mercredi 19 décembre 2007

LE SOMMEIL DU VIGILANT

les protecteurs du cœur se tiennent à gauche
palabrant seuls d’un langage inarticulé
laissant le vent balayer leurs pensées
stimulant à bétail
on finit par manger l’herbe des fous
et vomir une rage millénaire

trop dans un crâne ouvert
trop d’eau dans un regard
trop de peur laissée à elle-même
trop de maladies dans le cœur des Anges

jamais assez de balancer ses pieds
sur le bord d’un puits ouvert sur
un œil
vide
fermé
le feu éteint dans le soir
un frisson absout le vent

bien des têtes sont tombées
seules les pieds continuent à danser
leur valse étourdie dans les oubliettes
de la tour en ruine

le sommeil rattrape le vigilant
il garde inutilement une entrée
endeuillée de sa porte
la sauvagerie du vent l’incapacite
à remarquer les ondes du temps
aux frontières d’une mer sans nom
le Passeur passe
les Protecteurs s’en vont aussi
avec dans la tête trop de rêves
remplis d’une eau stagnante

dans un millier d’années
souvenez-vous qu’il existait une mélodie
permettant au mal de rompre le pain
avec ses meilleurs amis
l’Oubli
et la Mémoire

13 décembre 2007

jeudi 13 décembre 2007

...SUR L'AMOUR? PLUS MAINTENANT.

WIKIPEDIA:
"L’amour est un sentiment envers un être semblable ou non à soi. Il est le manifeste d'une force instinctive animale qui consiste à s'attacher à un ou plusieurs individus : pour l'Homme, de manière morale ou désireuse. Il peut être contrôlé par la morale Humaine et devenir une sorte de passion où le désir sexuel n'intervient pas. On peut alors appeler cela une relation amoureuse. Ou alors l'amour n'est pas du tout contrôlé et l'Homme obéit à son instinct primaire qui est la reproduction : l'amour devient alors une envie impulsive où l'Humain ne cherchera pas à se défaire.
L'amour peut être, selon la personne : faible, fort, obsessif ou douloureux. Selon ces critères, il peut être plus ou moins contrôlé par la morale Humaine."

Une connaissance à moi appelle ça de la dépendance affective.

Moi? Je ne sais plus. Comment faire pour aimer quelqu'un quand personne sur terre n'a la même définition de ce mot? Le langage est une création humaine tellement arbitraire, tellement instable. J'ai toujours "aimé" jouer avec ce langage qui implique tout en un seul mot. Mais là, je suis quelque peu perdu.

C'est du pareil au même. Quelle est la limite qui nous permet de dire qu'une personne est dépendante affective par rapport à quelqu'un d'autre au lieu de dire que la première personne aime l'autre? Qu'y a-t-il de mal à vouloir se lever tous les matins à côté d'une personne qu'on apprécie énormément et avec qui on veut se lever prêt d'elle tous les matins? Comment appelle-t-on le fait que l'autre nous manque juste parce qu'on aime sa compagnie, son sourire, sa voix, qu'on aimerait faire plus avec cette personne, la permettre de nous accompagner dans cette vie tellement courte et en même temps tellement longue?

Est-ce de la dépendance affective? J'en doute. À moins que les deux (amour et DA) veuillent dire exactement la même chose, ce à quoi je réfléchis depuis un certain moment. J'ai l'impression que les personnes qui utilise le terme "dépendance affective" sont ceux qui ont peur du mot "amour".

Et j'ai aussi l'impression de me répéter..... Il me semble avoir déjà écrit quelque chose de semblable, est-ce possible? C'est que le sujet me tient à coeur, vous voyez. Je ne pourrai pas Être sans avoir de réponse à cette question: Quel est la question? Je ne sais pas. Il n'y a aucune réponse fiable pour aucune question. Je m'en rends de plus en plus compte. Ou est-ce la fièvre qui me fait délirer?

Le fait que j'écrive ici sur ce blog est en fait une poussée que je me donne vers le monde extérieur. Un coup de pied pour montrer au monde (et me montrer à moi-même, par la même occasion) que dans la différence de chacun, la matière brute reste toujours la même. Le cerveau reste un cerveau, mais en fait, est-ce réellement le cas?

Tout dépend de la façon qu'on utilise le matériel. Au lieu de sauter dans des bars pour me saoûler la gueule, détruire quelques autres gueules parce que je suis bourré et baiser tout ce qui bouge, j'utilise ce temps pour écrire ou tout simplement rester là, semblant ne pas bouger, perdu dans des pensées que je ne comprends pas souvent. Un immobile est ce que je pourrais m'appeler.

Mais penser trop n'est pas toujours bon pour le cardio...

Et on finit toujours par s'y perdre, à la longue...

jeudi 6 décembre 2007

LE SECRET...

Je viens de voir un petit vidéo, 20 minutes du film The Secret. Je n'ai jamais rien vu d'aussi insignifiant. Je n'en ai écouter que 5 minutes (de trop) et je sais déjà que c'est le plus gros traquenard de tous les temps.

Supposément basé sur la loi de l'attraction (tout viendra vers vous aussi longtemps que vous y pensez sérieusement), je vois clairement que ce soit disant Secret est surtout basé sur la loi du capitalisme... Dans les 5 premières minutes du vidéo, les mots les plus souvent employés sont succès, argent, 2% de la population mondiale la plus riche, popularité, bref, tout ce qui caractérise la société d'aujourd'hui dans sa forme la plus totalitaire. Ce 2% de population, supposément heureux, ils connaissent le fameux Secret. C'est aussi ce 2% de la population qui possède les compagnies les plus polluantes de la planète et qui font en sorte que 80% de la planète crève de faim dans les pays sous-développés.

Le nouveau fléau à enrayer, mais je comprends pourquoi ce livre fut dans les palmarès d'Archambault pendant tous ces mois. C'est la suite logique au Code Da Vinci, un autre roman que la population croit être vrai.

On peut toujours compter sur la crédulité des gens, grand merci, sai...

Plus rien à dire sur la question. De toute façon, en dire plus ne servirait à rien.

lundi 26 novembre 2007

THE PASSION OF LOVERS

Les outils pour parvenir à la fin de ce long voyage ne sont pas faciles à trouver. Des indices par-ci, par-là traînent, mais on ne peut rien savoir sur ceux-ci sans au préalable les avoir mis ensemble, pour qu'ils forment ainsi une construction, une entité qu'on a encore de la difficulté à reconnaître... De quel voyage je parle? Je ne sais pas. Le mien, ça c'est sûr, mais je ne sais pas quel genre de voyage.

Je me suis mis à marcher dans le noir, comme un zombie en quête de chair fraîche, malgré cette lumière aveuglante du soleil d'été qui plombait sur moi. Sans m'en rendre compte, j'avais les yeux fermés, je ne voulais pas voir la réalité en face, je n'étais pas prêt à la voir. Le suis-je, présentement? Sans doute pas. Mais j'ouvre toutefois les yeux et je me rend compte que beaucoup d'eau a coulé et s'est depuis transformée en neige. Je me rend compte que je suis seul et qu'elle est partie. Je me rend compte que je ne la reverrai plus. Je me rend compte que la peine est toujours aussi forte, mais que la douleur est partie. Cette pointe au fer chaud a été retirée de mon coeur et je recommence à respirer. Une grande inspiration, une paix intérieure teintée de l'ombre de la mélancolie. Mes mains tremblent toujours, par contre. Je ne peux rien pour les arrêter, alors je les regarde et je souris en pensant qu'il me faudrait un snare pour pouvoir faire de beaux roulements, le grondement du tonnerre de Thor dans toute sa splendeur!

Ce qui me rassure, c'est mon sourire. S'il n'existait plus, je commencerais à me poser de sérieuses questions par rapport à ma santé mentale. Mais le sourire est là. Et le désir, celui d'être à nouveau aimé, celui d'aimer à nouveau. Mais le temps a encore besoin de moi, tout comme j'ai encore besoin de lui. Je dois passer une moppe pour nettoyer tout ce sang qui a couler autour de moi, venant de cette blessure encore rouge sur ma peau.

L'orage ne fait que passer, mais il dure depuis si longtemps...

vendredi 23 novembre 2007

THE SKY'S GONE OUT...

...parti pêché
ou tout simplement aller piquer un somme d'après-midi
sous un soleil de plomb
fondant autour d'une dent cariée et rouge

des souvenirs de plaies flottent
pendant ce temps
dans un néant sans nuage

des belettes courent le long des lignes de tension
leurs ombres décident de rester sur place
jouant les funambules
elles tombent silencieusement dans un air enfumé
les gorges chaudes saignent dans des bocaux de verre cassé

tournant le coin d'un mur de brique
la femme aux mains de cristal
l'univers tenant dans la paume de sa main
s'envole dans sa robe étoilée
pour combler le vide du ciel
elle y trouve un esprit perdu
dans un bouquet de lis et de
ruines

il rêve de repos
il dort sur la braise
il mange des oursins vivants
son estomac a la forme d'un étau
mais jamais il ne pense à la fin
celle qui nettoie la mémoire
et se répand sans trêve dans le Blanc
de la clairière au bout du chemin

vendredi 16 novembre 2007

DINER D'ADIEU...

Julie occupe beaucoup mes pensées, ces derniers temps. La nuit dernière, elle est venue dans mon sommeil, nous avons pris notre dernier repas ensemble. Habillée de blanc, elle était assise devant moi, tout sourire, elle parlait le plus naturellement du monde, ses yeux bleus brillaient d'un éclat doux. Je ne me souviens même pas de ce que nous avons parlé, seuls son sourire, sa voix et ses yeux me captivaient. Et elle savait. Elle savait qu'on n'allait plus se revoir, elle savait et j'ai pleuré. Doucement, j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps devant elle, lui disant que tout ce qu'elle disait n'avait plus d'importance parce qu'elle n'était plus là.

Elle, tout ce qu'elle a fait, c'est me regarder et me sourire, ses yeux perçant mes larmes, et je n'ai pas pu m'empêcher de l'embrasser, un dernier et amoureux baiser qui est venu me réchauffer les tripes, même si je me disais en même temps qu'elle n'était pas là, que c'était un fantôme. Je m'en foutais. Elle était devant moi, en chair et en os, je pouvais la toucher et lui sourire à nouveau, mes mains dans ses cheveux, mes lèvres sur les siennes, sentant sa chaleur, une dernière goutte de bonheur avant le vide du réveil.

Pour elle, ça n'avait pas d'importance non plus qu'elle ne soit plus là. Elle flotte dans mes pensées, ma mémoire, les gestes quotidiens que les autres font et qui me rappellent à elle, ce n'est pas vrai qu'elle n'est plus là. Je le sais maintenant. Ce dîner d'adieu m'a fait voir une chose: Luc, cesse d'en prendre sur toi pour ce qui est arrivé. D'une image terrifiante de sa mort est née cette femme avec qui tu as mangé et bu dans ton rêve, cette image qui devra te suivre jusqu'à la fin de tes jours, ce sourire toujours présent, cette vie toujours forte et cette chaleur, ce feu que sa présence apportait toujours dans tes entrailles, réchauffant ton corps d'une lumière ensoleillée.

En me réveillant, je voulais crier sur les toits qu'elle était venue me voir, me dire un dernier adieu avant que je continue ma vie. Je ne sais pas si mon imagination est trop fertile ou si une part d'elle y était, tout était trop à fleur de peau pour que je ne puisse pas croire un peu.

Et je viens de lire le dernier message du blog de Félix et encore une fois, tout est trop là pour que ce ne soit que pure coïncidence.... Voilà ce qu'il a écrit:
"Les rencontres qui brisent les lois du temps et de l'espace, sont messagères divines. Elles sont vivantes comme des fruits et nos âmes, sans elles, se languissent et meurent."
C'est de Moebius. C'est en plein ce qui m'est arrivé cette nuit. C'en est trop pour que je puisse retenir les larmes que j'ai dans les yeux. Les joues imbibées de larmes, je retourne vivre avec en mon coeur l'amour d'un ange.

Merci, Julie...

mercredi 31 octobre 2007

SHOW DES BISOLARS À MUSIQUE MAISON!

