dimanche 30 avril 2006

SOIR D'HIVER

Je dois vous avouer que j'ai été fortement inspiré (surtout par la forme, mais aussi par le contenu) par une collègue artiste pour le texte qui va suivre. Elle fut une amie d'enfance lorsque j'habitais à Saint-Félicien, nous étions supposés nous marier étant plus vieux. Finalement, je ne sais plus du tout où elle est rendue ni ce qu'elle fait. Un moment donné, au début du secondraire, on a réussi à reprendre contact, mais je crois avoir tout gâché d'une quelconque façon (j'avais pas mal le don avec les filles, à l'époque). Enfin... elle doit être heureuse peu importe où elle est!

Ce poème lui est dédié. Pour toi, Sandra Tremblay, mon premier amour.


Arrogance putride et malveillante
Quand sur toi s’abat la nuit rouge
Coulant sur ton effrayant visage
Et noyant ta stupidité sombrante.
~~~~~~~MASQUE~~~~~~~~
Ta peur s’enivre de la colère,
Une roche dans une eau calme,
Ptomaïne coulant à travers l’air
Que respirent les morts au bagne.
~~~~~~~HORREUR~~~~~~~
J’ose à peine regarder l’insondable,
Le regret qui me fait avancer
Involontairement dans cette fable
Du rêveur pourrissant dans l’été.
~~~~~~~~MORT~~~~~~~~~
Un joyau m’ouvre les yeux,
Ceux-ci qui roulent tel un tambour
Qui martèle mon cœur affreux
Sans la vie pleine de calembours.
~~~~~~~ABANDON~~~~~~~
et mon corps desséché s’enfonce
dans la terre, dévoré par les vers,
il s’anime en une marée de ronces
épineuses ruinant l’esprit ouvert.
~~~~~~ASPHYXIE~~~~~~~
Danse, danse, mon aimée Mort,
Que tombent les âmes du dehors
Et que Ténèbres envahissent de remords
Les cerveaux déjà poussière alors.
~~~~~~~DÉMENCE~~~~~~~

22 février 1999


Et vous devinez sans doute d'où vient le titre.... :O)

vendredi 28 avril 2006

BÛCHÉ DES VANITÉS

Le poème qui va suivre est un de mes préférés. C'est une scène d'exécution vue par le condamné (ou la victime, tout dépend du point de vue) au moment où il se fait tirer, dos contre un mur, impuissant face à la "Justice Suprême" qui donne le faux droit aux hommes de tuer les hommes sans qu'ils s'en sentent coupables. Pensez à un pays dictatorial, totalitaire, démocratique, ça revient au même, il n'y a que la façon utilisée qui change.

Les Hommes s'entretuent parce qu'ils ont trop de temps à tuer et ils se laissent envahir par la violence primordiale, sorte de dieu universelle qui repose en chacun de nous. Certains le contrôlent plus que d'autres, les Sages, ceux qu'on appelle des Humains. Les autres, ce ne sont que des bouffons. Rien de plus à dire sur eux, sinon que ce sont des bouffons qui ne font jamais rire derrière leur masque de ridicule. C'est dire que leur vie ne mène pas à grand chose...

En plus, ce poème a été écrit en février, le mois de la Dépression. Le délice de l'ombre dans une mare de sang coagulé.


Des organismes collectifs de bouffonnerie
s’accaparent l’ordre des horlogeries
en une orgie de passions futiles
et d’horreurs dissimulant la file
qui attend sa dernière heure,
tic tac, et tout simplement tac tac
en tourbillon dans mon malheur,
celui qui retourne l’âme, donne le trac.

Je regarde l’étang rouge qui bout.

Son odeur amère me renverse
dans un rêve étrange qui traverse
une lumière me regardant debout
près du tigre noir, et rugissant
son mal qui se répand dans mon sang.

L’horloge du temps s’est alors arrêtée
devant cette vulgaire scène oppressée.

Un œil ouvert m’observe sans me voir
et se révulse dans son au revoir.
Une autre vibration et c’est le vide,
le vide sombre qui m’emporte.

