jeudi 31 août 2006

MACHINE

Demain le futur, demain la mort. Devise des prophètes d'un temps révolu, crucifiés sur les toits de chaumières faites de pierre et de merde ou des Romains casqués de soleils les piquent de leur lances rouillées. Vingt milles ans plus tard, on regarde en arrière et tout n'est que plantes et arbres plus grands que la tour Eiffel. par-ci, par-là, on voit des ronces d'une couleur étrange, mais les questions ne se posent pas dans nos crânes inconscient: elles ont toujours été de cette couleur. Un jour, pourtant, le passé revient à la charge sur des êtres qui n'ont rien appris de leurs erreurs. Engouffrante mécanique, la civilisation ne mourra pas si facilement...


De ses courbes tortueuses
Route fibreuse le long des champs de chair
Le sourire accapare le ciel de son ombre
Et asphyxie maintes fleurs en jeunes filles

Des soulèvements douloureux tentent de crever
Cette terre douce et fébrile
Planctons de métal hurlant dans les profondeurs puantes
Tiges piquantes
Lances meurtrières et vertes
La luminosité éphémère des deux globes s’accentue
Et finalement s’estompe
Laissant rugir les rouages mutants de la machine
Vomissant la honte d’être blanche et muette

Maintes fois les vents espèrent purifier ce corps
Mais le toit des monts se perd sur l’idée de mort
Il a tort
Il a raison
Il est le tout et le néant
L’idée de l’infini illusoire
La machine vivante trop crasseuse
Pour bien rouler.

7 novembre 2001

mercredi 23 août 2006

ILLUMINATION DUPLIQUÉE

Pour ceux qui se souviennent de la Belle aux cheveux de diamants colorés, c'est de la même personne que je rêve dans ce poème. Une résurgence momentanée, idéalisation trop poussée pour une fleur qui n'avait que peu de fragrances, finalement. Non, l'amour, je le trouverai après cet épisode éphémère de rechute dans le passé. Il soulignera le début du troisième volet, ce sera une véritable nouvelle étape dans ma vie (ou le commencement de la fin...). Bien des choses ont changées depuis, peu sont significatives, en fin de compte. Le rocher ne change guère, lui aussi...


Les lumières sont éteintes
Les nombres dans la une
Pris dans le réfrigérateur
Avec la mélodie de guitare
Au songe sont renvoyés
Pour rien de plus qu’un rêve.
Et la lumière revient
Je viens d’allumer le journal
Détruisant les nombres inutiles
Et mangeant ce qui reste dans le frigo.

Les anges sont autour de moi
Mais je n’ai envie que d’aimer
Celle qui ne leur ressemble pas
Celle qui peut pleurer de joie
Celle qui peut rire de gêne
Celle qui peut se tromper
Celle qui peut mourir
Et dont le regard seul fait sourire
Malgré le jour et la mésange perdue
Dans les bras d’Atlas et de la Chance.

Sa main dans la mienne
Sa cuisse contre la mienne
Je rêve à ce baiser si longtemps attendu
Mais jamais donné.
Qu’arrive-t-il vraiment aujourd’hui
Qui puisse être si différent
Des temps jadis d’un amour sans faille?
Rien.
Que les années qui envahissent le temps
Et l’espoir d’autre chose.

J’éteins les lumières une seconde fois
Pour tenter de m’éveiller
À l’immatérielle sensation
Qui pourrait m’assaillir
Venant d’un inconscient fécond.

Les prés et la chute me reviennent à la mémoire. Je ne peux que m’épanouir sous des sentiments anciens qui arpentent le renouveau de mon être.

Art divin que celui d’aimer
Car la complexité mouvante mure
Le cœur dans la fange de la peur.

Je passe outre
Sans omettre la crainte du noir
Sans elle
À mes côtés.

Aujourd’hui plus grande que la mort
Naguère plus belle que la vie
La réunion de la vie et de la mort
Arrivée à son apogée
Terrifiée de se voir
Habitée par l’inconsciente prouesse :
Éternité superflue si faite sans elle
Immanence du cœur débordant…

12 octobre 2001

mardi 22 août 2006

DREAMS ABUSÉS

Poème sur la destruction et une de mes premières tentatives d'écriture bilingue. De plus, aujourd'hui, c'est l'anniversaire d'une demoiselle qui jadis me remplissait de bonheur et qui maintenant ne laisse qu'un grand vide dans ce que les humains appellent normalement le sentiment amoureux. C'est pourquoi ce texte est tout à fait approprié pour aujourd'hui.