Une semaine et demie plus tard, nous sommes de retour de Québec, la tête encore pleine des images d'un spectacle de grande envergure avec les Bisolars (et la toune du Cyclope Mauve dans la tête qui ne veut pas s'en aller). Du slapstick de première catégorie, du bruit comme seuls les Bisolars peuvent en faire, le bordel total sans savoir qu'elle sera la prochaine chanson (dédiée à Mû l'Immortel!) et du fun à pleines pochetées (ou pourritures, si le mot vous sied mieux)!

Enfin, ce fut une expérience incroyable pour nous quatre (je crois), et le public, nos fans invétérés, en redemandait encore et encore. On avait l'air de parfaits crétins et ce fut là le meilleur. De grands classiques furent joués, tels que Comptables Agréés, Tronchorama, Sécrètes-tu des barbus et le très controversé Ex-communication.

Ça m'a donné le goût d'en refaire d'autres, mais peut-être pas à Québec. En attendant, il faudra refaire de la musique, peu importe si c'est du Bisolars ou non, il ne faut pas arrêter!

samedi 27 octobre 2007

DERNIERS RAYONS DE SOLEIL (suite du message blog du même nom sur "Les Calepins de Félix" 26/10/07)

Hum... Merci Félix! "tant qu'il sait ce qu'il ne veut PAS". Le reste est sans importance, en quelque sorte. Tout s'accomplira à la fin...

La fin d'une époque, où même les édifices s'émiettent, pris d'une maladie inconnue. Les ponts s'écroulent, les vitres cassent, les briques nous tombent sur la tête et je suis aux premières loges d'un gratte-ciel qui s'effondre sur la foule: je tombe avec les autres, du 120ième étage, une caméra à la main pour la postérité publique et post-mortem. Aucun renouveau à attendre, par contre. Que la poussière qui arrache les poumons et une visibilité de deux mètres, gros maximum.

Tout ça, je l'ai rêvé la nuit dernière. La fin de l'espèce humaine, la fin des jours, et j'étais toujours vivant et on aurait dit que j'étais le seul à voir ce qui se passait. Les autres? Ils roulaient dans leur voiture sur des routes empoussiérées, des morceaux de gratte-ciel tombant autour d'eux et devant leur parfaite indifférence.

Qu'est-ce que ce rêve m'a dit? Que les roches aussi peuvent être malades et que nous sommes déjà dans ce commencement de la fin.

J'imagine que l'impression de ce rêve concorde avec le fait que je me considérais comme un prophète à la grande vision quand j'étais plus jeune. Un "Voyant-Clair", celui qui voit tout et qui l'exprime dans des mots souvent incompréhensibles. Le faiseur de musique verbale pour des oreilles fermées et lointaines.

L'appétit vient en mangeant, mais qu'arrive-t-il quand on ne mange plus?

mercredi 24 octobre 2007

LA MÉMOIRE DANS LA TÊTE

sordides avenances
une chapelle éclatante se noie
dans l'appartée de mon talon planté
au creux d'une joue de ciment broyé

univers de trop plein
des jambes molles dansent dans un cercueil
réveil attendu sur la pointe d'une tombale

depuis le début du feu enragé
j'aspire à devenir
celui qui n'a pas vu le soleil depuis des siècles
une ombre de plus sous une table inhabitée
des morceaux pourris à vendre pour ton âme

compte-gouttes
flick
flack
une par une sur ma peau
des flaques rouge et or s'agrandissent
mon nom est Légion
et par le suppliant des neurones
demain sera jour de festin
pour les
corneilles blanches
taches de lumière au-dessus d'une ville sombre

celle qui dort dans mon esprit
l'oubli d'un ton grave abstient le passé
à se réveiller dans le jour mourant

même le temps à peur des idées

vendredi 19 octobre 2007

SHOW DE DÉBILES MENTAUX!

Plus qu'une journée avant le Jour B (pour Bisolars)! Dans une journée, nous serons 4 cinglés à se présenter sur la scène de l'Oeil du Poisson à Québec pour le plus grand fiasco de tous les temps! Les Bisolars seront enfin en concert! Et ils casseront la baraque! Ils y joueront leurs plus grands succès et feront vivre des émotions fortes au publics en effervescence!

"Par le Yin et le Yang..."

La défonce totale, quoi!

jeudi 11 octobre 2007

FOGGY MIND

Tout se retrouve catapulté. Mes idées, mon ventre, ma vision, mon coeur. Catapulté où? Vers le vide, voilà. Une nausée dépassant l'imagination s'empare de moi et je ne peux plus bouger. Je marche dans un brouillard fluide, les jambes molles, le stress dans l'estomac, je vois double et il semble que mon esprit veut fuir mon corps.


Ne plus vivre ma vie, c'est ce qu'il attend, cet esprit tourmenté. Aller ailleurs, imaginer autre chose, faire autre chose.


Des projets autres:
Nous avons, Sylvain, Félix, Antoine et moi, un show de musique le 20 octobre. On va s'amuser comme des fous!
Mélanie m'a proposé de commencer une bande dessinée avec elle. Ça risque d'être assez absurde, reste à trouver une idée...

Et le reste? Foggy mind, des bras qui ont peine à bouger et la Lune dans le numéro 43. Un poids trop lourd à porter, une corvée que je ne veux pas subir. J'y pense de plus en plus, je ne sais pas qui je suis. Tomber dans une flaque de morve en putréfaction et sentir la rosée d'un frais matin sur ses bras, n'est-ce pas là la même sensation?

Si fait.

Je gratte le fond de mon cerveau avec une cuillère de feu et je ne récolte que la peur.

jeudi 4 octobre 2007

FOLIE ET MORT DE FOUGMA 'HAMED

Je sais, vous attendez avec impatience la suite du "Vieil homme et la Moufette", mais il vous faudra encore patienter. À défaut d'écrire comme je me sens ces temps-ci (comme de la crap, soit dit en passant), je vous laisse sur ce petit bijou d'absurdité qui m'a inspiré pour écrire le "Vieil homme et la Moufette".

Un pastiche fait au cégep dans le cours de ce franchouillard de François Lyonet, un bout-en-train digne de Ramdam.

Bonne lecture!



FOLIE ET MORT DE FOUGMA ‘HAMED
Pastiche de « Grandeur et décadence de Gérard Bilodeau » de Gabrielle Gourdeault

Fougma ‘Hamed naquit d’un Berger Allemand pantouflard circoncis et d’une loutre de mer appelée Julie Girard-Tremblay, circonspecte et un peu dérangée par la sénilité de Henri Jones, leur chat domestique qui, depuis déjà belle lurette, s’attaquait aux poireaux de Papa-Je-Suis-Déconnecté-De-La-Réalité-Par-La-Méthode-Je-Bois-De-La-Bière-Devant-La-Télé.

Fougma était le nom donné à ‘Hamed par sa mère. Ça ne voulait rien dire en particulier, sinon qu’il n’en avait pas la moindre idée. En fait, tout ce qu’il savait, il l’avait lu dans son livre de naissance dont aucune photo n’artisanait de couleurs flyées ses pages blanches et noires. Il a appris qu’il est né à Chicoutimi, capitale de l’Arabie Saoudite, de l’Espagne, de la France, de la Roumanie, des Îles Mouc-Mouc, de la Norvège, du Canada et de son petit Saguenay au fond de son trou. Comme on dit : « a hole’s a hole! ». C’était peut-être un pur mensonge aussi… il ne savait pas. Sa petite famille in vit présentement au sommet de la plus haute colline des environs alentoureux, c’est-à-dire le pic de sable dans l’État du Maine.

Toute sa vie, Fougma a idéalisé un idéal faramineux : découvrir la vérité sur ses origines. Ses petites manigances l’ont emmené vers la biblio-disco-vidéo-homothèques, où tous les renseignements de l’univers sont emmagasinés. Mais une société dans laquelle monsieur-tout-le-monde côtoie tout le monde et où les dirigeants tentent de cacher une vérité monstrueuse à un pauvre petit adolescent à l’imagination trop fertile qui rêve de voler sur des hippocampes à dos argenté ne peut pas laisser une banque d’informations top secret se dévoiler d’elle-même à celui-ci. C’est pourquoi il ne trouva rien. Nada. Nothing. No zapatos en el vestuario…

Fougma n’avait plus guère le temps de voir sa loutre de mère et Jones le chat tellement il était absorbé par ses lectures non instructives. Il se décida donc de partir à la conquête de la vérité de sa propre identité inconnue. Une bonne dose de construction hallucinatoire lui permettra peut-être de savoir ce qu’il est ou qui il est, ce pauvre Fougma.

Jour et nuit, il se piquouillait, se sniffait, se déconstructionnait, s’enflammait les bras, les narines, le derrière et tous les orifices où la dope magique pouvait bien pénétrer avec ce qu’il trouvait sous son lit. Il vit tous ses amis d’autrefois : George l’écureuil, Verra la truie, Hypolithe l’éléphant de Papouasie… Ils ne savaient rien, pas même un soupçon de poudre de perlimpinpin de plus que ce qu’il avait déjà consommé. Il mit même, après trois jours de planage (en fait, il ne s’était écoulé que trois heures), son bonnet de bain à antennes collectives pour communiquer avec les extraterrestres. Ils vont sûrement savoir ce qui se passe sur cette Terre enfouie dans l’hébétude ignorante et le soleil jaune, chaud et suant. Brouillage. On tente de l’empêcher de les rejoindre! Un espion, un félon, une taupe, un raton-laveur, s’est infiltré dans l’humble demeure à trois étages du petit Fougma. C’est ce qu’il se dit, pas encore remis de son trip psychédélique avec les éléphants roses de Papouasie et les écureuils irlandais.

Il sortit donc de sa chambre, à la fin du jour, chancelant et défaillant, pour aller rejoindre un chat en train de tourner en rond, bavant et s’assommant tout naturellement sur une pile de vieux Reader’s Digest jadis légués au Berger Allemand comme cadeau de mariage avec sa loutre.

Que de confusion, mélange, torpeur, que d’inertie de la part de son cerveau qui était maintenant sur l’option « Foutez-moi la paix! ». Il tomba finalement sur une cassette vidéo intitulée « Little Richard’s hidden story ». Un bon film en perspective. Mais après quinze minutes de bousille mentale et de réflexion spontanée involontairement effluviale, il comprit finalement le sort qui se posait désormais devant lui. C’était sa propre histoire! Non seulement il s’appelait Richard, mais en plus, il était anglais et non serbo-croate! Il ne se rendit compte de ce détail, apparemment multiprésent depuis toujours, qu’en regardant pour la deuxième fois le titre de la cassette.

Le choc fut trop violent. Bad trip total, cordialement accueilli par un organisme refoulé et miné par les micro-ondes de son bonnet de bain à antennes collectives.

Il fut enterré par sa loutre de mère et son ignare de père, accompagnés tous deux par le chat, qui était en fait son petit frère de deux ans. Sur sa tombe était écrit : « Fougma ‘Hamed, la folie t’emporta dans son vent intestinal ».

Fin de réalité.

mardi 25 septembre 2007

THÉRAPIE DU VIDE

Est-ce une bonne idée? Ai-je assez de Manque pour en suivre? Je me demande. Quelle était la raison, la première fois? Je n'en avais pas. Je n'y ai tout simplement pas pensé. La question à poser, en fait, c'est: en ai-je besoin? Là, je ne trouve pas la réponse. Je ne suis pas sûr. Je ne pense pas et peut-être que oui.

Le fait est que j'ai une vague impression que ça ne servira pas à grand chose. Je sens en moi la capacité de le faire par moi-même, je sens en moi ce bagage ramassé au fil des ans par les observations que j'ai faites sur moi-même et sur le monde qui m'entoure. En ce moment, je ne peux juste pas commencer. Je vais me laisser recommencer à travailler, bouger un peu plus et on verra après.

Le temps de la réflexion débute aujourd'hui-même. La concentration n'y sera pas, mais la volonté y sera, elle.