Avec lui, un ouragan avide
de châtiments infiniment sages
qui, dans leur chaleur, nous déportent
et ne laissent enfin plus aucun présage…

16 février 1999

jeudi 27 avril 2006

RIBAMBELLE RÔTIE

Un heureux souffle
Effleure ma peur

L’horreur se meurt
C’est l’heure d’ailleurs

Alors les remords sortent
Du fort de la Mort
Avec ce renard
Endormi et rude
Ronde circulaire
Autour d’un miroir
Du soir en désespoir

Ce satyre ivre mire
Le givre d’un sourire
Hypocrite
Hétéroclite

Or
La Mort ronge
La morosité horrible
Qui arrive et retourne
Sur la route noire
Ces déboires qui arrosent
Le tort atroce

Je regarde alors
Ces morts qui meurent
Et je trouve bien tard
Que ces menteurs pleurent
Dans mon regard blafard

28 janvier 1999

mercredi 26 avril 2006

LA BELLE AUX CHEVEUX PARFUMÉS DE DIAMANTS COLORÉS

Titre cucul, mais ce poème exprime parfaitement l'attente d'une action, la réjouissance face à cette attente. Mais tout est encore inaccessible. La dame est une divinité, le décor antique et moi je ne suis qu'un observateur. On peut considérer ce texte comme un rêve nébuleux, en fait. C'est plus tard que l'observateur fera part entière avec l'environnement pour enfin faire partie de l'action. Bref, c'est une poème réactif à une réponse négative face à une fille à qui j'avais demandé d'aller au bal de finissant en secondaire 5 et qui m'a dit, tout bonnement: "Si ç'avait été Martin (mon frère jumeau), j'aurais peut-être dit oui." Quelle ironie tout de même... De un, il ne s'est ensuite jamais rien passé entre elle et mon frère, de deux, elle ne se souvient absolument pas de m'avoir dit cela. :O)

Ça reste tout de même un poème d'espoir, comme tous ceux qui font partie du premier volet et une bonne partie du deuxième. Mais j'en ai écrit d'autres pour la même fille, et ça devient de plus en plus hors d'atteinte... jusqu'à la rencontre avec une autre fille. La fin du millénaire est assez prolifique là-dessus pour moi. Plein de rencontres qui ne mènent à rien. De toute façon, le 20ième siècle, c'est du passé!

Bonne lecture! Oh! Et c'est le premier de 1999!


Le soleil de l'après-midi te regarde,
toi qui marche seule et sereine
à travers une mer verte et bleue,
l'océan euphorique de la Terre.

Quelques mètres plus loin, tu me vois.
je t'attends patiemment sur mon séant,
mon regard perçant le tien, ô belle
aux cheveux parfumés de diamants colorés.

Tu t'arrêtes et te penche près de moi,
me prenant la main et m'entraînant
vers l'horizon merveilleux et fantastique
de ses rayons multicolores et fabuleux.

Nous marchons ensemble jusqu'à une chute,
une grandiose tour d'eau dégringolant
sans fin vers un paysage idyllique
où tous deux nous rendons main dans la main.

Tu t'arrêtes alors et te tournes vers moi.
Ton sourire dépasse les plus belles parures
et les plus grandes œuvres de la Nature,
sauf toi-même, qui es une nymphe divine.

Ton regard se pose sur le mien et soudain,
mes entrailles frissonnent du bonheur
que tu me transmets par ton seul regard,
par ta seule présence enjouante et magique.

Tu t'approches plus près de moi, moi de toi,
et nous nous serrons l'un contre l'autre,
cœur contre cœur, pendant des siècles,
une symphonie pour mon âme qui te regarde.

Le temps autour de nous s'arrête, fuit,
et je te regarde encore une fois.
Nos yeux se croisent aussi et se parlent,
ils veulent danser pendant toute la nuit.

Alors ton visage s'approche du mien lentement,
tes douces lèvres se posent sur les miennes
et nous dansons maintenant comme jamais auparavant,
nous envolant dans la voûte céleste s'assombrissant
et éclairée de millions de lumières féeriques.

C'est alors que tu me donnes un dernier regard
et un dernier baiser avant de me quitter,
toi, la belle aux cheveux parfumés de diamants
colorés et au sourire dépassant les plus belles parures
et les plus grandes œuvres de la Nature,
sauf toi-même, qui es une nymphe divine...