Le titre original est "Les rêves abusés", mais depuis qu'il a fait l'objet d'un projet de création artistique (j'aimerais bien vous le faire écouter, mais comme je suis nul en ce qui à trait à internet, je ne peux pas mettre le lien), il s'est transformé en "Dreams abusés", entre autre aussi en raison de son bilinguisme. Rêves abusés, ils le sont tous, peu importe l'intensité du rêve ou son insignifiance, quelqu'un est toujours derrière pour lui craché dessus. Une sorte de viol mortel représenté par la bouteille qui se fait boire, le papier qui ne brûle pas, le couteau tranchant le bras de la mère qui berce son enfant.

On sent aussi le solide couler comme les montres molles de Dali. C'est une destruction liquide, un anéantissement progressif et lassif. Je pense que je vais ajouter ici le texte de démarche créatrice que j'ai écrit pour le projet artistique (dans lequel je répète un peu ce que j'ai dit plus haut...) :

"Démarche créatrice
C’est un projet qui m’a extrêmement rebuté à cause de mon éloignement face à la caméra… D’ailleurs, je n’ai pas pu penser ou trouver d’images qui vaillent la peine d’être utilisées avec mon montage sonore. Parlons donc d’abord du montage sonore. Ça m’a pris quand même plusieurs heures à l’enregistrer et à le monter. Les sons sont tous de moi, sauf le beat au milieu du vidéo qui provient d’une chanson de Tones On Tail et la chanson du générique, à la fin, qui vient des Residents.
Le montage en tant que tel
J’ai enregistré ma voix sur l’ordinateur (avec un micro très petit budget, je dois le convenir…) en suivant la musique qui jouait dans des écouteurs, pour tout de même avoir un certain rythme musical. J’ai modifié quelques éléments du poème avec le programme Goldwave. J’ai ensuite découpé, dans Premiere 5.1, les morceaux du poème narré pour qu’ils coïncident plus avec la musique. C’est un poème de ma composition qui a pour titre original « Les rêves abusés », mais j’ai changé le titre pour montrer le mélange français/anglais du texte.
L’idée du noir
Ce n’est pas que j’aie trop attendu pour filmer mon projet, c’est seulement qu’aucune idée ne m’est venue. Qu’ai-je alors fait? J’ai pensé à mettre des images fixes au lieu d’un vidéo, mais encore là, ça ne marchait pas, peu importe les images. J’en suis venu à la conclusion que, pour montrer vraiment la fond de mon poème avec la musique, il fallait que je laisse le tout ainsi, sans image. Je sais que le cours s’appelle « esthétiques des images technologiques », mais justement, j’en ai profité pour en même temps montrer un refus de l’image technologique, qui, pour moi, est l’équivalent des dessins primitifs que l’on retrouve dans les grottes de Lascaux (je pense surtout, ici, à l’imagerie numérique). Comme c’est un travail expérimental, mon but était de montrer l’absurdité de la chose en « peignant » le vide si ensorcelant, ce vide que nous percevons dans le sommeil et qui se fait abuser par les rêves. C’est le contraire que j’ai fait. Les rêves se sont faits abuser par le néant du sommeil, la mort du rêve, en quelque sorte. C’est ce que mon poème montre avec toute cette idée de destruction qui flotte du début à la fin. La présence de la réalité qui se fait détruire, donc qui devient néant, revient vers la fin, quand la Mort rêve de cette réalité. Comme elle est détruite, qu’il n’en reste que le néant, à quoi peut donc rêver la Mort? Au vide.
Une autre chose au sujet du noir : En visionnant et en écoutant « The dreams abusés », on sent une atmosphère d’inquiétude jusqu’à la fin par la simple absence des images. Un aveugle et un sourd auraient la même sensation s’ils voyaient/entendaient ce vidéo. Inquiétude du vide dans l’image, inquiétude soulevée dans le contenu du poème et dans la musique.
Je ne voudrais pas que l’on pense que j’ai fait ce projet par pure paresse, loin de moi cette idée! Le nombre d’heures que j’ai pu travailler sur ce projet, arranger des détails minimes mais importants, monter le générique et la trame sonore, ne se compte plus. Parlons d’ailleurs un peu du générique, même si ce n’est pas tellement digne d’intérêt habituellement. Il a été fait avec Photoshop et Premiere. L’idée de mettre une image en arrière-plan fait contraste avec le reste du projet. Les bruits étranges au début et à la fin de la musique nous poussent dans et hors ce vide absolu et absurde, c’est pour cela que j’ai mis cette image de générique. De plus, la musique et le petit texte du gouvernement du Québec achèvent de peindre l’absurdité derrière tout cela. Quoi de plus absurde que d’abuser des rêves?
Je pense que c’est en gros vers où ma pensée voulait se diriger pour ce travail. Les images étranges dont j’avais parlé dans le premier synopsis se sont évaporées pour laisser place à une idée beaucoup plus poussée de ma vision du monde artistique. Non pas qu’il me répugne, mais il a besoin, comme la société actuelle, d’une révolution qui le sortira de sa léthargie catatonique…"