LEASH
j'ai trouvé un rampant sur le trottoir obscur
face à un manoir en décomposition de la quatrième dimension
l'hécatombe de l'espèce débute avec le Banquier
et se terminera avec
sur le bras
des pustules d'un rouge amorphe
qui nous sourient de leurs dents noires et polies
elles nous disent:
"nourris-moi!
nourris-moi!
ou péris sous la folie de notre rougeur d'enfant battu!"
je me penche vers ces bouches ouvertes
avec dans le fond de la gorge le cri de Munsch
gueule grande ouverte sur un monde brouillé
les oreilles bouchées qui entendent tout
fort comme la vie
hanté
toujours
par la paix du regard de l'Ange Blond
des larmes aux yeux
je leur souris et m'en vais
suivant mes propres pas dans la terre friable
un hommage aux souvenirs passés
la pointe de l'iceberg n'est plus si haute
j'entends les vagues pianoter sur mon âme

mercredi 19 septembre 2007

MORGUE EN AVANT-PLAN

les moeurs pointues
sur la haut d’un pic glacé
elle s’avance à pas lents
dardant son regard acéré
sur le bout d’une branche morte
dernier vestige de l’Ancien Monde

l’homme tubulaire en extinction
omet de dire le désir de résister
s’estompe dans la fin d’un jour pluvieux

jadis elle demeurait sur son épaule
lui caressant l’échine de ses doigts froids
l’entourant d’un voile rouge fonte des neige

aujourd’hui
une montagne solitaire
le ciel brumeux
cacophonique
le cri de millions de bêtes affamées
unisson de hantise face à la sécheresse
d’un œil qui n’entend pas la pitié
ouragan de sable sur des plaies béantes
le coffret des songes se ferme
sur les phalanges du dormeur
qui se surprend à pêcher la pluie
dans le désert de son esprit

20 septembre 2007

mardi 18 septembre 2007

ONDE DE LANGUEUR

montrer la vie à travers une mince couche de verre
la regarder
voir évoluer les millions de choses qui y poussent

on voit tomber un flocon
le gel y prend
mais la chaleur demeure
toujours présente dans le noyau

je suis une forêt
plantant racines dans une terre meuble
distribuant la vie à travers l'humus des heures passées
ciel fondu vers minuit
des planètes mobiles s'alimentent du feu
la silhouette d'un homme dans l'ombre d'un pommier

onde de langueur
suspense altéré par la lumière d'un phare
des épines s'étirent en lambeaux verts
monstre de lenteur sur la peau du vide
je ne veux plus pousser sans l'eau d'une larme

le pendule s'active à nouveau
tic tac
tic tac
et tout simplement le tic de la mémoire
prenant le dessus sur tout
ombre inquiétante sur le motif tracé
qu'est la vie que je me dessine

je ne peux que regarder passer le train
subir le souffle de son passage
me remémorer un sourire perdu dans les tréfonds
d'une âme perdue dans la peur

de tous côtés
des yeux qui se ferment
des bouches qui se ferment
des oreilles qui se bouchent
un monticule de corps s'entremêlant
un bras dans une jambe
le coeur enfoui dans un autre coeur
j'arpente cette montagne multicolore
sans penser au son de la misère qui se répand
sous l'amas de chair

damier suspendu au-dessus de ma tête
ne reste que le ciel pour observer le vent
et ta main pour tenir mon
coeur

14 septembre 2007

vendredi 14 septembre 2007

PARTICIPACTION

J'ai l'intention de publier un recueil de mes poèmes dans les prochains mois et, si vous le voulez bien, j'aimerais que vous m'aidiez à créer un corpus de poèmes autant par rapport à la thématique, à vos goûts personnels, aux impressions que vous vivez lorsque vous me lisez, etc.

Pas de limite dans vos choix, envoyez-moi seulement les titres que vous avez choisis et que vous aimez particulièrement (toutes les raisons sont possibles) par courriel à l'adresse suivante:
rick_filius@hotmail.com

Je ne vous oblige à rien, de toute façon, je ne suis pas professeur, ni maître d'esclaves (quoique...). Je vais les compiler et voir avec ceux que j'ai choisis moi-même.

Donc, c'est une participation libre, ça peut être amusant à faire et ça ferait de vous mon premier comité de lecture! :O)

Bonne journée à tous!

mardi 11 septembre 2007

DES MERS CASSE-PIEDS

dans le sable vaseux d'une eau chaude
mes pieds scintillent de mille feux
mais s'enfoncent jusqu'à la gorge
d'un Léviathan affamé de chair fraîche


sa gueule édentée croit qu'elle minaude
les dix habitants au cou en forme de noeud
qui n'ont cure que du son de la forge
chaleur accablée sur une peau rêche

sore heart in the blink of an eye
dernière chance de briser la bête
quand sur moi les rayons mortels
du soleil trop bas
accaparent ma vision

la montée hors du souffle rocailleux
démontre la trahison de la terre
angoisse de la plume
encore
gastronomie dominante dans ce qui a lieu de
stable

xénophobie face aux herbes rouges
on ne veut plus lâcher le fil qui tient le nerf de la
raison
mais rien n'y peut dans cet espace trop plein
que le mouvement définitif d'un bras mou
incapable de croire qu'il a des os

vendredi 7 septembre 2007

NO WINDOWS UNLOCKED

with bare hands
I'm eager to put an end to my
pain of the brain

un chant de patrie qui hurle de ses cinquante hauts-parleurs
"allons enfants de la patrie
fonçons tête baissée vers la bain de sang
faisons-nous tuer
hacher menu
liquéfier
pour la Patrie!"

et la batterie de résonner sans cesse dans le caveau
qui sert d'esprit aux zombies rampant à mes pieds

je marche à travers des eaux bourbeuses
et des os rongés par la panique de sept milliards d'amibes
qui n'ont pas compris l'évolution des parasites

dans un aquarium
des fenêtres de briques s'effritent pour former
un lit de cendres rouges de la douceur d'une rose
étendu tout au fond
je dors
je m'entends respirer
je rêve à des yeux noisette plongeant dans mon coeur

la saillie des bulles à la surface fait perdre la face
aux ombres élancées qui regardent
perchées sur leur trois jambes
l'intérieur de leurs paupières

elles ont peur de l'Autre
elles ne veulent que s'endormir à leur tour
et tirer sur le fil qui attache les mains à la
gorge sèche
qui a trop
respiré

mardi 4 septembre 2007

DEMAIN, LA PEUR

Pour aujourd'hui, c'est la tranquillité. Il me prend encore assez souvent de voir des flashes, dans mon esprit, de la mort de Julie. De courts moments pour me rappeler que cette personne remarquable n'est plus ici, mais garde sa place, malgré tout, dans le coeur d'un grand homme qui a les idées tourneboulées.

Le dernier poème que j'ai écrit est, comme le dit Christine dans son commentaire, d'une tristesse indescriptible. Mais on perce toujours, à la fin, une petite lueur d'espoir, le rayon d'un soleil encore à naître, existant toutefois dans l'inconscient collectif des neurones qui m'habitent.

Pour aujourd'hui, je suis bien, je souris, mes yeux brillent d'un éclat qui n'y était pas depuis quelques mois. Je vis et je ne veux pas laisser passer cette vie à m'enfermer derrière les murs d'une quelconque maladresse d'esprit. Je veux être là. Je veux manger cet air respiré par 6 milliard 640 million 647 mille 763 personnes.

La phrase d'aujourd'hui, celle qui revient comme un leitmotiv infernal dans le caveau de mon crâne, cette phrase qui démontre autant la folie de la société qu'une vision ascérée et vraie de la réalité: "You have nothing to fear, only poets and Justice". Elle a été chantée par David J. Haskins dans la chanson "No One's Sending Roses", sur l'album Etiquette of Violence (son premier album solo après Bauhaus). Je ne sais pas pourquoi exactement cette phrase me tourmente tant. Peut-être parce que je suis moi-même poète et que je ne crois pas en la Justice de la société dans laquelle je vis. Je la perçois comme une sorte de monstre hideux (DES MONSTRES.... HIIIDEUX!!!!!) avec une bouche de la grosseur d'un volcan, avalant les bonnes intentions et punissant les yeux fermés, avec l'objectivité d'un robot. Un robot n'a pas d'émotions, un robot ne fait que ce qu'on lui dit de faire. La Justice est ce qu'on en fait. Pour le moment, elle n'est rien, qu'un mot parmi tant d'autres qui perdent leur signification. Dans dix ans, le mot justice ne sera plus dans le dictionnaire.

Et demeureront quelques rebelles de la langue, rôdant dans l'ombre de leur écriture, ils répandront le sang de leur idées sur un papier numérique et seront là lorsque sera le temps de reconstruire la réalité.

Et je serai là, moi aussi.

vendredi 31 août 2007

LE DÉPORTÉ DU VENTRE VIDE

trouvez-le
les hémisphères ne sont plus soutenus
que par la langue de la trahison
enduite d'une épaisseur de goudron
qui l'empêche de
parler

des tours s'élèvent
le ciel s'obscurcit même le jour
les oubliettes de la pensée s'ouvrent
sur une pièce de viande chaude
rapaces au rendez-vous
la peur au ventre
des bras minuscules sur une peau grise
la lenteur les incommode

dormir sur un ventre chaud
et rêver la mort d'une étoile terrestre
impasse de l'esprit quand sur nous tombe la
folie

30 août 2007

mardi 21 août 2007

TENTER DE CONTOURNER LA COLÈRE

Avez-vous déjà senti la flot d'émotions brutes qui s'échappe d'une personne en colère ou stressée? Ça me rentre dedans comme un coup de poing, me rendant incapable d'une quelconque réaction, allant jusqu'à me donner le goût de pleurer tellement ces émotions sont fortes. En ai-je peur? Je pense que oui. Si une chose peu bien me faire peur, c'est quelqu'un en colère, les nerfs à vif, imprévisible. La nausée me prend, le besoin de contourner cette colère se fait sentir, mais je suis déjà absorbé dans le tourbillon.

Ça me fait ça avec n'importe qui, surtout si je ne connais pas les raisons de cette colère, de ce stress, de cette infection qui ronge l'intérieur goulûment et qui gruge la vision extérieure. Je me fais penser à ce pauvre Alex, dans Orange Mécanique, qui a subi le traitement choc anti-violence et qui ne peut plus supporter d'entendre du Beethoven ou de voir de la violence.

Je ne pense pas au mal lorsque me vient à l'esprit l'idée que cette colère finit toujours par revenir dans la figure des possesseurs (ou possédés). Leurs nerfs flanchent, ils s'engourdissent, ils se retrouvent finalement seuls dans un univers ablatis, ne fixant que le vide du sentiment.

La paix. Une douce lumière bleutée, celle d'une lune calme et sereine. Enfoui dans sa chaleur, il ne reste qu'un sentiment de plénitude et de paix.

Je ne suis pas en paix. Je suis assailli par la colère du monde et j'aimerais bien trouver le moyen de contourner la vague sans me rebâtir une tour d'Ivoire... Je sens des éclairs bourdonner dans mon crâne.

Le sommeil... quand viendra-t-il enfin...?

lundi 20 août 2007

IT'S ONLY FOREVER (NOT LONG AT ALL)

Je ne serai pas là très longtemps. Simplement un petit mot pour vous dire à tous un immense MERCI pour tous les commentaires que vous me laisser. Ça fait chaud au coeur, je sens votre présence constante avec moi.

C'est complètement débile ce qui est arrivé cet été. Depuis, je me sens comme un enfant de 4 ans que sa mère aurait laissé dans un stationnement géant de centre d'achat dans une ville et un pays inconnus. Mon corps n'est pas sous contrôle, il me parle, m'envoie des signaux puissants que je ne comprends pas. Des émotions que je n'avais pas vécues depuis des années ressurgissent, j'ai la poitrine en feu et mes rêves s'enfuient de mon crâne avant mon réveil.

Un être exceptionnel est mort cet été. La mémoire de ce que nous avons vécu ensemble restera à jamais gravée dans ma mémoire. La douleur ne partira pas. Je le sais. C'est une blessure qui me suivra jusqu'à la fin de ma vie. Mais je sais aussi qu'elle ne m'empêchera pas de Vivre. Au contraire. J'ouvre mes yeux, je sens le vent sur ma peau et je voudrai à nouveau Aimer. La vie est trop longue pour la passer à souffrir. Le sourire reviendra, le regard brillera à nouveau.