2 janvier 1999

lundi 24 avril 2006

LES BUCOLIQUES

Exercice de style pour un court de cégep! Il fallait s'inspirer d'un extrait des Bucoliques de... mes cours sont loin, je ne me souviens même plus de l'auteur (honte à moi!!!). Enfin, voilà ce que ça a donné de mon côté! Amusez-vous!


I (alexandrins)

Tityre, reposant sous un énorme hêtre,
Enchantant la Muse de ton léger pipeau,
Et nous tous repoussés de nos fidèles terres
Où vivaient nos aïeux, tu chantes sous cet ombre,
Retentissant dans l’air, bondissant tout là-haut,
Le nom d’Amaryllis résonnant dans les arbres.

II (forme libre)

Ô Tityre sous un étrange hêtre
À la si douce Muse tu dévoiles une mélodie de flûte
Tandis que nous fuyons bonnes terres et champs vigoureux
Jadis propriété de nos pauvres aïeux

Tu te pâme joyeusement sous l’ombre du géant
Soudainement pris d’inspiration bucolique
Et chantes à travers les bois immenses
Le nom de la ravissante et charmante Amarylle


Ah! C'est Virgile l'auteur! :O)

vendredi 21 avril 2006

RETOUR

À l'époque, la mort était un peu une obsession pour moi. Je me demande même, en continuant comme ça, si je n'allait pas devenir un gothique. Cheveux longs, toujours habillé de noir, à vivre dans mon sous-sol et flottant dans mon monde sombre et dépressif. Remarquez, aujourd'hui, enlevez le sombre et la dépression et ça ressemble encore pas mal à ça!

Avec la relecture que j'y ai fait, le poème qui suit est une première ébauche de la destruction du monde d'Era dans le "Dernier Soupir".


Les prés verdoyant et ensoleillés
Par la lumière de ce chaud feu
Le ciel cabré d’un bleu si clair
L’air vivifiant et sain à humer
Tout cela s’estompe tranquillement

L’herbe grisâtre prend la place
De ce duvet vert et flamboyant
Qu’était ce champ où nous marchions
Pendant des heures interminables
Mais si délectables et chères à mes yeux

L’astre jaune qu’était le soleil
S’est évaporé dans les étoiles noires
En un vacarme repoussant et bruyant
Tandis que l’air se vide de ses fragrances
Qui nous envoûtaient durant ces journées
Où nos yeux cherchaient la même chose
Ce regard qui scrutait l’univers infini
Dans sa plus glorieuse grandeur

Maintenant
Tout est bien terminé
Nos yeux et notre âme sont perdus
Dans un oubli de réflexion spontané
Sur un océan de bulbes toxiques
Regorgeant l’apparence frêle de ceci

Ceci qui marche doucement vers moi
Qui me regarde me fondre dans ses globes vides
Et qui me sourit comme pour m’inviter
À faire une dernière danse pour toi
Et pour elle
Pour elle qui est si noire

Je me retourne pour chercher le soleil

Je déclare ouverte la séance ténébreuse
Celle qui annoncera la disparition subite
De cet être qui veillait sur nos têtes
Et qui portait naguère le nom de Rê
Avant d’être étouffé par l’évolution
Du cycle perpétuel bouchant le conduit
Martelant la baie au songes nouveaux

C’est maintenant en la présence soudaine
Devant moi valsant une danse funèbre
De la Grande que je marierai l’or vert
De tes yeux intenses envolés au loin

Elle est de retour
Encore une fois
la Mort est de retour

22 décembre 1998

jeudi 20 avril 2006

ENGOUEMENT

Chants de paraboles psychosomatiques

Je m'entoure de vos lumières enflammées et sveltes
Pour me dévorer ensuite
Dans le buste d'un arbre
Emporté par le soleil d'automne

Un vent violent

Routes infestées d'orages colériques et de mires endiablées

Je me retourne enfin
Pour respirer le rayon frigide de la terre sous mes pieds
Et je regarde d'un œil incrédule
La pâle accalmie du ciel
Gelé à son tour par des oiseaux d'une âme inventée
De part et d'autre de l'univers

Songe à l'aube
Songe au temps qui passe
Songe au triste vent qui regorge tes sens

