pas sous les courants d'air...?
Je désire, mais inutilement, ce désir pointe vers le néant, un trou noir si magnifique que je ne veux que m'y perdre. Infantilisation, c'est comme ça que j'appelle ça. Rien d'autre qu'un retour vers un creux de vie qui ne mena nulle part. je devrais dire à cette charmante Jocelyne que nous n'avons plus rien à nous dire, qu'il est inutile de reprendre contact. Quelque chose me retient, comme si, en faisant cela, j'allais passer à côté de quelque chose d'important.
Mais tel n'est pas le cas puisque rien ne vit dans ce sens de son côté. Je, uniquement. C'est ce que j'apelle "Anapocalypse". Une Apocalypse est un événement majeur, un bouleversement, une évolution dans la vie d'un peuple ou d'une personne. L'Apocalypse chrétienne remue ciel et terre, vivants et morts. C'est la finalité de tout, l'atteinte d'une perfection imaginée depuis des millénaires, le retour au Paradis Perdu. De nos jours, Apocalypse signifie destruction, extinction, mort, désastre, bref, la peur, la crainte, une angoisse injustifiée qui bloque le processus d'évolution.
"L'Anapocalypse", dans le terme antithétique où je l'entends, se résume en une stagnation de l'être, une anti-évolution, étape-même du temps où nous vivons et dans lequel j'évolue malgré tout, m'y trempant un peu plus chaque jour."
Oubli de conscience indécis, comme je l'écrivais jadis à mes débuts (voir poème du même nom). C'est le poème que vous lirez ici qui m'a poussé à ouvrir ce blog et à m'ouvrir au monde.


démangeaison au creux du nerf optique
aucun moyen de s’y rendre
un doigt profondément enfoui
dans l’orifice anal
la loque fébrile ébranle le monde

sigüe dans le jabot de survie
une évolution est avortée dans la pensée même du créateur
vomissure sur un mur de murmures
l’hécatombe déboule dans le chantier
de la maladie

aucun désir
que le mal qui rôde furtivement
dans un dédale d’idiotie

cadavres putréfiés dévorés par des hommes en mal d’amour
flaques de pus avalées au fond d’une idée de bêtise
je penche pour rester à la maison

les Cavaliers préfèrent se saoûler chez Carmen
les Léviathans se noient dans leur propre sperm
réplique de débile profond dans la bouche des prophètes

élégance doublée de pétulance
c’est une régression atrophiée qui prévaut
trop de manque à gagner
tomber n’est plus abordable
ne demeure que le Stagnat
un océan vidé de vie
appliqué sur le nombril de Dieu
(divinité quelconque à remplir ici)
n’a que faire des parcelles odorantes
d’une ingéniosité démesurée

le Sinistre abat ses cartes sur des crânes stériles
c’est l’ablation du clitoris cérébral
qui vient annihiler le peu qui restait
des pleurs sortis d’yeux trop grands pour plaire à l’Ancien-Nord

on finit
je m’incluse dans l’addition puérile
dans les confins de cette Apocalypse
euthanasiée
les chairs en lambeaux saignants
les os cassés sur des murs d’air
et tous finissent leur vie chez un boucher pour en finir avec leurs maux de dents
même en l’absence de celles-ci
c’est l’oubli du noir
un oubli de mort

morts
nous le sommes déjà
on ne nous a simplement pas encore enterrés

30 novembre 2005

mardi 13 février 2007

EN ANEXIE

Une autre inspiration de William S. Burroughs. Anexie est le pays du "Festin Nu", là où se fuient les exilés poursuivis par l'Interzone, une organisation mondiale extirpant un fluide spermique pris d'une créature écailleuse (dont le nom m'échappe à cet instant) pour le vendre sur le marché comme drogue contrôlante et pour leur permettre de caché la vraie nature d'un monde tordu où les culs prennent le contrôle de leurs possesseurs.
Le Festin Nu. J'énonce beaucoup ce titre dans mes intros de poèmes, mais je n'en parle jamais beaucoup. C'est un film et un livre qui m'ont énormément marqué et influencé dans ma vie et dans mon art. Ce qui m'est resté le plus de toute cette Oeuvre, c'est la phrase "Il faut exterminer toute pensée rationnelle" (je vous l'avais déjà dit, je pense...). Peter Weller dit ça au début du film, dans un resto à la à ses deux amis (qui jouent le rôle de Jack Kerouac et... Cassidy(?), si je me souviens bien) en fumant une clope, totalement vedge et amorphe. C'est à ce moment que tout commence à dérailler.
Et pour moi aussi. Avec l'aide de Burroughs et des Residents, je me suis permis de détruire les conventions fébriles de la réalité. Des textes qui vargent, des mots incompréhensibles, des mondes où le rêve est plus vrai que la réalité. Un cerveau, un être, une oubliette de souvenirs incohérents qui ne demandent qu'à se définir...