Je parle de tout ça au futur. Pour le moment, je suis dans un trou, celui laissé par ce qui fut jadis une tour qui touchait aux étoiles. Ma tour, ma prison, mon arme de défense contre le monde dangereux et imaginaire que je me suis créé il y a si longtemps. Des volutes de fumée s'élèvent encore autour de moi. Je suis étendu, en position foetale au centre, la peau encore brûlante de l'explosion qui s'est produite. Mes yeux sont ouverts, mais la paralysie du choc me retient encore. Je ne sais plus comment m'alimenter du soleil, il est trop haut, le trou trop profond, mais mes yeux sont ouverts.

"If you want to see the sun, then son, you'd better get up." C'est ce que la femme de la chanson (Saturday, de Essex Green) qui vient de commencer me dit... C'est très étrange comment les choses arrivent parfois. Je pense que c'est Marc qui me disait qu'il n'y a pas de coïncidences. Seulement des rencontres d'événements. Je ne pense pas que tout ça soit prévu d'avance, par contre. Mais la coïncidence reste le mot parfait pour ce genre de chose. La coïncidence n'est pas obligée d'être due au hasard.

Je m'égare et je n'ai aucune idée de où je voulais m'en aller avec tout ça.......

Enfin... Mieux vaut commencer une nouvelle journée...

samedi 18 août 2007

ÊTRE UNANIME SUR LA FAÇON D'ÊTRE SOI

Quand vous vous regardez dans un miroir, que voyez-vous? Qu'est-ce qui se cache dans le creux de ces yeux, le trou noir et profond qui s'en va tout droit jusqu'au bout de votre esprit? Quelles pensées obscures ou lumineuses respirent dans les méandres de votre cerveau?

boire aux lèvres d'une méduse
et regretter l'amère douceur de la mer

six millions de naissances par année
deux de moins que les rêves qui peuplent
les paroles d'un arbre centenaire

dormir les yeux ouverts sur le plafond
n'empêche pas les coeurs d'exploser d'une humeur folle
quand vient le temps de tirer ses cartes
on a peur d'oublier le visage de l'amour
mais toujours on arrache les fils qui tiennent le vent

j'entends les mouettes
j'entends les cris des vagues sur mes neurones
j'entends les pleurs de mon ventre syphonné par la nuit
j'entends les bouches fortes appeler à l'aide

surtout
j'entends le chant de ce corps animé par les sanglots
lames brillantes sous un soleil matinal

sillons de pureté sur mon visage

cadavres de peine s'étendant sous mes pas fatigués

mercredi 15 août 2007

AU COEUR DE LA DÉMENCE

C'est la fatigue qui commence à avoir raison de moi. Une lourde main qui appuie sur ma poitrine et m'écrase sur place. Les heures passées à ne pas dormir se transforment en heures de folie déconnectée, où je cherche à m'accrocher à quelque chose, quelqu'un qui puisse me soutenir sans trop d'efforts. Le rêve s'estompe. Je flotte de plus en plus dans un nuage jaunâtre où le pouls de la conscience s'endort tranquillement.
Tout me ramène là. Ma tante qui aurait pu mourir d'une embolie pulmonaire la semaine dernière, la lettre que j'ai reçue aujourd'hui de la mère de Julie, l'air que je respire remplie de souvenirs d'elle. Tout comme ma conscience, je finis par m'endormir complètement éveillé. Je nage dans un rêve qui ne finit jamais, une roue éparpillée aux quatre vents, l'envie de serrer quelqu'un dans mes bras, sentir sa chaleur pendant des heures, sentir son amour au creux de ma poitrine comprimée.
Crier semble la seule solution. Cri du coeur, cri de l'esprit, cri d'une gorge en feu, celui au creux d'un volcan en rage face à la tourmente de la pluie. Déjà j'oublie le jour précédent, une suite d'événements sans queue ni tête, paroles perdues, mains tremblantes, yeux lourds et jambes fauchées par la mort.
"Situer le doute derrière les yeux d'un mourant suffit-il pour ne plus entendre la peur?" J'ai déjà écrit ça dans un de mes poèmes. Sorte de moyen de se débarrasser des questionnements en les laissant partir avec les cendres du temps. La réponse est négative. La peur demeure, la peur ronge, la peur s'installe définitivement après la mort. On n'a plus la raison valable, elle tombe dans le vide poussiéreux, elle a la langue sèche et ne demande qu'à boire une eau encore potable, mais ne trouve que le sable à avaler...
Le temps est l'outil de la folie. Je n'ai plus le temps, il s'est enfui dans le fond d'une terre consacrée, accompagnant la femme que j'aimais. Les jours s'écroulent de mes mains fébriles, je n'ai pas besoin de temps, la folie s'est emparée de moi depuis bien des années...

lundi 6 août 2007

L'ÉTAT DANS LEQUEL NOUS SOMMES...

...n'a plus l'importance tant recherchée. Je me demande souvent comment la parité de deux esprits entre en conflit avec la véritable histoire qui se joue en chacun de nous. Qu'est-ce qui pousse à ne pas agir? Qu'est-ce qui fait en sorte que le mur obscur ne veut pas s'effondrer? D'un côté et de l'autre, la peur stimule l'esprit d'une façon insidieuse.

On n'a pas envie de faire vraiment face à la réalité. J'ai parfois la manie de regarder de l'autre côté, là où la fenêtre crasseuse laisse passer un rayon de lune, mais pas le soleil. Rien n'y pousse, tout est gris, mais en même temps, tout semble si confortable, si rassurant. Le gris est la couleur de la stagnation. Je me donne un coup de pied dans les tibias et me relève tranquillement. Quelle heure est-il? Qui sait?

En regardant à nouveau devant moi, le même mur, mais quelques craquelures se sont jointent à l'impact de mon souffle sur les briques d'une couleur indéfinie. Je vois une robe d'été bleu poudre habillée d'un sourire, je vois le vent dans des cheveux folâtres, marchant à mes côtés, silhouette étrangère indéfinie dans le fin fond du rêve que j'ai fait la nuit dernière.

Le réveil est brutal, stressant, orageux dans son bruit sourd et cassant. Il est 6h50 du matin, la pluie s'écrase dans ma vitre de chambre comme un million de mouches imbéciles. Je suis à nouveau hanté par les souvenirs du 25 juin. L'angoisse me prend, trop de pensées en même temps dans ce cerveau qui a besoin d'un long répit.

L'état dans lequel nous sommes quand tout devient clair n'a rien à envier au regard vert d'une mer au repos. Le miroir n'a pas d'âme. "What goods a mirror without a face?", comme le dit Royal Wood sur son dernier album... Je me penche sur moi-même et vois une lumière, tout au fond, qui grossit peu à peu au fil des jours. Aucune distinction à faire pour le moment.

J'attends.

lundi 30 juillet 2007

DÉMAGOGIE DE LA BÊTE

je plonge un bras dans le mur et découvre une silhouette verdâtre
mi-humaine
mi-plante
elle découpe un steak de boeuf sur une table de laiton

au même moment
le téléphone sonne
le facteur me dit qu'un oeuf est en train d'exploser dans ma cuisine
et je décide d'habiter sur la paume d'une déesse habillée d'étoiles

elle me sourit et je pleure devant cette lumière

trop d'heures penché sur mon front noirci par la peine
trop de jours sans jamais oublier une goutte d'espoir
trop de minutes le regard dans le vide à ne pas te voir
trop d'années avec la peur au creux des veines

je grandis au milieu d'un nuage vert
vers lequel une lune humide se prend un verre
d'une tequila habitée par un ver encore vivant
et décidé à conquérir le monde
guitare à la main
des paroles de colère crachées dans une vapeur sucrée

"Débrouillez-vous gueules de bouzes!
Envahissez la plaine de vos cerveaux
que l'animal en vous déchire le voile de torpeur
qui manigance la congélation de vos sens!
Un maquillage finit toujours par se ternir
un coquillage finit toujours au fond de la mer
débrouillez-vous pour porter le nu face au monde!"

c'est ainsi que la plaie s'ouvrira sur des champs de
tournesols géants
et nous n'entendrons que le silence
qui pèse sur des oreilles bouchées

31 juillet 2007

jeudi 26 juillet 2007

NÉVRALGIE HYPOTHERMIQUE DANS LA RÉGION DE L'INCONSCIENT...

On n'en sort pas, malgré tout. Ça reste coincé dans le plexus solaire, où jamais le soleil n'a pu pointer son nez. Une espèce de ver géant qui gruge l'intérieur et laisse un trou béant, sans rien pour le remplacer. C'est de là que part les larmes, c'est de là que part la douleur.

C'est d'ici que nous démarrons notre voyage, sur le contour sucré des démangeaisons de la blessure. Une marche mal assurée sur des plaies sanguinolentes, d'un rouge foncé et sale. Des vibrations sourdes résonnent dans mon crâne, un tambour arythmique qui s'emballe et coupe le souffle. Il suffit d'un regard à mes pieds pour constater que je marche dans le vide. Une ribambelle de souvenirs m'assaille, me cogne, me caresse, m'emporte dans une chute qui n'en finit plus.

Le sol, soudain. Je me lève dans le noir et bute sur ma tête. Je suis hors de moi-même, encore une fois et il fait noir. Mon corps est une fois de plus derrière une porte étanche et il ne bouge plus, dans la position du Penseur.

Je suis déréglé, je suis las, je suis... mort? Non. Seulement absent et angoissé comme jamais je ne l'ai été. Mes heures de sommeil diminuent, mes yeux se creusent, le cerveau de mes mains se met à faire du Parkinson et le monde m'inquiète. La vie ne s'en va jamais de la façon qu'on le prévoit. Elle part, tout simplement. On a le choix d'embarquer ou de laisser le train passer...

Que vais-je faire...?

Plus les jours avancent et plus la mort de Julie me pèse. Je recommence à voir sans cesse l'épisode de sa mort lié à mon épisode de panique d'il y a deux semaines. Dès que je ferme les yeux, dès que je ne pense plus à rien. Alors je pense à Julie McCabe qui a perdu sa meilleure amie, Je pense à Félix qui a perdu son "miroir", je pense à ma famille, et je recommence à angoisser sur... quoi? Je ne sais pas. Quelle culpabilité vient me frapper et pour quelle raison? Celle de vivre? Non. Celle de ne pas être capable de bouger, paralysé que je suis par la lassitude? Je ne sais pas.

Pour l'instant, je me laisse aller, la main sur la poitrine, retenant une douleur physique et psychologique qui vient de payer son hypothèque pour les 150 prochaines années...

Que vais-je faire...?

mardi 24 juillet 2007

BLANCHISSERIE DE POULETS RÔTIS

Une dose d'absurde dans toute cette mare de tristesse et d'espérances. J'en avais le plus grand besoin. C'est en me brossant les dents, hier soir, que m'est venue cette idée de blanchisserie de poulets. Un parfum de camp de concentration et de prêtres fous, comme je les aime tant.

dans la pénombre du vieux Manoir Manif
des hiérophantes animaliers aboient leur mal
indifférents qu’ils sont du mur oblique
arbitrant les craques sur leur crâne

un mal nécessaire au fond des tripes
quand sur le sol reposent les carcasses
indifférentes qu’elles sont des souliers rouges
souillant la nature d’un gardien aveugle

depuis peu
la denrée de volaille subsiste
en peine de carbone
immaculée conception au milieu d’un four
crématoire
à la fin des temps modernes
rien ne vaut plus rien
que la vie garrochée à la gorge du diable
s’épivardant au reflet de ce fleuve sanguin

oublieux de la cacophonie
je me lève de l’autel de vêtements souillés
je plonge mes mains dans la mare blanche
et j’en sors douze poulets rôtis
indifférent que je suis de l’odeur de caviar fraîchement moulu
qui anime des chiffres de monnaie courante

grandes rénovations
silhouettes fourbes et dents noircies
demeurer stable dans cette pétrification
relève de la témérité

mais nous voulons encore porter les plumes
sur nos tempes blanchies

24 juillet 2007

dimanche 22 juillet 2007

EN BOÎTE...