Et plus tard
Vers la fin du jour
Un indice de la Lune nous enviera
Et dansera dans la direction de l'oubli
Emporté par l’insondable remous des eaux troubles en temps de courroux

Ce sera un regard vers les étoiles
Qui changera la vision éperdue du fleuve coulant dans mon corps
En ébullition extrême et éternelle

Les cris glauques des rapaces nocturnes menteurs
Percent mes tympans
Et s’en vont loin vers l’horizon
Où l’infini les attend avec une impatience fugitive

Non
Jamais
Ne
Pas
Sans
Aucun
Absent
C’est un engouement futile face aux cohortes
Attendant ma venue tranquillisatrice et apaisante
Dans un lendemain qui n’arrivera jamais

7 décembre 1998

mercredi 19 avril 2006

M POUR MORT

On a tous un jour côtoyé la mort de différentes façons, ne serait-ce qu'en tuant des grenouilles en les frappant sur le bord d'un trottoir alors qu'on n'a que trois ans. C'est un peu moins drôle quand la mort frappe un membre de notre famille, et encore moins si ce dernier était plus jeune que nous et qu'il n'est pas mort d'une mort naturelle. Le poème qui va suivre est une sorte d'hommage et d'au revoir à un de mes cousins qui n'a plus voulu de la vie qu'il vivait. Je n'ai jamais su pourquoi il avait fait cela, et je ne sais même pas si je veux le savoir.

C'est aussi à ce moment que j'ai versé les dernières larmes de mon corps et que le processus de robotisation s'est totalement enclenché. Plus rien ne pouvait être pire que la mort de mon jeune cousin... et je n'ai encore rien trouvé de pire aujourd'hui...


(À Mathieu Roy, mon cher cousin mort par la folie d’une société qui enfonce dans l’aliénation…)

Un jour il était là
Le suivant
Déjà loin

Il est parti en nous laissant tout hébété

Une parcelle d’univers s’est éteinte avec lui
Désespérée de fuir une cacophonique vie

Sa beauté cadavérique vibrait en moi
Comme des coups de marteau puissants
Résonnant dans les cieux noirs et orageux

Une prestance en soi qui ne vaut rien

Et les flots se sont abattus
Solitude
Comme une marée de sang regorgeant
Mon cœur
Les catastrophes accumulées
Et je me fond dans cet être si pur

Brutal
Vif
Désertique
Renfermé
Océanique
Réactions en chaîne tumultueuses du cycle
perpétuel de la Mort à sont travail

Sans cesse des regrets malheureux accablants

Une jeunesse est trop peu pour partir avec toi
Vilenie

Je te déteste

La fête est terminée pour lui
Je voudrais te regarder encore une fois

Un jour il était là
Mais le suivant
Déjà loin

Trop loin

6 décembre 1998

mardi 18 avril 2006

POURQUOI?

Le poème de la question ultime sur tout. On en vient tous là un jour, à se demander ce qu'on fait sur cette Terre et que veut dire tout ce qui nous entoure. Une colère sourde résonne dans ce texte, une colère contre une humanité aveugle et l'incapacité de tous, moi inclusivement... Pourquoi? Une question sans réponse.


Pourquoi un rêve dans cet inconnu,
cette métaphore humaine
qu’est une existence futile dans le brouillard,
épais cauchemar en mon âme…?…

Pourquoi un jour après l’autre,
perpétuelle routine arrachant
les cœurs fragiles de solitude
et perdus dans tout l’infini…?…

Pourquoi mourir tous les jours
en se tenant la tête à deux mains,
boire le néant à gorge déployée
et s’endormir profondément…?…

Pourquoi aimer de tout son cœur
quand personne ne veut recevoir
ce que je peux lui donner,
ce qui m’enchaîne à la terre…?…

Pourquoi célébrer la Mort de deux millénaires
crucifiés pour rien de plus que la Mort
si je ne peux regarder en face
celui qui nous a tous maudit…?…

Pourquoi devenir un adulte incompris,
vie conformée en communes historiques
dans une foi brisée par l’âme
et envolée vers l’éternelle indécision…?…

Pourquoi un univers tournant sur lui-même
si vous ne pouvez même pas régler
l’horloge cassée de vos esprits maladifs
de tenir la puissance tellement inutile…?…

Pourquoi regarder tout droit,
vers l’horizon diminuant la pensée…?…
Pourquoi ne pas défier la Nature
et détruire toute l’idéalité du monde…?…

Pourquoi rêver ?
Pourquoi vivre ?
Pourquoi mourir ?
Pourquoi aimer ?
Pourquoi célébrer ?
Pourquoi obéir ?
Pourquoi vieillir ?
Pourquoi ?…
Pourquoi ?