Tonight on a roof full of stripes
Obliveon crawls at the feet of a medusa
Sickly saddened by a mouth full of jaw

Since the end of a day
From silmultaneous gargles
Someone seeks an open eye

Blue then
True to the haunt of a mildhouse
Thousands of stares dare to mimic
A drop of solid argentilla over glass

And they stroke some idiom of time
Looking through the mind of genius
For the sacrifice of kissed lips
Flow under the eye of earth



Tant de souvenirs glacés dans une minute de temps.
Tant de pensées envolées sous les airs du vent…

Je suis une euphorie qui regarda un jour la lune et se parla à lui-même en ruminant diverses pensées telles que l'exil au creux du néant et la métaphore d'une amitié désengagée. Si le limon des plaines drues pouvait finalement exhumer les songes d'un mois biaisé, qu'il n'en plaise aux fourbes détours de venir s'enchâsser dans les fissures de l'Arbre qui alimenta la moisson de la Goraan'biopè…

Et ainsi parla le mitigé au regard de glace en une foule désabusée de se retrouvée mijotée sur les feux d'un four crématoire.

13 août 2005

DEMAIN

Le portrait d'une scène d'après-guerre : les corps jonchent le sol, déjà momifiés par l'effet de la Bombe, un décor macabre, vision de demain où les hommes ne comprennent toujours pas et continuent de se reproduire dans leurs diformités monstrueuses. La nourriture n'est plus bonne, ne reste qu'une sécheresse dévorante.
Il semble que tout ne soit que le résultat d'un conflit entre Dieu et Dieu : un moine mort continue de lancer ses belles paroles qui partent en fumée, englobant la totalité du non-sens de la scène.
Donc, vision d'un futur rapproché, vision d'un intérieur carbonisé où il ne reste que des os trop radioactifs pour même les ronger.
La guerre contre l'intelligence continue... on ne sait pas encore qui l'emportera, mais les brutes ont toujours une longueur d'avance sur nous... Question fondamentale : la violence fait-elle évoluer?


demain
l’ivoire sur ses quatre sabots
verra aboyer un gueux ivrogne
et sous une table emplie de vomissures
un moine momifié enverra sur sa toge vague
sept mots d’arrangement éthique

fumée ciblée d’un œil chauve
l’orge démente s’insinue dans une torpeur morte
subissant l’étreinte
deux ogres s’enlacent

6 mai 2005

dimanche 11 février 2007

ORBITE STATIONNAIRE DÉFECTUEUSE

C'est ce poème-ci qui fut donner à une personne qui se nomme Annie. Un début un peu nébuleux, qui fait aussi référence à un vieux poème (Morbide Ascension) avec les yeux en orbite autour de mon crâne. Malheureusement, je lui avais bel et bien laissé mon coeur, chose que je ne fais plus aujourd'hui parce que ça empêche de vivre. Je ne veux pas raconter l'histoire de notre rencontre, ni comment s'est passé notre relation, ni comment ça s'est terminé (surtout pas). Juste de dire que c'est le seul poème que je lui ai écrit reflète très bien la suite des événements...