Place au texte!


Il y a des étoiles dans ma bouteille
Qui s’évaporent quand je bois.
Combien de mondes ai-je bus
Avec ma soif ininterrompue ?
Combien de civilisations ai-je englouties
Avec mon indiscret sourcil ?
Combien de vies innocentes ai-je avalées
Sans me soucier des incendiés ?
J’en jouis juste à l’idée
Que l’univers pourrait disparaître
Par la seule pensée qui renvoie
À l’annihilation de la réalité.

Cassure du temps
Brisure des brises dans le vent
Rupture de l’espace.

Totalement infourneaux
Ces libertinages.

Que reste-t-il des montres
Des girouettes
De l’air
Des gâteaux ?
Rien que de la matière informe
En forme indistincte
Sous le regard distingué
De cette créature traversant le gué
À forme humaine
Mais aux pensées surhumaines
Et difformes.
Il cueille une pensée
Et l’offre au Néant
Qui se voit pour la première fois
Rougir.

We walk for it and read a book
Racontant la vie de la Mort
Sur un air de clarinette.
Elle pénètre sans lunettes
Un cabaret flou.
Elle croit rêver d’un fou
But dreams are fading slowly
Dans l’oubli cruel et gras
Of a madman’s soul.

Elle sait que le vent est mort.
Elle sait que le temps n’existe plus.
Elle sait que pourtant la musique continue
Qu’il y aura toujours
Tous les jours
Des carrefours où mielleusement
D’autres bouteilles se boiront
Et d’autres Morts mourront.
La réalité n’est-elle pas ce que
Nous en faisons ?
Dit-elle.

Chants faux entendus
Par-dessus la voix ferrée.
Mécanique du renouveau.
Le couteau perce avec adresse
La chair qui berce l’ivresse.
L’air s’évade
Le vent revient
La Mort ne mourra plus
Que dans le rêve de la Réalité.

Mouvoir les mondes
Pouvoir mirer l’immonde
Fatalité ancienne
D’un noyé bourgeois.
Mystère derrière l’orgie rare
Banana Taliban guru of a feast
Point encore entamé
Waiting for the dogs to come
And eat the food of the gods.

Torsions demeurant temporelles
Et le feu s’éteint
Dans la cheminée de papier.