Aujourd'hui, c'est la journée de la boîte... Deux jours après l'anniversaire de Julie, 4 semaines après sa mort, je me décide à vider mon lit de sa présence. Tâche ardue, ça m'arrache le coeur, mais ça me l'arrache encore plus lorsque je m'étends à côté du pyjama qu'elle portait quand elle venait dormir chez moi. Un tour au lavage, j'enlève son parfum de mes narines somnolentes et cette nuit, je passerai ma première nuit "sans elle" depuis qu'elle n'est plus là...

Julie McCabe me disait hier que c'est tellement réconfortant de se tenir en position foetale, protégé de toutes les sources extérieures. Mais comme elle disait aussi, il ne faut pas se clouer dans cette position, il faut relever la tête et respirer un peu d'air frais. C'est ce que je m'apprête à faire pour la première fois depuis 4 semaines : relever la tête et respirer du mieux que mes poumons malades peuvent le faire un air où je ne sentirai plus le parfum de mon Ange.

Prise de conscience totale de son absence. Depuis 4 jours, je ne dors presque plus, j'ai des crises de larmes incroyables et je me sens totalement traumatisé. Je regarde le vide, je n'écoute plus quand on me parle, distrait par des pensées que je ne me rappelle pas la seconde d'après....

Souvenirs en panne... c'est ce qu'elle chantait. Le cerveau qui bloque un traumatisme et qui engourdit l'être en entier pour le couper de la douleur. C'est dans cet état que je suis depuis 4 semaines, c'est de cet état que je me sors peu à peu pour sentir cette douleur toujours présente, toujours aussi coupante, toujours dans ce crâne fourmillant d'images aussi belles qu'effrayantes. C'est dans cet état que Julie a passé la plus grosse partie de sa jeunesse, de son adolescence et du début de son âge adulte. C'est de cet état qu'elle était sortie quand je l'ai rencontrée en octobre dernier. Elle était prête à Vivre pleinement et j'étais prêt à l'accompagner jusqu'au bout du monde, dans un amour vrai, doux et souriant.

Je fixe encore le vide, mais je suis calme. Toujours engourdi, pas tout à fait présent, mais calme.

La route se trace tranquillement sous mes pas, c'est moi qui décide où elle conduit. Pour le moment, elle monte vers le ciel, à la recherche d'un Ange Blond. Les nuages sentent le miel et le froid de la nuit m'envahit. Je voudrais embrasser son sourire une dernière fois, avant d'arriver trop haut et ne plus être capable de revenir...

J'entends les autres, autour, qui m'appellent et me tirent vers eux. Je me laisse redescendre doucement, bercer par le son des rires et des regards chauds et vivifiants.

Respire l'air frais, Luc. Débarre tes bras et tes jambes recroquevillés, lève la tête et regarde le monde.

Il est à toi.

vendredi 20 juillet 2007

RETOUR DANS LE SOUVENIR

Ce matin, je suis allé sur Flickr pour arranger mes photos et je me suis finalement décidé à terminer le set de Julie. Que de souvenirs dans ces photos, que de bons moments passés en compagnie de cette femme lumineuse qui a conquis mon coeur. Il ne faut pas arrêter d'avoir de bons moments, même si la personne aimée s'en est allée vers d'autres cieux. Je comprends peu à peu cela, ça rentre par petits coups dans ce crâne hermétique qui est mien. Ce que Julie aurait voulu, c'est que je continue d'être là pour les autres et surtout, d'être là pour moi. Il est inutile de rester dans cette cuve de pseudo-confort que je me suis faite à la suite de la mort de Julie, nageant toujours en elle, malgré son absence. Je dors avec son pyjama près de moi toutes les nuits et je pense que ça va finir par me tuer.

Stagnation. J'ai beaucoup écrit dans mon journal personnel contre cet état nauséeux qui empêche l'évolution. J'ai qualifié ça d'Anapocalypse dans ce blog. En ce moment, je suis dans cet état de stagnation, incapable d'en sortir à cause de plein de facteurs dont ma tristesse meurtrière, ma lassitude et ma maladie. Comme je disais dans un message plus bas, il faut combattre l'infection. Je vis ma tristesse du mieux que je le peux, mon amour pour Julie est inqualifiable tellement il est immense. Je sens qu'il faut que je passe à l'étape suivante, sinon, je vais stagner et commencer à dépérir...

Mais je pense que je vais avoir besoin d'aide pour passer à cette prochaine étape... Je sens, je sais, que ça va être trop dur...

jeudi 19 juillet 2007

STRESS DÉMINEUR

Je me suis réveillé à 5h30 ce matin. Encore une fois, les yeux grands ouverts, dans le stress le plus total. Ça fait plusieurs matins que je me réveille comme ça, sans vraiment comprendre la cause exacte. Il est 11h30 et je suis encore dans cet état. Je pense que la réalité commence à me rattraper de plus en plus. Julie me manque toujours plus de jour en jour et je ne peux faire autrement que de sentir ce Manque dans toutes les fibres de mon corps. Je commence à ne plus bien dormir et je ne sais même pas si mes rêves ont un certain rapport avec cette difficulté à dormir, je ne m'en souviens jamais...

je creuse et creuse
dans la vase d'un soulier abandonné
beaucoup de jours ont passé
seule la mémoire demeure au centre du temps

grand
sous le museau d'une abomination affamée
je creuse et creuse
dans une terre friable et éternelle
qui m'enterre dans les semaines dévoreuses
oublié que je suis sur les pavés d'un cirque
millénaire

je creuse et creuse
ce roc défoncé par les pas de milliards de danseurs
emportés qu'ils sont dans le fouillis des âges

enfin immobile
la mer coule sur mon visage rongé par
une météorite éteinte dans le matin

tremblote du coeur
l'échec d'un pilier savoure ce qui reste

une plaine vide où un vieil homme creuse et creuse

mardi 17 juillet 2007

PILLOW BLANKET FOR MY BALLS

Ce sont les paroles de Patrick Watson, interprétées pas Luc Pelletier. Julie m'a fait découvrir cet excellent musicien et je n'écoute que ça depuis une semaine. Son album Close to Paradise. Un son vaporeux, féérique, noir et en même temps d'un comique assez troublant à cause de la voix un peu aigue de Patrick.

Je pense n'avoir jamais fait autant rire Julie qu'au moment où j'ai sorti cette phrase, qui était en réalité: "Be a blanket for my bones". Un moment magique que d'assister à un fou rire de Julie, et j'ai assisté à énormément de ses fous rires! La lumière qu'elle dégage s'intensifie à un point tel qu'on ne peut faire autrement que de tomber amoureux d'elle, emporté par sa folie. Elle m'a partagé cette folie dès le premier courriel qu'elle m'a écrit, sans même me connaître. J'ai plongé dedans tête première et je ne regrette pas une seule seconde de m'y être noyé, mélangeant ainsi nos deux folies, nos deux univers, sans pour autant en obstruer un. Un Big Bang chaotique et divin, l'amour véritable où l'honnêteté faisait foi de loi.

Certains épisodes furent plus durs, mais nous les passions ensemble. Je n'avais pas encore eu le temps de lui dire que je voulais des enfants d'elle, mais j'en avais parlé à Chantale, lui disant que le fait que Martin soit rendu avec un petit bébé tout mignon et que Christine et Daniel me disent que c'est la plus belle chose qui leur soit arrivée m'a fait beaucoup réfléchir et que finalement, c'est avec Julie que j'aurais voulu avoir des enfants. Elle aurait été une mère fantastique. Trois jours avant le décès de Julie, Chantale l'avait invitée à souper. Elles se sont parlées et Chantale lui a dit ce que je lui ai dit. Julie a donc finalement su que mon amour pour elle était tel que je voulais élevé un enfant auprès d'elle, que nous aurions été les meilleurs parents du monde. Elle est partie en sachant cela. Elle est partie avec dans son coeur la certitude que nous aurions passé le reste de nos jours ensemble avec notre marmaille.

Quand Chantale m'a dit ça jeudi dernier, en route pour Chicoutimi, le poids du désespoir s'est allégé tout d'un coup, me laissant un peu plus respirer. Je gardais en moi la regret immense de n'avoir pas eu le temps de lui dire....

Repose en paix, douce Julie, tu mérites la tranquillité du coeur jusqu'à la fin des temps et mon amour t'accompagnera jusque là...

jeudi 12 juillet 2007

JE PENSE...

À la vie qui peut continuer son train sans que rien ne change...
À ce qu'elle a bien pu faire de sa soirée pendant que j'étais parti au cinoche avec des amis...
À la journée où on va recevoir un courriel de "Bonne journée, je t'aime!"...
À la nuit passé dans ses bras réconfortants, sentant son souffle sur mon visage...

Et je me dis...
Que rien ne sera plus pareil à partir de maintenant...
Que le Vide n'est rien face au Manque...
Que demain reste un brouillard opaque et noir...
Qu'il faudrait bien recommencer à respirer, un jour... mais j'en suis encore incapable. J'ai passé ma première nuit d'enfer et de réelle angoisse face à tout cela et je me dis que ça ne fait que commencer. L'infection doit être combattue, toutefois...

mercredi 11 juillet 2007

TENTER DE VIVRE

On en est rendu là. Mais je ne sais plus. Après ma crise de panique de lundi, j'ai commencé à me poser un tas de questions par rapport à moi, à ce que je suis et ce que je fais. Des questions inconscientes, des réponses qui m'ont explosées dans le crâne. J'en suis rendu là.

Je n'ai jamais appris à découvrir mes affinités. Je me suis toujours laissé conduire par un inconscient en fuite de mon passé. Je ne sais pas ce que j'aime ou ce que je n'aime pas, seule une impression nébuleuse m'habite lorsque vient la question suivante: "As-tu aimé ça?" La seule chose que j'ai vraiment sue (ou suée?), c'est que j'aime Julie du plus profond de mon coeur et c'est grâce à elle que je peux enfin tenter de vivre.

Pour l'instant, mon frère (que je viens de quitter du téléphone) me suggère d'inhaler de l'opium par la bouche pour faire du bien à mes poumons, mais je ne crois pas que ce soit une très bonne idée...

Plus fort que ça. On tente de sombrer, consolations par l'alcool et les drogues. Je ne suis pas intéressé. Le mal me ronge, toutefois. Je me suis encore réveillé avec les cris de douleur et d'angoisse de Julie, ce matin. Je suis pris aux poumons, comme si j'étais en train d'imploser tranquillement. La cage thoracique tient encore le coup, toutefois...

Lassitude. Je l'écris depuis deux semaines, c'est toute ma vie qu'elle accompagne. Elle est seulement beaucoup plus forte depuis le 25 juin... Les gens travaillent et je suis seul. Demain soir, départ pour le Saguenay. Changement de décor, espérons qu'il soit accompagné d'un changement d'humeur...

lundi 9 juillet 2007

MORCELLEMENTS

Je me suis senti dans une tombe aujourd'hui, pris entre quatre planches, plus capable de respirer, les mains déformées par la souffrance sans pouvoir les bouger, le corps engourdi par la panique. Un détour à l'hôpital (merci à ce cher Jean Delorme), je retourne à la maison, plus de peur que de mal...

Mais la peur n'y étais pas. Le mal, lui, était sournois. Cette après-midi, j'ai vécu "live" ce que Julie a dû vivre le 25 juin dans son lit. Une douleur intérieure affreuse, une angoisse folle de ne plus pouvoir bouger mes membres. Tout m'est revenu... Toutes les souffrances qu'elle a pu endurer, la tentative vaine de réanimation, le transport jusqu'à l'hôpital... Ce fut un cauchemar... En revenant à la maison, j'étais complètement gelé par une pilule que l'infirmière m'a donnée, j'avais l'impression de marche sur un bateau qui tangue et je voyais double.

Crise de panique totale.

Je dois arrêter. Pas arrêter de vivre, mais arrêter de me tuer. Out of the deep blue sea, taking my breath in the mouth of a goddess...