pour nulle part je m’étais embarqué
sur le sillon d’un souffle de vent
je m’éteignais au rythme des jours embaumés
me vidant peu à peu de tout mon sang

il s’envolait
rouge sur fond de gris
création folle d’un imaginaire tari
des gouttes de paroles silencieuses
qui comme le chantait Bashung
sont des mots bleus qu’on dit avec les yeux
encore un fois en orbite autour de ce crâne
vieillissant

les rafales cessent d’elles-mêmes
après des siècles d’endurcissement futile
et mon corps retombe en une feuille morte
recueillie par une paume chaleureuse
et des yeux de mer ardente et pure

d’un pied léger
bond après bond
quelques détours nous mènent sur une terre ferme
un banc de boucs déterre la soie d’un lit d’âmes passées
et elle m’y laisse pour accomplir l’épanouissement
de mon être
tout en sachant qu’elle garde près d’elle
mon cœur que je lui ai laissée

située devant moi
Elle
Dame des éléments chaotiques assortis en sons
grains ambivalents que sèment les élans osseux
obéissant à la douce mélodie entamée depuis des millénaires
point d’oubli
que nous deux marchant d’un seul pas la distance de
l’univers

15 février 2005

vendredi 9 février 2007

LA FAIBLESSE DE L’HOMME TUBULAIRE

au détour d’une étroite bouche
nul n’est à l’abri du chaos signifiant
quand l’or abrégé s’époumone sous un lit fermé
pilasses d’ombres avalées par le froid

s’imbrique donc dans la vertu du temps
un défaut d’importance divine
cassure élémentaire au sourcil d’un nuage arrogant
on en écrit un poème pour l’oublier
la mémoire est pourtant fidèle à la
défectuosité
et les yeux du géant solitaire
déboulent la plaine sèche et montagneuse
comme le voudrait une partie du noyau éphémère
habitant toutes les croupes nues
qui hantent un cerveau aux araignées mortes

si peu
qu’un baiser dans le langage du vide
jusqu’alors limité par la pensée de l’homme humain
des miettes laissées au Charognard vitrifié
celui qui se débat dans les filets d’un pensée avortée
de l’amour égorgé dans le ventre de l’Égo-Primaire

dans ses enjambées monumentales
la saigneuse hurle au vent des mots hérétiques
« ich bin der Zorn Gottess! »
comme pour briser pour un temps la folie d’être une vie

reste là
brûlé dans une neige rouge
que le cœur écrasé
vidé
de l’idée qui fait du soleil une torche éteinte
pour les yeux morts
et je m’assois tranquillement
en sentant sous ma nuque
la chaleur de la chair agonisante
à l’aube d’un éveil décomposé dans la parade

18 janvier 2005

mercredi 7 février 2007

CINQUIÈME VOLET: 2005-2006 - UN NOUVEAU DÉPART

On se rapproche de plus en plus d'aujourd'hui et je me rencontre (rends compte) que le dernier poème que j'ai mis n'a en fait aucun rapport avec Annie, mais bien, encore une fois, avec Jocelyne. 2004 était l'année Jocelyne. Mis à part ça, le reste du commentaire est correct.

2004. Une année de nouveau départ pour moi, qui aurait pu me faire écrire à foison, mais qui n'en fut rien, finalement. Le mois d'août est le dernier mois à m'avoir vu écrire dans cette année. Le reste de l'année a été un retour à l'état de robot, perdu dans la fatigue d'un travail encore nouveau, mais que je maîtrise de plus en plus.

Le prochain volet n'a pas de nom. C'est le volet 2005-2006, tout simplement. Douze bombes de mots à vous envoyer. Je compte le faire rapidement, comme ça, on pourra commencer à neuf plus rapidement avec mon nouveau stock!

mardi 6 février 2007

DEUX ENFANTS SUR LE DOS DES DIEUX

Le dernier poème de ce quatrième volet termine le tout dans une apogée de création et d'amour. C'est la rencontre d'Annie, avec qui une relation éphémère a durée quelques mois et s'est terminée de la pire des façons. Une histoire à oublier, une histoire qui ne rime à rien, une histoire qui a provoqué la craquelure d'un trou déjà présent depuis bien longtemps, dans ce petit lobe frontal gauche qu'est le mien.
Mais ce poème n'est que le commencement de la fin. Tout n'est pas perdu. L'espoir, toujours l'espoir d'autre chose que la Vraie Vie. De la poudre aux yeux, je suis aveugle, et je mange le sable dans mes souliers en pensant que c'est le meilleur des vins.
"Et mon désir s'enfuit au moment de la peur..." Comme de deviner peu à peu les pensées d'un esprit poupon, j'excave le mien pour y retrouver la perte de mon identité. On se façonne comme on peut quand les bases sont pourries.