12 octobre 2001

SABBAT

Dans le noir une toile bleue
Couvre la nuit de son opacité
Le froid envahissant
Pénètre mes os
Et ce hachoir bondissant
Pénètre les eaux

Pluie affamée de ce feu enfermé
Le serpent urbain dévore la multitude
Les conduisant à cœur perdu
Vers le sommeil de l’esprit

La toile ondule fébrilement
Au vent dansant le Sabbat
Corps nu contre les corps nus
De ces enfants oubliées
Les caressant telle une mer de doigts obscènes
Autour du feu carré
Où elles grelottent
Trempées par mes pleurs
Ces pleurs mouillant mon cœur
Comme il pleut sur la ville
Illuminée par la stupidité
Et la peur des heures passant
Sans les regarder perdre leur temps
Ces vieillards décomposés

7 octobre 2001

dimanche 20 août 2006

BRUITS DANS LA CITÉ

Voyage vers Montréal, un poème écrit dans l'autobus. Observations détachées à travers la vitre fumée, fugitives images sans vie dans les rues de Québec. On sent toutefois une étincelle de vie vers la fin du texte, mais elle fuit, toujours. La ville est un mur, les murs sont morts, la cité avale tout, Titan carnivore et anthropophage...


Bruits dans la cité
Le temps passe rue Charest
Un clochard tourne le coin
Et disparaît à jamais
Émanation de carburant
Ptomaïne mécanique
Cadavre à cliquetis
Conduisant une vie sans but

Dans la gare
Des figures connues depuis peu
Se fondent aux décors
Distribution filmique sans budget
Utilisant toujours les mêmes acteurs

Mais la demoiselle aux yeux clairs
Reste en mémoire
Visage angélique au manteau de forêt
Elle trimbale son lourd sac
Vers ce restaurant sans personnalité
Et disparaît elle aussi
Derrière un mur

5 octobre 2001

vendredi 11 août 2006

LE MOINE

Je commence à m'amuser de plus en plus avec les mots. Ils se transforment en n'importe quoi sous ma pensée qui se laisse aller à la construction chaotique. La débauche, la décadence sont de mise dans ce texte. Et elle arrive au pas de course et ne se terminera pas à la fin du poème. Oh non! Elle continuera à boire mon sang bien après, se rafinant un peu plus à chaque texte, vomissant sa muse dans mon inconscient malade de s'exprimer! Je n'y échapperai pas, je n'y ai pas encore échappé. Et vous n'y échapperez pas non plus.


Le malheur
Malheureux
N’a que faire de la bizarrerie des vieillards

Un pas de plus que lui
Le froid qui arrive à pas de renard

Débute alors une ballade
Entendue par un guerrier nomade
Le vent des tempêtes marines fuit
Vers la verte plaine aux herbes floues

Sur un cheval
Froissé de métal
Vient un moine fou
Cheveux en brousse et mains ensanglantées
Il navigue sur le rêve des idées en danger

Cent million de lémuriens se risquent
À chanter
Mornes bornes qui se bornent à la fresque
Du templier

Mouvement brusque
Langage rauque
Cette vipère arrosée de lumière
Montant vers les astres lointains
Se dit naissante d’une rivière
Aux rigoles d’un mur de satin
Habillant les affres du serpentin
Dégoûtant, rachitique et peu malin

Le moine alors mime les orages burlesques
De son visage ravagé de rides grotesques
Il nage vainement
Pour pourvoir à sa pensée le peu de pourrissement
Flottant dans les nuages filamenteux
Qu’il crachera ensuite à la figure du malheureux

Quel malheur à celui
Mû par pur égoïsme libertin
Qui ne voit là ce puritain malandrin
Pirate de l’âme et des songes proscrits
Marmonnant à l’oreille d’un loup
Mille et une façon de vivre sans façon
À la manière fougueuse
De cette minière gueuse
Dévorant
Avec un appétit de baleine
Les enfants
Durement perdus dans la peine

L’ecclésiaste fureur du bonze païen
Transporte de son miroir la demeure
Au cœur même des pleurs enfantins
Au sein du gouffre pestilentiel qui se meurt

Bien plus tard
Les regards hagard du peuple d’Asgard
Béniront l’art du moine fêtard

Et de sa soûlerie pensive
En des temps de grands cauchemars
Rêveront les anges aux bonnets violets
Lors de leur courbettes et arabesques
Autour des tours
Perdant leur missive
Dans la gueule des farfadets
Eux aussi envolés pour
Le songe noir du glacier aux mille mollusques.