4 novembre 1998

lundi 17 avril 2006

JE CROIS

À l'origine, ce poème a la forme d'une croix, avec la grosseur des mots ajustée pour que tout soit bien droit... mais avec mon expérience dans le domaine du site web, je préfère en faire une moitié de croix (parce que ça ne marche pas pour faire une croix complète). De toute façon, avec cette forme-là, ça a plutôt l'air d'un zombie bedonnant qui marche les bras devant vers une proie, ce qui revient au même en tous points! La forme était surtout là pour mettre l'accent sur le premier vers et le cinquième. Enfin, bonne lecture!


Je crois
Qu’ailleurs
La Mort est
Sagesse.
Je crois
Que la
Majorité
Est une
Majorité
Qui est tout ce qu’il y a de plus laid et de sale.
Regardons en notre âme tout ce tourment en furie,
Éloignons-nous des fausses visions humanitaires
Dans ce
Regard
Mortel
Et flou,
Ce monde
Qui croit
Que nous
Allons être
Des pauvres
Petits chiens,
Bavant au
Pieds de nos
Maîtres, de
Notre chère
Maîtresse
La Mort,
Une douce
Symphonie
Lugubre
Dans la nuit.

29 octobre 1998

vendredi 14 avril 2006

IN UTERO (poème en prose)

Voilà. Le texte qui va suivre pourrait être considéré comme une petite nouvelle. Au commencement, je l'ai séparé en vers, mais plus ça allait et plus je me disais qu'il gagnait à être déconstruit et reconstruit en prose pour plus de fluidité.

Ça commence un peu absurdement, mais rapidement, on tombe dans une fantaisie qui caractérisera plus tard mon épopée de l'Ange Noir (avec le Dernier Soupir). "In Utero" se retrouvera d'ailleurs intégré au Dernier Soupir. Je n'analyserai pas ce texte, je vais plutôt vous laisser vous imprégner par lui, c'est tout de même un peu plus long que tout ce que j'ai mis ici jusqu'à présent. Suivra ensuite des commentaires que j'ai laissés à l'époque et quelques années plus tard.
Alors sans plus tarder...


IN UTERO
(poème en prose)

J’ai rencontré un chien dans la rue, sur un trottoir mouillé et infesté de mauvaises herbes un peu bourrues, celles qui volent dans l’air humidifié. Cette étrange boule de poils m’a dit qu’il s’était fait marcher sur la queue mais qu’il s’en remettra lundi, il n’avait pas le choix malheureux ; c’est son jour de piqûre, m’a-t-il dit, où il se fait porter à la fourrière et voler son âme de chien maudit tous les lundis, oui, et c’était hier.

Nous avons marché en discutant, nous fichant des passants non pensants, et en dévorant un onguent de sang sans nous rendre compte du temps filant comme un long ouragan du sud, une tempête engouffrante d’attitudes engagées d’un parfum très opportun à la position dont avait le cajun qui regardait passer les nuages gris en criant des insanités comme une pie.

Il m’a aussi dit que rien n’existe, car rien ne reste quand on oublie, et si personne ne peut se rappeler, aucun passé ne peut exister. Rien ne reste quand j’écris si personne ne se souvient de ce qui existe, pas même la lumière, ni la noirceur, car si on les voit, on peut les oublier en attendant pendant une éternité la création nouvelle qui se meurt.