de mémoire arrangée
plus que l’ombre d’un eucalyptus au-dessus d’une ville de papier mâché

deux enfants jouent aux créateurs
et ne pensent pas à l’acte de décider le mieux
l’un s’agenouille et plonge au milieu des murs
pâteux
s’engouffrant au plus profond de ce blanc déteint

la rapace se meurt et ne reste qu’une
surface lisse qui miroite au firmament
les lueurs de la passion qui s’enflamme

monté sur cette lumière
l’enfant devine le contour de deux corps galaxiens
naissant du centre de Soleil

ces corps brûlent et se métamorphosent au froid de l’espace
en deux êtres de chair et de sang
ils se posent tous trois sur l’île Bleue
au milieu de l’océan d’Irmidon où poussent n’importe comment les roches
et le sable se cognant sur les vagues chaudes
un bras se lève du trio
le plus grand des trois
et tout devient soudain de la teinte qui embaume les cœurs
à l’aube des pas menant vers l’union des êtres

l’enfant disparaît peu à peu
il se fond dans la chair de ceux qui naquirent dans la lumière
les deux premières heures d’un monde nouveau
voient le jour avec le sentiment de la création
alors que les deux êtres inséparables dans leur amour portent leur ombre
au-dessus d’une cité végétale et vivante
jouant aux créateurs et s’arrêtant pour penser
avant que ne s’écroule leur art
au bonheur de leur naissance
dans les feux d’une entité aimante et chaleureuse

4 août 2004

MUTISME

Dans une longue lignée de répressions intérieures et d'abattement des mots, j'ose croire, en 2004, que tout va se terminer d'un seul coup. À Montréal, habitant la chambre d'amis de ma soeur Chantale et nouvellement temps plein chez Archambault comme libraire, j'écris ces mots d'écoeurement. Ils réflètent non seulement mon abattement, mais aussi celui de tout un peuple de mauviettes qui laissent leurs vies entre les mains de clowns qui ne savent même pas ce qu'ils font.
Me voici devant l'esprit québécois, sorte d'ombre à peine visible, dont le regard demeure plein, mais inactif:


ombre de voie sous la langue
la minutie du son s’estompe
et défie le verbe d’en sortir vivant

on oblige un révolutionnaire
à se trancher la gorge pour sa
survie
et depuis 1837
la voix meurt au bord des lèvres
coupée au hachoir rouillé
ses lambeaux dégringolent un visage moribond
vide d’une expression de compréhension

moi ? je reste assis sans rien dire
mais les mots tranchés qui survient à la pression
viennent s’épanouir au chaud d’une plume
se répandant hors du temps réceptif
et pouvant se crier dans toutes les bouches

il est terminé ce temps de la morte parole
quand les enfants parlaient par la bouche de leurs parents
et les hommes silencieux s’arrachaient les couilles
pour ne pas peiner le monde entier

un décapage inutile et avorté
où le génie coupe les doigts du tortionnaire

22 juin 2004

dimanche 4 février 2007

MURMURES D’AMPOULES

La fin du mythe du vieux sage. Le Voyageur est encore une fois un Moi autre, mais en même temps tout à fait ce que je suis, explorateur des angles morts, portant une lumière sur ce qui ne semble pas Être. Le temps a son importance, toujours, il ne quitte jamais les arrières pensées. Au lieu de vouloir la façade, certains préfèrent simplement être là, à regarder d'un oeil scrutateur l'évolution de la pensée du monde. On finit par allumer le phare aux mille yeux quand la pénombre arrive, sur le pas d'une porte ouverte....


nuitamment sur le seuil d’une demeure rurale
habillé de lambeaux dégarnis
le Voyageur observe l’horloge au fond de la pièce
sans voir que le maître de séant est mort
replié sur lui-même sur la table de la cuisine

au plafond est allumée une lampe d’une lueur vespérale
halo sale sur des murs craqués et jaunis
le Voyageur recherche dans ses poches une pièce
pour payer un redresseur d’amphores
qui mendie aux portes d’une vieille usine

en qualité de ce qui est au creux du mal
un œil blanc repose dans un nid
rempli d’ampoules cassées aux mains qui acquiescent
on a le goût de déguster le corps
que l’on posera au fond d’une chaude bassine

le murmure aigu d’un aigle de barbarie vocale
séduit les membres chauves et sans vie
qui arpentent le degré d’une pente où la nièce
suivant les pas du Voyageur sans remords
laisse derrière l’ancienne auberge assassine

dans la lumière crue de l’aube automnale
c’est la couleur du feu qui ennuie
et demain viendra l’épuisement de la vieillesse
pendant que chacun rêvera de devenir un décor
où les rigoles vermeilles pendent salines