30 septembre 2001

mercredi 9 août 2006

AMOUR ET CONFUSION

Ce poème nous emmène dans les tortueux méandres du passé. Ceux qui ont retenu les textes précédents verront des lignes se répéter, encombrées d'un contexte différent de leur origine. Le casse-tête se construit autour des deux mots du titre: l'amour et la confusion. Confus, le texte l'est. La musique y joue un grand rôle, définissant dès le début le côté ventilé et tourbillonné du poème, allant d'un lieu à un autre sans jamais y rester, du plus profond de la terre aux confins de l'univers.

Le refus d'action face à l'inévitable déchéance humaine et la tactique d'élucider la mort de son âme. Fier du travail accompli, l'homme s'aperçoit que rien n'a été fait, en fin de compte...


La confusion demeure
Encore une fois
Sur un rythme lent et ancien
Volant au-delà des nuages.

Piano
Flûte
Vent
Musique.

Une affreuse équation
S’empare du tout et en fait la réalité crue
Et moche.

J’en laisse dans mes poches
Ces mains fatiguées
Tant mon dégoût surpasse la civilisation.

Et l’amour
Qu’en faire au milieu des sceptres de verre?

Une respiration profonde
Sanglante
Et le train passe toujours dans son cliquetis démantibulé
D’organisation en attente de laserification mécanique.

Les moites mains et son regard demeurent
Pourtant.

Il faut se fier aux enfantins ragots
Quand il manque le sommeil pour nous
Inventer.

Le noir
Et une tache floue en constante évolution de couleurs psychédéliques
Restent jusqu’à l’illusion de la mort.

Demeurons forts comme la mort
Pour réussir à risquer une vie…
Tout n’est que mots passant en silence
Vers le volcan emportant ma Pompeï.

Les mots se perdent dans le verbe frigorifiant de la réalité croche et vieille
Se frappant contre les années
En de fantastiques explosions robotiques.

L’immortalité des dieux
Ne peut à peine combattre un simple orgasme
De l’univers.
Et toutes ces microscopiques fourmis
Avançant en rangs serrés
Se jètent dans le vide
Pour en finir avec
La
Persécution.
Elles
se font ensuite
avaler par les
cannes en sucre
affamées par les mouches tortionnaires.

Un avant-goût de délivrance.

Peut-être…
Ou la fin de la négation totale
Refoulement intempestif
Aspiré dans un continuum espace-temps
Irréel.
Utopie de mon individu
hors du temps contextuel.

Langoureuses pertes de la pensée créatrice.

Les feuilles
Tentent de tirer les arbres
Afin de pouvoir s’envoler de cet enfer mignon
Des petites amours et des grandes chicanes.

Survivre n’est plus assez si nous voulons couler au long de la rivière
Brisée
S’étirant tout près d’une nymphe endormie
Aux lèvres de satin
Et aux cheveux parfumés de diamants colorés.

La douleur accumulée dans les ronflements de la terre
Mijote dans ma tête.

Et dans le sol
Un murmure…

Un monde malade se trouve beau
Dans sa décomposition éternelle
Narcisse refuse alors de se regarder dans cet
Étang.

Il retourne chez lui où l’élévation du signe planétaire était arrêté.

À genoux
Il fond dans les fissures du plancher
Devenant sable
Revenant à Gaïa.

Ronde de nuit tout autour
Du cerveau voltigeant au gré de la
Misère bleu vert.

C’est dans un dernier soupir
que les enfants nocturnes de l’oubli trompeur
s’évanouiront dans l’air épais
d’une salle de classe dépossédée.

Souffle d’angoisse balayé par le froid
Sinon un rictus macchabique
Sur le visage de l’effroi
Scintille vivement en dansant avec les arbres volants.

Cette remarque remarquablement remarquable
M’a fait remarquer une marque
Au-dessus du ciel que Saint-Marc a écrit
Assis dans la mare que Narcisse a quittée
Pour recherché son amour fuyard.

Marche haute et droite
Ma belle confusion égarée
Amour n’est plus
là où il fut.

Remarque
Ce n’est pas chose facile
Que de meurtrir une rose en la regardant
Droit dans les yeux
Ces yeux miraculeux
Qui amènent le brave perdu vers la maison aux mille fenêtres.

Regarde ton dieu
Retourne d’où tu viens
Mais ne titube point sur l’honneur achevé qui t’assaille
De toutes parts.