Comment aimer?

lentement
grise nocturne sur fond de cale sèche
la bègue surnage au milieu du feu

croûtes amères dans l'estomac
les édredons duveteux s'élancent au cou des jeunes filles
encerclées de toile
elles dévalent la pluie qui ruisselle sur mon corps
et plongent dans le creux de mon nombril

dizziness
et morcellement du psychosome dans l'expectative du néant
j'en viens à croire que les âges se répètent continuellement...

ÉTOURDERIES...

Plein la tête. Il y a deux jours, j'ai passé l'après-midi et la soirée avec Félix, Antoine et Julie McCabe... C'était la première fois qu'on faisait quelque chose ensemble depuis la mort de Julie et ça a fait très étrange qu'elle ne soit pas avec nous, comme s'il manquait quelqu'un au groupe que nous formions. C'est comme une chaîne qu'un maillon se casse soudainement et où les autres maillons essaient de se ressoudre pour refermer la brèche. C'est maladroit, inconfortable, bizarre. Il n'y avait aucune main que je pouvais tenir, aucun regard amoureux à porter, aucune lèvre à embrasser, aucun réconfort que la personne aimée peu nous apporter habituellement. Que le regard embarrassé de mes amis les plus proches qui avaient l'air de se sentir aussi mal que moi.

Je pense qu'elle nous manquait à tous, et en même temps, on ne semblait pas oser vouloir parler d'elle, elle qui par un seul mot pouvait faire dégeler n'importe quel coeur.

Je n'ai fait que flotter, encore une fois, à travers cette journée pénible et en même temps réconfortante par la présence de ces trois personnes chères à mon coeur. Nous ne devons pas laisser cet inconfort miner notre moral. Je ne dois pas laisser ce malaise m'empêche de vous voir, mes chers amis. Avec des pas mal assurés, je me relève toutefois peu à peu, une journée à la fois, toujours aussi vide, de plus en plus las, mais je me relève quand même. Je ne peux faire autrement, il n'y a pas d'autre solution que celle-là.

Devant moi s'étend une rivière dans laquelle des éclats de verres tourbillonnent silencieusement, m'écorchant sur mon passage, je nage toujours, je saigne toujours, seul au milieu des eaux, avec en moi tout l'amour qu'il me reste, l'héritage d'un ange blond qui avait peur des araignées, mais qui n'a jamais eu peur de la Vie...

samedi 7 juillet 2007

DANSER HORS DE LA FOULE

Ce n'est qu'une minime impression. Une idée d'impression, qui fait dérailler les pensées vers la buée dans une vitre humide, vers une fourmi qui marche entre mes pieds, vers le bambins, de l'autre côté de la rue, en train de dévorer un Mr Freeze le sourire aux lèvres. Un déclic se fait à l'intérieur, comme on allume la lumière dans une pièce sombre, qui nous fait décrocher totalement de la réalité.

Ça arrive à tout le monde, une fois de temps en temps.

Depuis le 25 juin, chaque minute est un déclic comme ça, pour moi. Incapable de me concentrer plus que 15 secondes, je me laisse voguer sur une mer vaporeuse et colorée des sourires de Julie, de son regard étincelant et de ses mains qui ne me lâchaient pas. Des vagues plus sombres peuplent aussi cette étendue, et c'est au moment de frapper l'une d'elles que je sombre à chaque fois dans cette mélancolie morbide, des yeux remplis d'incompréhension, un visage crispé, son Dernier Soupir.... J'ai beau ne plus vouloir y penser, cette image me tient avec des griffres d'acier, juste à l'intérieur de mon coeur, juste à l'endroit où le baume essaie de guérir la plaie qui s'ouvre d'elle-même.

Ça fera déjà deux semaines... J'ai l'impression que c'était ce matin...

mercredi 4 juillet 2007

SYNDROME 11H11...

Julie et moi, nous avions une heure à nous (et cette heure-là est sans doute à plein d'autre monde aussi). 11h11. On le voyait tout le temps quand on était ensemble et depuis la mort de Julie, je le vois 4 fois plus. Une heure de souvenir ou une heure maudite? Je ne sais trop. Depuis 4 jours, je me sens comme un zombie sous les pilules, à essayer de vaincre ma grippe/bronchite qui m'a terrassée il y a exactement une semaine.

Je ne suis pas pleinement là à cause de ça. Je ne ressens pas pleinement à cause de ça. Je suis vidé de tousser mes poumons et lever un bras m'est pénible. Mais la guérison est là, je la sens de jour en jour. C'est lent, mais c'est présent.

Qu'en est-il de moi après cette semaine de folie cauchemardesque? Un grain de sable au milieu de l'univers. Il est seul, il a froid, mais il sens les étoiles autour, qui le regardent de leurs grands yeux bleus.

Marcher sur son ombre est la fatalité de la vie, à moins de s'appeler Superman. La Vision s'estompe peu à peu, elle me tue de moins en moins, mais elle demeure, toujours. Je sais que je ne m'en sauverai pas. Je sais qu'elle est gravée dans mon cerveau jusqu'à la fin de mes jours. Je tremble intérieurement, mais au dehors, je suis vedge, las, dans un mutisme qui m'avale et que je ne peux franchir. J'ai peine à ouvrir la bouche pour dire des choses sensées. Mais je suis avec vous. Je nage dans le monde sans le laisse me pénétrer. Les gens me parlent et je ne suis pas là, perdu dans des pensées qui se font les amies de l'oubli.

Je vis, c'est l'important. J'entends ce corps qui craque et que je retiens de tomber. Il me faut du repos, du très long repos.

Silence... personne ne parle. White noise in my eyes...

jeudi 28 juin 2007

MANQUE DE FORCE...

Je n'ai plus de force... Épuisement total. Mes mains tremblent et la fièvre me crampe sur ma chaise. Je tousse à m'en arracher les poumons et chaque respiration me donne l'envie de vomir. La faim me harcèle, mais chaque bouchée que je prends est un calvaire.

Je voudrais aller te rejoindre, Julie, peu importe où tu es, je voudrais demeurer à tes côtés pour ne plus jamais te quitter et pour que tu ne me quittes plus.

Le Vide, encore plus présent qu'hier, encore plus profond que le néant. Je suis seul devant mon ordinateur, hanté, déboussolé, une plante aura plus de vie que moi.

Certaines personnes tombent gravement malades lorsqu'elles perdent un être cher de la façon dont j'ai perdu Julie. Deux jours après sa mort, les poumons me font mal, la fièvre me tue, la toux m'arrache à moi-même, la gorge me brûle. Le peu que j'ai dormi cette nuit a été une intermittence de réveils en sursauts, de toux creuse, de fièvre débilitante et d'angoisse sans nom.

Ce matin, j'ai lu mes courriels, remplis de mots encourageants de la part de Jen, Marie-France, Antoine, ma tante France et mon oncle Sylvain. Et les larmes m'en ont arraché. Je craque en un milliard de petits grains de sable et le tonnerre gronde en mon coeur.

Ses yeux, ses magnifiques yeux remplis d'amour ne se poseront plus sur moi. La mort. Ne pars pas, Julie... Nous avions encore tout à commencer............

mercredi 27 juin 2007

FAREWELL TO THE ANGEL...

Un début de journée comme les autres, dans les bras de la plus fantastique des femmes. Lundi, 25 juin 2007, une journée pivot dans ma vie et dans celle, sans doute, de bien d'autres. C'est ce matin-là que cette Ange aux cheveux blonds et au sourire qui me faisait fondre s'est éteinte.

Julie, mon amour, je ne peux même pas écrire la tristesse qui m'habite actuellement. Un mélange de vide, de colère, d'impuissance, d'écrasement, de vide et de Vide. Je suis le conseil de Claire. J'écris. J'écris pour ne pas frapper sur les murs. J'écris pour ne pas me faire mal. J'écris pour ne pas m'arracher le coeur de la poitrine et le broyer jusqu'à ce qu'il ne devienne qu'une mare sans forme. J'écris pour que coulent ces larmes qui ne cessent de couler même quand je ne pleure pas.

Un désir féroce m'incite à retourner à tout jamais dans cette tour maintenant pas mal branlante suite aux coups de météorites que tu m'as envoyées. Mais je sais que tu voulais tout le contraire. Je sais que je peux résister à cette tentation. Je sais qu'il est possible de Vivre au-delà du Vide, de cette colère face à l'injustice de ton départ précipité vers le néant de la mort. Je le sais, mais ô combien il sera difficile de défoncer les derniers murs qui me séparent de la liberté.

Tu étais présente pour moi. N'importe quand, même dans tes moments les plus pénibles. Et c'est à moi que tu pensais juste avant de mourir, à me demander si j'allais me rendre à ton anniversaire. Je t'ai vue mourir dans une souffrance que je ne peux caractériser ni même endurer. Cette image hante mes pensées jour et nuit, dès que je ferme les yeux. Nous étions deux étoiles voguant sur des flots lumineux, main dans la main, le sourire aux lèvres, l'amour gonflant nos coeurs. J'écoute présentement "Souffler sur les étoiles" et je me dis qu'il faut toujours continuer à souffler sur les étoiles.

"Il y a nous deux, mer tranquille sans orage
que nous deux dans tous les paysages
Étourdis, mais heureux
ni trop jeune, ni trop vieux
pour souffler sur les étoiles..."

Nous deux, face au monde qui ne comprend pas que la vie prise au sérieux tue la conscience. Il faut continuer à rêver et à vivre.

des étoiles dans les yeux
tu tiens mon univers dans la paume de ta main
et j'attends ton retour

une vague de froid
dans toute cette chaleur accablante
vient ronger mes os jusqu'à la moelle
je deviens un naufrage
échoué sur les bancs d'une mare asséchée...

Mais la lumière demeure, celle de ton sourire, celle de tes baisers, celle de ton regard amoureux pointant dans le fond de mes pupilles. Le Big Bang, la Renaissance, l'apocalypse prise dans son sens de renouveau. Tu étais tout cela et plus encore. Tu étais la femme que j'aime de tout mon coeur, celle avec qui j'aurais terminé ma vie, celle avec qui j'aurais finalement décidé d'avoir des enfants. Tu aurais été une mère parfaite en plus d'être l'amour de ma vie.

Le crâne se vide peu à peu, la fatigue reprend le dessus. Un regard catatonique fixe le bas de mon moniteur et la vision de ta mort me hante à nouveau, perçant mon coeur d'un fer bouillant, mais qui veut toujours t'aimer....