21 mai 2004

samedi 3 février 2007

VASES DE CHAIR

Je n'ai qu'une petite idée de ce qu'est réellement ce texte. Sorte de version plus intimiste de "Dérivation des continents", appel au mouvement, car, même si les choses tombent et se cassent, rien n'est négatif dans le mouvement. La stase est mortifiante et un regard d'ailleurs est nécessaire. Toujours vers l'Autre, toujours vers l'inconnu, cet empire nouveau qui apporte une certaine forme de peur, mais aussi l'idée d'une autre réalité.
Un autre "tongue-twister", par la même occasion. Difficile à lire dans sa tête, encore plus à haute voix. :O)


tu déhanches l’élan
et aboies sur la moue d’une hécatombe martienne
en supposant ensuite qu’ils renouent avec l’enfance de l’art

de ta bouche un souffle frais qui maintient le monde en place
tu es l’Atlas du cosmos inconscient habitant ma
carcasse vigoureusement empâtée dans
les herbes marries du sol séché

en cœur détonnent les gestes manuels sur un bras de feu
entendu que l’œil percé d’outremer minaude la sirène
fort de la forme duelle qu’il tient entre ses doigts
il
moi devant la glace du souvenir
dépêche les parias sous les eaux balisées d’un café chic
arbalète au cul du prude masochiste catalan
l’épuisement antérieur brigande bien bas le talon d’Achille
lorsque deux bourgeois assis sur leur divan
avalent un texte miré sur leurs voies reproductrices
j’anticipe déjà une apocalypse dentelée
mordant chairs et sang sur une plage de Californie

en vie au-delà d’une mort millénaire silhouette cendrée
fidèle au poste
dans un orgueil passé oublié par Narcisse le brun
six dés sont broyés sur la table de chevet
résultant le chiffre entier de tricartinc-bicenteuf
je me ballade à tes côtés collés à ma peau béante
que la mâle gamme détrousse d’une charnelle emprise
tu fixes ces sites ornés de brillance crue
et les vases s’enfonçant dans la tête du poète
il
moi sous un rire allègre te baisant
transmet le désuet aux antres d’une future alliance
d’où le vague étreint un corps ennuagé de larmes
sorties des pores du vent

en tirant sur la nappe
les choses se cassent mais dévoilent un ange de son
purifié de la hantise pulmonaire d’un souffle coupé à sa
racine prématurée

deus ex machina derrière le paravent de la déesse silencieuse

9 mai 2004

jeudi 1 février 2007

DÉRIVATION DES CONTINENTS

La création du monde m'a toujours fasciné. Le chaos originel, le Big Bang, le moment où aucune lois ne régissait encore l'univers. Et de ce résultat émerge le choc des éléments en une frénésie amoureuse. Et si l'univers avait été créé par un acte d'amour? Il en résulterait sans doute le poème qui suit, de roc, de terre et d'eau. Un feu se lève peu à peu et vient embraser la lenteur du commencement. C'est une baise torride, une union dangereuse. Mais point de peur, ici, ni de mort. Que la vie qui fête jusqu'à plus soif.


duel sous cape
la lenteur assourdit les cœurs ardents
mais la suite tend vers l’union de la terre
avec l’océan profond et sombre

une nappe bleu foncé s’accapare le sol
douce ménade caressant le flanc solide
de ses mains électriques en ondes magnétiques
elle envoie la jouissance au cœur des choses
et devient l’immense tabou passé outre
sur le rebord de lèvres falaisiaques
qui attendent une fraction d’éternité
pour englober la sphère aquatique

cosmogonie dualiste dans les bras des forêts touffues
les spasmes réarrangent la surface terrestre
qui aboutit au fond des eaux aimantes
prise dans une chaleur qui fait oublier le monde

17 avril 2004