La cité des enfants perdus
Se construit redoutablement
Par-dessus un délicat sentiment
Descendant
Marche après marche
L’escalier
Se rendant au plus profond de l’asile rouge
Engouffrant instantanément
Le chantant ciel bleu
Et ne laissant à la fin
Qu’une bande cahoteuse et pourpre
Symbole de la maladie se perpétrant dans son intérieur
Boueux et confus.

Confusion demeure
Encore
Mais pour peu le temps s’arrêtera.

Il nous précipitera dans le rêve inconscient
De la matrone vulgaire et bulgare en possession d’Uranus.

Rêver n’entend pas espérer.

Boniment farouche
Dicte-moi Bérénice.
Effusion mondaine musicale
Palpable
Il ne nie l’ocarina qu’en dépit du sable mouvant.

C’est là qu’il trouvera
enfin
À travers voiles que voilà violées
Par un nuage marron
La divine comédie de la civilité civilisée.

Au-delà des porcs astraux
Puant le gras boursouflé
Nous arrivons au cauchemar idyllique
D’Apollon.

Recherche d’une perception recherchée.

Non
La vie
Non
La lobotomie
Non
La gloire
Non
Les regrets.

Je ne t’aime plus
Univers
Je n’aime que le chant des baleines
Je n’aime que le baiser d’un ange
Je n’aime que le sable des mers
Je n’aime que les cailloux riant au le soleil
Je n’aime que toi
Amour sans refus
Amour disparu sans laisser de traces
Amour innocent
Et amour futur.

Tous s’écroule maintenant
Et le chiffre trois disparaît sous les décombres
De la cité
Des songes
Portant toute son ombre
Sur ma tombe
Portant sur elle toute l’ombre
de ma tombe

24 septembre 2001

lundi 7 août 2006

ANGÉLICA FICTIVE

On avance dans la pensée qui mènera à la création du texte sur l'Exformisme. Réussir à faire une harmonie avec le chaos, chose impossible dans le monde actuel, c'est en creusant dans mon cerveau qu'on parviendra à soustraire cette idée pour en faire une réalité. Utopie.

L'idée de ce poème m'est venue d'une illusion d'optique qui m'est apparue lorsque je regardais le noir de ma chambre en compagnie de ma copine du moment, en plein milieu de la nuit (je ne rentrerai pas dans les détails) et c'est là que le jeu d'ombres est apparu. Une lampe, autre chose, et voilà les ours mécaniques en train de faire une ronde infernale dans des couleurs pastelles.

Le rêve.

Il n'y a que cela qui me tenait à cette époque. Ma vie n'était qu'un vide, un trou béant. Je ne trouvais que satisfaction dans l'univers onirique de mes songes nocturnes et diurnes. Ma poésie n'était qu'une porte vers ce lieu, un moyen d'y rester plus longtemps tout en déconstruisant tout ce qui m'entourait. La destruction de mes émotions est passée par l'écriture. La voyance du monde, le manque de moyens, la fuite dans l'imaginaire, tous ces éléments m'ont envoyé dans une sorte de torpeur qui ne m'a plus quittée depuis.

Mais le dormeur doit se réveiller... L'heure n'est juste pas encore venue...
 

Chaotique harmonie
de cette plante métallique sortant
en un bruit sourd.

Et ses yeux vides miment le silence.

Rouge technovore
sur la vague sèche du monde
avalanche d’air marchant en cadence
avec le ciel.
C’est alors qu’Angélica danse
sa mort bien pulpeuse
pirouette affreuse
pour une ballerine poussiéreuse.

Aucune larme pourtant.
Que le Temps dans ses chants
s’étiolant en mourant
future lance plus tard que ce siècle.

Non, peut-être que oui
finalement.

Indécise elle se traîne langoureusement dans la lande desséchée de son cœur empourpré par la musique du cirque.

Deux ours en salopette
bleue et rouge
dansant eux aussi pour la fête triste.
Leurs yeux peints de blanc
pleurent
malgré le sourire
artificiel.
Toujours ils dansent
pour la secte du non-dit oublié
note par note
cirque sans conclusion
en France morte depuis un bicentenaire.
Cadence enfin décadente.