Je t'aime, Julie...

mardi 22 mai 2007

L'ÂGE DES TOURS

dans le dehors des escarmouches
mille dentitions agraffent un sourire
épais
trempé dans un pus séché par le temps
Gargantua
ce renégat des temps anciens
n'en a cure de dévorer des moutons capricieux
c'est en regardant sa main que les fleurs s'épanouiront
l'âge de fiction enfin terminée
s'assagir demeure une possibilité moindre dans le
chaos
vers lui
sonder le creux d'un nerf stimule le rire
résonnance plurielle sur les murs d'une
tour enterrée
on admire le front plissé d'une naine
peut-être regardons-nous le vide
à travers des lunettes 3-D
besoin d'avenir
on tombe d'une maison sans habitants
22 mai 2007

lundi 14 mai 2007

L'HOMME DES MONTS

Dans la lignée du Dernier Soupir. La création d'un personnage qui fera partie de la troisième partie de la Trilogie de l'Ange Noir. L'homme des Monts sera en quelque sorte ce qu'aura été Norgolateth dans "Ici, sur Terre..." (première partie de la Trilogie), un rejeton du néant ne voulant que comprendre le monde qui l'entoure.
Le contour d'une construction se fait voir, peu à peu...

il s'habille en cadavre
pour jouer à la marelle avec mes trippes

situé dans les landes d'Aversion Lente
l'homme des Monts ne sait que faire de sa vie
sinon de dormir et bidouiller le rêve déchu
qui tranquillement s’évade de son esprit en déroute

soute a viande fraîche
des récepteurs de charabia sillonnent le ciel
à la recherche d’un onde absurde

ne touchant pas le soleil
il se permet d’appuyer sur la blessure astrale
contrôle perdu sur la Route des Morres

des animaux tempêtent dans le vent de midi
et demain sera ouverte la porte du Kiosque
qui conduira vers le monde de la Folie

Irmidogia
6 mai 2007

vendredi 16 mars 2007

I COULD SHY THE MOON

Le retour de la femme habillée d'étoiles. Thème récurrent dans mon univers psychologique, cette fois, c'est dans le regard que bouge l'univers. Cette femme a fait son apparition à peu près au même moment où je me suis rendu compte que la tour revenait aussi souvent mes écrits. Elle tient l'univers dans la paume de sa main, habitant cette grande tour à moitié mécanique pour y faire des ravages positifs.
On quitte les hauteurs pour s'en aller dans l'océan. Et peu à peu, des morceaux se collent à la grande trame de la troisième partie de la Trilogie de l'Ange Noir: "Neige sur le pan du Rêve endormi", la suite du "Dernier Soupir". Merci Julie!!!


dans les profondeurs d'une mer agitée
elle marche d'un pas lent
et se sert de ses bras comme palan
pour soulever l'univers marin
et l'enfouir dans ses yeux

une Atlas au regard scintillant
myriade d'étoiles en tourbillons
générations de vies passées à grandir
dans le feu du temps
au son du tonnerre grondant des steppes aquatiques

en surface
les remous ont l'air d'un temple maya
laissé depuis des lustres sous la calotte glaciaire
des craquelures se forment
sous un ciel d'un noir d'oubli
un oeil unique et blanc observe la scène
la timidité l'envoie ailleurs

je n'attends qu'un murmure pour m'élever
d'une couche trop sèche pour ma peau
je reçois un baiser franc
de lèvres miroitantes et pleines

tout se perd au creux d'une bouche en coin
d'un haussement d'épaule ravageur
et dans les branches d'un arbre secoué par
un géant aux mains de glace
qui prend plaisir à toucher les cerveaux
pour les endormir

pour que la mer l'engloutisse
elle n'a qu'à sourire
et le cosmos tombe dans une autre création
tout un monde à portée de bras

je tremble
c'est le froid du commencement

16 mars 2007

dimanche 25 février 2007

OMBRE ASTRALE

Nous y voilà enfin (ou à regrets)! C'est le dernier poème qui traînait la patte! À partir de maintenant, les entrées seront beaucoup plus espacées, puisque je mettrai mes poèmes au fur et à mesure que je les écrirai.
Peut-être aussi vais-je laisser ce blogue dormir un peu. Je ne sais pas encore. Toujours est-il que vous avez presque l'intégral de ma poésie sur ce blogue. Ne manque que le "Dernier Soupir", dont j'ai parlé à maintes reprises, mais qui ne peut être mis ici, puisque c'est un texte assez particulier d'une soixantaine de pages, que c'est la deuxième partie d'une série de trois qui n'est pas terminée et que je veux le publier ailleurs un jour.
Mais je vous laisser cette petite boule d'improvisation écrite en partie sur le tableau vert des chiottes d'un bar...


ombre astrale
dos mûr pour hier
science imagée

demain
tous les regards se tourneront vers un éclair de folie
appât à taupes sur un lit de
miel digéré

Commencé le 4 février 2007, terminé le 25 février 2007

CACOPHONIE DU CUBICULE

Écrit après une soirée dans un bar à ne pas entendre qui que ce soit et à ne pas pouvoir me faire entendre par qui que ce soit. Vous êtes-vous déjà posé la question pourquoi aller dans un bar? La plupart de ces établissements à Montréal sont d'un ordinaire morne, donc on n'y va sûrement pas pour la déco. La musique est tellement forte qu'il est impossible de parler sans crier (ce que je suis incapable de faire), donc on n'y va sûrement pas pour socialiser. La bière coûte 2 à 3 fois plus cher que dans les épiceries. Enfin, la liste peut continuer encore un peu...
J'en suis venu à la conclusion que les bars sont des terrains de chasse construits par on ne sait qui, comme une espèce d'enclos (de cubicule) où on entasse les gens en les étourdissant avec de la musique forte à basse fréquence et où on leur implante des puces pour les transformer en robots tueurs.
Si seulement ce n'était que ça... Nous nous saoûlons de bruits pour ne plus nous entendre nous-mêmes, jusqu'à ce que tout nous soit passer devant les yeux sans qu'on parvienne à voir quoi que ce soit. Trop tard. À la fin de la nuit, il ne restera plus rien et on aura passé la nuit à ne rien faire.
Poème urbain teinté d'une nostalgie floue, comme vue après avoir bu 30 bières, des grands espaces ensoleillés.


J'entends plus loin les cris des mouettes
imitation des gorges molles
dans la cacophonie du cubicule

un million d'abeilles volant en même temps
sur un rythme lent et engourdi
volage singularité aux rides d'un sourire passé tout droit
à l'intérieur
le silence total
arrêté sur une tente de bronze
sous un soleil sosie de la nuit sans lune
je me pose enfin la question

situer le doute derrière les yeux d'un mourant
suffit-il pour ne plus entendre
la peur?
si la pluie jette ses gants au visage de la terre
qui pourra donc dormir sous les troncs secs?

les réponses s'enlisent derrière un mur de sons
on n'a qu'à sortir du trou pour respirer
mais là demeure le songe d'être seul sur
une pelouse souillée de tambours battants

Je regarde les trains passer sous moi
et je m'endors en mimant la forme souple d'un
ouragan
bêtement abreuvé du silence irritant
de cette fleur aux pâles reflets
une ville blanche aux murs livides
liquéfiée dans un vase grec
et bue dans les coupes sacrées du peuple Érélien

le souvenir du gris chancelle
et se brise contre la brise nouvelle

on attend toujours le début
sans se rendre compte que c'est déjà la fin

11 décembre 2006

mercredi 21 février 2007

LE LABYRINTHE AU CŒUR DES MARÉES SYPHONNÉES

C'est ici que tout recommence. C'est ici que l'on voit l'Ombre pour la dernière fois. C'est ici qu'un regard s'est enfin ouvert sur une vie de fakir impotent. Ce qui fut, n'est plus. Ce qui est, doit être. Ce qui sera, sera lumineux.
On ajoute à nouveau un deuxième élément au texte. La somme en question, à la fin du poème, c'est Julie, voguant maintenant côte à côte avec moi, nous tenant l'un et l'autre, sur une mer encore énormément agitée. Mais la fissure pointe à la surface. Plus besoin de cuillère de plastique, je peux voir de l'autre côté du mur. Un mur tombé et liquéfié qui a finalement pris ma propre apparence. "Tout devient le changement". Je suis ce que j'ai voulu être, je suis ce que le monde m'a appris, je suis ton propre reflet, je suis une idée, je suis le rêve, je suis tout et tout est moi. Par la simple pensée, la réalité se tord et se métamorphose, le monde existe parce qu'il existe dans ma tête.
Vous pouvez vous approprier cela aussi. Nous, gigantesque argile prête à modeler les mains du sculpteur. Qui s'en rend compte, se rencontre et peut finalement vivre. Route ardue, semée d'ambuches perverses et démobilisantes, mais...


il faut nager rigoureusement dans cette mer
des bras en moins qui ne sont pas de trop
on boit la tasse de cette eau amère
sans pour autant en percevoir les défauts

ci-gît l'Ombre
aberration d'une pensée retardée par les flots
au centre de ce qui fut une chair pleine de virulence

des lézards de plomb s'agitent
sous le soleil d'écailles émeraude
noirceur dans la pudeur aquatique
et de la plaie se forment des songes boueux qui perdurent
ils se languissent de la lumière
d’un réverbère humide passant par-là

démenti
démantibulé
démente
des menteurs s’excluent du lot de la charge
et huit années de solitude demeurent
inchangées

tout
devient
le changement
quand sur ce mur las millénaire
vêtue de larmes grises et regorgeant des visions décadentes
l’oubli ne veut pas se faire entendre au fond des choses, il se laisse flotter, danger imminent sur le point d’exploser, et n’a d’yeux que pour une bouche, le contour d’un menton, l’éclat d’une dent, le tout fermé au
public

un spectacle terminé qui n’a jamais débuté

et nous sommes perdus dans une aile du dédale
cherchant à retrouver ces mains blanches
celles qui rêve de ton visage dans le soir
mais qui n’ont que plastique floue à caresser

perdus
cherchant à sortir par tous les moyens
mais irrémédiablement attirés vers le centre
là où
dans son propre reflet
l’Ombre s’écrase constamment

les deux sommes sillonnent
la marée les emporte

9 novembre 2006

lundi 19 février 2007

MÉMOIRES ROUGES

La paralysie des mots dans la bouche d'un poète. Quoi de plus pathétique? Une paralysie qui provoque des pertes énormes à une mémoire fébrile et vascillante. L'oubli est un thème récurrent dans ma poésie. Dès le tout début (avec le poème "Oublié") je me penche sur le problème de la mémoire et de la façon qu'ont les êtres humains à évoluer selon qu'ils ont oublié ou non leur passé. Beaucoup de gens oublient. C'est à ce moment qu'ils perdent le contrôle de leur vie. C'est à ce moment que l'autodestruction commence. Ces gens se tapent (on peut le prendre au sens figuré) sur la gueule pour des broutilles. Et des feux s'allument. Et on n'a pas le temps de tourner la tête que la Cité est en proie aux flammes. Invasions barbares ou guerre civile?

Mais ce n'est pas le but de ce poème. Prenons-le dans un sens plus personnel. Une autre tentative de percer le mur avec cette petite cuillère de plastique déjà fendillée.

Les mémoires rouges, ce sont les mémoires mortes, les corps morts dont je parlais et qui tombent avec fracas, se répandant sur cette belle herbe verte. Un lien se tisse entre tout. Un filet à mailles serrées, la toile d'une araignée sur le crack. On veut garder le tout à l'intérieur, alors que tout porte à croire que la porte n'est pas barrée...



on tente de monter la falaise
encore une fois
mais le gel du blanc et du noir m'arrête
en une lecture contemplative et éblouie
des passages se creusent dans les méandres
des bulles de mémoire sortent de mon crâne
évolution lente traversant le ciel nocturne

elles tentent elles aussi de s'élever au-delà du mur
dans la torpeur des hauteurs
trop haut dans le froid
dépression sillonneuse à travers vent et nuages

l'esprit n'est plus dans l'oubli
la mémoire atteint le sol et s'écrase
dans un flot d'herbe nappée du rouge
de sa vie

10 octobre 2006

dimanche 18 février 2007

LE MOINE, DEUXIÈME CHANT

Je ne sais pas si vous vous souvenez de mon poème "Le Moine"? C'est un peu la suite du "songe noir des glaciers aux mille mollusques". C'est aussi la découverte d'une âme à la chaleur réconfortante devant laquelle on reste là, bouche béante. Écrit la deuxième journée du Big Bang, c'est beaucoup pour le début d'une Création.
Le Moine est cet être momifié qui a déjà fait son apparition dans "Demain" et qui devra en faire d'autres dans de futurs écrits. Mon idée de la spiritualité religieuse : trop vieille et bonne pour s'effriter en poussière. Rien de plus, rien de moins. Tel est son destin. Il est le reflet de l'hubris qui tente de monter sans cesse sans regarder autour, trop souvent au nom d'une religion plus ou moins fiable. Une roche lancée dans les airs et qui retombera avec fracas, emportant tout sur son passage. C'est exactement ce que j'observe sur cette petite boule pourrissante qu'est notre petite Terre. Des tueries, des psychopathes construits par la peur, des peuples frères qui se poignardent dans le dos. Et tout le monde s'en fout (généralisons un peu, ça fait toujours du bien!).
Aussi un poème sur le poids des souvenirs. Autant peuvent-ils nous enfoncer que nous élever. En fait, seuls les corps morts de la mémoire sont là pour nous emmerder, des résidus gris et mous, persque transparents, qui viennent s'incorporer au Moi actuel pour prendre plus de substance et ronger, comme un ver blanc, l'intérieur de l'esprit. On tente de s'en débarrasser, mais plus le temps avance, plus ils s'accrochent éperduement et nous chassent de nous-mêmes, d'où ce que je suis devenu au fil des années en tentant de fuir tout ça. J'ai finis pas me déconnecter de moi-même pour ne plus rien ressentir. Ça a marché un temps, mais maintenant que je veux "réintégrer" ma carcasse, une espèce de mur me bloque le passage et il me faut le traverser avec l'aide d'une seule cuillère de plastique... C'est quand même un beau défi : percer l'immatériel avec le matériel. On verra ce que ça donne!