L’ange et l’Icare
N’auraient pu faire qu’un
Sans qu’un plus un ne fasse zéro
Sur la Lune.

En un silence bruyant
Sort de cette mécanique végétale
Un harmonique chaos.

10 septembre 2001

mardi 1 août 2006

MAGNÉTISMES

Quitter la déception du monde avec l'être aimé. Un idéal poétique, rien de plus, une chimère de plus à ajouter au tableau, car la solitude demeure toujours dans ce coeur maudit.

Une époque tragique comme tant d'autres. Tous y sont passés, peu l'ont laissé savoir par écrit. Ce poème fait partie des quelques derniers textes "basiques" que j'ai écrits. Manque d'originalité, manque de vie, manque du corps et de l'esprit, reflet de manque d'amour, surtout. Leitmotiv cinglant pour celui qui débute dans l'Adulte-Ère (comme le dit si bien Sylvain Trudel dans son "Souffle de l'Harmattan") et qui n'a d'autre compagnons que son manque d'assurance et de confiance en soi, sa gêne meurtrière et un désir puissant de hurler son mécontentement face au monde, malgré tout.

J'ai trouvé le moyen de le faire grâce à ces poèmes. À vous de subir mon courroux (mais peut-être pas avec ce poème-ci...)!


Sur un bâtiment élevé
il se tenait.
Le regard perçant le vide
Et sa tête bouillonnant frénétiquement
Il réfléchissait
à toutes ces étoiles éphémères
à tous ces chants magnétiques
à son mal physique
et au rythme de cette nocturne musique
qu’est son cœur.
Il voudrait planer au-dessus des toits
devenir un ange éternel
seul
dramatique perception de son être.
C’est alors qu’il repense à
elle.
Un oiseau multicolore et resplendissant
des yeux de félin
des lèvres de satin
un corps surpassant la Beauté elle-même.
Magnétisme de retour
le jeune homme rêve
de devenir un ange
et planer avec cet oiseau merveilleux
déesse de la Nature
intelligence intrigante…

Fuit-il des nuées d’insectes morts
ou veut-il simplement
aimer?
Mort et Vie ne font plus qu’un
quand la variante effrénée
emporte les deux êtres
loin de la
civilisation
cassée.

5 septembre 2001

XAVIER

Une autre inspiration Dead Can Dance. Tiré directement du dernier titre de Within The Realm Of A Dying Sun. Croupissement dans la solitude, pas seulement la mienne, mais celle de tous. Aussi: dédoublement de Xavier avec la nature. C'est un poème romantique dans la fleur de l'art.

On constatera aussi le jeu de mot entre étoilé et étiolées, utilisé plus tard par Pierre Lapointe dans sa chanson Étoiles étiolées... À chaque fois que j'entends cette chanson, je pense à ce poème, et à tous ceux qui j'ai écrits, qui n'ont pas eu la même notoriété que ses chansons. Je finis par me dire qu'à la place d'essayer de publier pour que personne ne me lise, je devrais peut-être mettre tout cela en musique pour les oreilles de tous. Ces temps-ci, je vois trop de gens de mon âge qui font des disques de hip-hop et ça me purge! Alors aussi bien amener un peu de qualité dans le domaine musical québécois! Histoire à suivre...


Sur la grève rocailleuse
le goéland pataud avale des pierres.
Pour le rêve tapageur
rien n’attend dans l’eau de mer.

Xavier se penche pour le regarder
cet oiseau-rat au ras du sol mouillé.

Il s’avance
larmes aux yeux
lent
sombre
si beau dans son costume étoilé
lambeaux sans ses coutumes étiolées.

Les traces de ses pas
s’échappent un peu plus de son trépas.
Il marche et parle au vent
soufflant les nuages
lents
sombres
sous une Lune et des étoiles invisibles.
Tout n’est que silhouettes
et la vision de l’homme s’estompe
dans le noir.

Coups d’ailes…

Plus rien ne subsiste.
Que le silence
et un corps
s’enfonçant à travers la vague
qui déferle sur le sable avec grâce
laissant une flaque morte
sur un mur ténébreux et horizontal.

Éclat lunaire
et le vide
sur la grève.

14 août 2001