une montée sordide sur un roc sans bout
dégénérescence des tissus chaleureux
par ce froid qui vient du crâne

second temps des mémoires
le lourd passé des âmes sensibles
accentue le joug de la viande morte
trimballée ci et là au gré du vent rocailleux

la somme des idées abouties demeure inconnue
car la pensée n'aime pas les idées arrêtées
on n'a cure que des élans du pied
sur la chair momifiée d'un chaste désirant la vie
sourire
et rester là
bouche béante face à la
beauté

il ne sert plus à rien de monter
l'érosion s'occupe du reste

le froid demeure
cependant

8 octobre 2006

vendredi 16 février 2007

LARME EN LAME

Finalement, il restait celui-ci. On sent encore une atmosphère de guerre flotter dans un esprit survolté et en fuite. Des larmes qui font mal, qui tranchent la peau tout en coulant sur le visage, provoquant le flou sur ma vie, sur ce que je fais dans ce monde, sur la réalité ambigue de la création, sur les pensées de l'humanité. Je ne connais plus le monde et en dehors d'une boîte cachée derrière un rideau teinté de sang, le vent souffle sa présence. Des notes de piano résonnent dans le vide et je suis fou.
Comment entendre lorsque le cerveau ne répond plus de rien? On n'entend pas, on ne parle pas, seul le silence reste, un effacement toujours plus trouble alors que je m'avance dans la lumière qui m'aveugle.
Deux jours plus tard, je reçois un courriel qui provoquera des tremblements intérieurs hors de proportions. Julie Charbonneau entre dans ma vie telle une météorite brûlant d'un feu ardent et fera déborder la rivière brisée.


des retranchements incongrus s'insurgent au pas
d'un cerveau sur 220
éclairci du froid et des tentes déchiquetées

on s'imagine mal les causes
seul le silence reste
oublié par les jours qui vaguent à leurs
troubles

un flou rarissime filtré par des yeux ouverts sur tout

ce qui manque aux chants
que du vent
et des scies en formes de flocons neigeux
embrouillés par une larme en lame de laiton

5 octobre 2006

L’ENFANT OUTRÈRE

Dernier poème de ma période "néant profond". La naissance de l'enfant de l'ère humaine, résultat de toutes les peurs, paranoïas, angoisses, guerres, où les chiens se baignent dans des marres de sang. C'est dans le coeur que réside le néant, c'est dans le coeur que naît cet enfant mutant qui n'a aucune chance dans ce monde de fous. Poème visionnaire: il ne nous (les humains) reste plus beaucoup de temps sur cette terre, mais en général, on s'en fout et le feu consumme nos restes avant même la création.
C'est aussi la sortie de mon esprit qui nageait encore dans une mer d'amour impossible pour une autre épine attachée au Fil du labyrinthe. Le Minotaure reste seul, personne ne le comprend. Mais comme je l'ai dit, c'est le dernier texte de ma période d'édification néantifiée, les autres seront le résultat démesuré de cette tour vide que j'ai construite autour de mon esprit. Un miroir de ce que je suis devenu, montré à un ange au sourire qui a la force du soleil.


des ronces aux pores d’un cœur saignant
tentent désespérément d’échapper
au néant

le sommeil perce la coque déjà fébrile
et l’inconscient invente l’univers
fulgurance de bombe atomique
dans le sourire d’un sexe
sournoisement altéré par la peur
rictus embaumeur sur les plages bondées
de cadavres de rêves suicidés
où des éléphants écrasent la source
inconscients du temps redémarré

dans l’eau rouge
argent facile pour un kamikaze
des chiens s’y baignent et boivent
laissant des ombres toisonnées
sur une surface immobile
le marbre d’une année gâchée prestement
à oublier les mots qui dorment
sur la joue délicate d’une déesse
ces mots prêts à être embrassés
et avalés sans plus tarder

mais le sage finit par oublier de vivre

c’est que depuis peu
la vie a fini par l’oublier
lui aussi

étrangers dans le jour
des flammes bleues sur une nappe rouge
n’est plus que carbone en combustion
dans plus de carbone
mer noire envolée dans un vent froid
la peur envieuse achève de tuer
son entourage inconsistant
et palpite du trou béant
l’enfant de l’autre ère
mutant de feu austère
chassé par le train d’un passé obèse
et emporté à travers des ruines fleuries

voyez
contemplez la couleur du visage fugueur
incorporez dans votre esprit néantifié
l’image d’un corps sur lequel a roulé
trois millions d’années

le mimétisme est vain
l’ampleur des dégâts s’annonce futile

c’est un enfant mort-né

20 juin 2006

jeudi 15 février 2007

EN TORPEUR SUR UN OEIL

2006! Enfin! Moins d'une dizaine de texte et nous aurons terminé cette grande course qui aura durée 7 ou 8 ans. Le poème qui suit est une sorte de blague de mauvais goût sur l'amour et la solitude...


démente
la poussière sur l’œil du fleuve ébauché
on aimerait situer les corps
dans un million de cœurs
vomis par un temps mimétique

un éclair dans la figure
une génération déflorée par le manque
deux silhouettes ne se touchent jamais
et finissent mortes sur le sable
avalées
pétrifiées

enterrés dans une fange mystique
des organes subsistent
se rattachent dans le noir liquide
nébuleuse de chair rocailleuse
sculptée dans la voiture de Dali
lui-même dévoré par une fourmi végétarienne

le docteur Frankenstein s’en lave les mains
il ne peut que rire sa vie au son du vide de son âme

il est impossible
maintenant
d’arrêter le torrent boueux
limpide ragoût d’idées
subitement
enlevées d’une tranche de cervelle
morte
si belle
seule
l’angoisse persiste tout au fond
devoir creuser plus loin
les mains sales
ensanglantées
rongées par les dents-terre
une hécatombe languissante
chute vers le ciel assombri de pleurs
tout repose sur l’angoisse de vivre

l’immobilité tremble
alors que l’œil embrumé s’ouvre sur le vers
comment savoir les torts abjects
qui sillonnent les tempêtes
jusqu’à l’arrivée d’hybrides gonflés
pleins à craquer de déjections inconscientes

on oublie le rêve quand il pleut

la pluralité n’a de cesse
que dans le singulier
l’unique dans un lit de mort
fixant un plafond décomposé
où une population troglodyte bâtit
le malheur
à même la faim
où l’abstinence pue la merde

C’est que la fange solidifiée qu’est devenue le Corps Nouveau n’a plus rien à voir avec l’Homme. Nous sommes ici, dans les chimères emmêlées d’un univers à la dérive, perdu au milieu d’un espace froid et contraignant… l’intérieur d’un cerveau n’a rien à envier aux morts. D’une façon ou d’une autre, le tout ne devient plus que l’Unique, forme d’amalgame inconsistant de conscience pure au creux d’une goutte de sang. La fiction temporelle aveugle. Celle qui gère les planètes, les étoiles, la vie;
un Sumérien tranche la tête de son esclave
le pape aboie au clair de lune
cinq mendiants avalent de l’arsenic
un dieu vient de naître sur Titan

et je finis par fermer les yeux sur tout
pour m’enfermer dans l’oubli
et l’angoisse de la mort
une humidité m’aspire en son ventre
et le sommeil disparaît définitivement

j’ai vu la Fabrique de la Folie
aux confins d’elle
de lui
de toi
partout où j’échappe mon œil
ils le mangent sans retenue

pour nettoyer les murs souillés
le mort doit se lever
et frotter dur
personne ne le fera à sa place
si ce n’est le silence du caveau

21 mars 2006

mercredi 14 février 2007

ANAPOCALYPSE

Je vais vous citer un passage de mon journal personnel du 30 novembre 2005 pour mieux vous illustrer pourquoi j'ai écrit ce poème. Époque où mon coeur à la dérive s'accrochait encore à une bouée faite de plomb et où je n'avais pas encore tout à fait compris le sens de mes mots. Mes deux hémisphères cérébraux ne sont pas toujours en parfait accord...:
"Comment faire pour se débarrasser d'une obsession qui nous hante incessamment, une de celles qui perdurent et que je ne peux pas éradiquer? Je n'ai pas passé une bonne soirée parce que la personne qui me tient le plus à coeur n'évolue pas d'un iota... Comment peut-on rester si puéril, si superficiel, alors que nos goûts musicaux évoluent, que nous côtoyons des gens intelligents et même cultivés, mais qu'on reste au même stade primaire, un marais de rien, une immense flaque de vide qui ne remue même pas sous les courants d'air...?
Je désire, mais inutilement, ce désir pointe vers le néant, un trou noir si magnifique que je ne veux que m'y perdre. Infantilisation, c'est comme ça que j'appelle ça. Rien d'autre qu'un retour vers un creux de vie qui ne mena nulle part. je devrais dire à cette charmante Jocelyne que nous n'avons plus rien à nous dire, qu'il est inutile de reprendre contact. Quelque chose me retient, comme si, en faisant cela, j'allais passer à côté de quelque chose d'important.
Mais tel n'est pas le cas puisque rien ne vit dans ce sens de son côté. Je, uniquement. C'est ce que j'apelle "Anapocalypse". Une Apocalypse est un événement majeur, un bouleversement, une évolution dans la vie d'un peuple ou d'une personne. L'Apocalypse chrétienne remue ciel et terre, vivants et morts. C'est la finalité de tout, l'atteinte d'une perfection imaginée depuis des millénaires, le retour au Paradis Perdu. De nos jours, Apocalypse signifie destruction, extinction, mort, désastre, bref, la peur, la crainte, une angoisse injustifiée qui bloque le processus d'évolution.
"L'Anapocalypse", dans le terme antithétique où je l'entends, se résume en une stagnation de l'être, une anti-évolution, étape-même du temps où nous vivons et dans lequel j'évolue malgré tout, m'y trempant un peu plus chaque jour."
Oubli de conscience indécis, comme je l'écrivais jadis à mes débuts (voir poème du même nom). C'est le poème que vous lirez ici qui m'a poussé à ouvrir ce blog et à m'ouvrir au monde.


démangeaison au creux du nerf optique
aucun moyen de s’y rendre
un doigt profondément enfoui
dans l’orifice anal
la loque fébrile ébranle le monde

sigüe dans le jabot de survie
une évolution est avortée dans la pensée même du créateur
vomissure sur un mur de murmures
l’hécatombe déboule dans le chantier
de la maladie

aucun désir
que le mal qui rôde furtivement
dans un dédale d’idiotie

cadavres putréfiés dévorés par des hommes en mal d’amour
flaques de pus avalées au fond d’une idée de bêtise
je penche pour rester à la maison

les Cavaliers préfèrent se saoûler chez Carmen
les Léviathans se noient dans leur propre sperm
réplique de débile profond dans la bouche des prophètes

élégance doublée de pétulance
c’est une régression atrophiée qui prévaut
trop de manque à gagner
tomber n’est plus abordable
ne demeure que le Stagnat
un océan vidé de vie
appliqué sur le nombril de Dieu
(divinité quelconque à remplir ici)
n’a que faire des parcelles odorantes
d’une ingéniosité démesurée

le Sinistre abat ses cartes sur des crânes stériles
c’est l’ablation du clitoris cérébral
qui vient annihiler le peu qui restait
des pleurs sortis d’yeux trop grands pour plaire à l’Ancien-Nord

on finit
je m’incluse dans l’addition puérile
dans les confins de cette Apocalypse
euthanasiée
les chairs en lambeaux saignants
les os cassés sur des murs d’air
et tous finissent leur vie chez un boucher pour en finir avec leurs maux de dents
même en l’absence de celles-ci
c’est l’oubli du noir
un oubli de mort

morts
nous le sommes déjà
on ne nous a simplement pas encore enterrés

30 novembre 2005