Il a dit : « La vie est courte, l’ami! mais n’oublie jamais qu’ailleurs ou ici, les gens sont tous pareils, je m’y connais, et quoique tu fasses, disparais! C’est ce que je tente de faire chaque lundi, mais cela m’est impossible, je suis pris! Envole-toi très loin, retourne d’où tu viens, (d’où je viens?) là où tous les êtres se comprennent bien et où mon cœur rêve toutes les nuits. Ne reste pas dans cette jungle et fuis! »

Bien sûr, un tiens vaut mieux que deux tu l’auras et c’est ce que j’ai fait à la première occasion. Je me suis envolé très haut, à travers sillons de poussière d’étoiles, envolé jusqu’à l’amas de plusieurs galaxies en mouvement, où j’atterris au centre joyeusement. Une horde de vaillants chiens arriva et me salua très poétiquement : « Ô noble étranger qui vient du firmament, du fin fond de l’univers tout en émoi de perdre son doux sourire blafard, sois le bienvenu parmi nous tous qui t’accueillons sur cet éternel pulsar et où la vie idéale mousse et pousse! »

Je me suis alors accroupi et assis, les serrant tous dans mes grands bras, en les embrassant tellement fort. Je souris. Ils rient aussi, perdus dans l’oubli de l’embarras. Un monde où tous se comprennent bien, c’est vrai, point ne savais-je que seul moi pouvait comprendre leur fortune sans rien, leur bonheur enchanteur dépourvu d’effroi. Un sentiment que je pouvais tâter de mes mains et une douceur battant la vitesse d’un train.

Je suis parti avec ces canins étranges visiter les galaxies utopiques, parfaites, que ce chien terrestre à l’allure hirsute m’avait tant vantées dans sa chute, et j’ai senti, pour la première fois, quelque chose qui clochait dans une grange. Une fête avait éclaté, et quelle fête! Un festin dont j’étais le principal repas. Ils m’ont transporté sur un autel, peu confortable d’ailleurs, pas comme à l’hôtel, et là, une vision des plus parfaites apparut. Une femme, et non un chien, en robe blanche et transparente, au visage angélique. Sa voix musicale sonnait en ut et disait : « Laissez m’en une tranche, je ne veux point de part atrophique! » C’est là que je réalisai la raison de ce monde si parfait qui faisait qu’il était de ces plus parfaits. Une chose est morte ici, la passion. Je réussis à défaire mes solides liens, mais plus jamais je ne serrerai de chien.

Je courais tel un taureau en furie, traversant cette cohue canine et cruelle en piétinant quelques âmes impies (âmes maudites?) détachées en infimes parcelles qui volaient en éclats rouge vif sous mes pieds de la même couleur qu’une haute marée où tous se meurent, un rêve immense devenu passif, un petit feu follet fort peu fidèle, un oiseau saignant et battant des ailes...

Une intense lumière me fit perdre équilibre et raison en même temps, stéréophonique. Une brillance accrue et agoraphobique, je m’accroupi près d’un arbre en pleurs? Tout autour de moi s’était transformé en un horrible cauchemar où j’étais la cible. Et la panique surgit de mon effroi telle une ombre infâme et cruelle sortant d’une sombre et sale ruelle pour estropier une pauvre victime d’une société tombant de sa cime.

Je me suis éveillé dans le noir, je ne pourrais dire s’il était tard, car plus une lumière ne brillait aux cieux. Un sol froid, terreux et poussiéreux était l’endroit où mes yeux fixaient. Une sensation étrange surgit de mon être ; une étincelle noire et chaude rageait et bouillonnait telle les feux de l’enfer. Et soudain, sous l’obscurité opaque, un flocon de neige ébranla la balance du monde qui entourait mes pensées les plus incompréhensibles, dans un sac qui venait de s’ouvrir comme une lance perçant le cœur d’une charogne désossée.

Je me levai donc pour m’apercevoir que cet univers se décomposait. Il vieillissait dans l’étroit entonnoir qui très tranquillement m’engouffrait dans ses entrailles sombres et noires. Mon esprit s’échappa rapidement de mon corps agissant comme une foire, celle où de nombreux chiens savants, (encore des chiens!) qui dansaient autour et qui allaient boire tout mon être, se transformaient tout d’un coup en difformités purulentes aux abois qui rôdaient dans une forêt en dessous d’une grange où mille feux grégeois fusionnaient avec la nature sans cesse en constant changement, un miroir face à la forte température en baisse.

Je me souvins soudain que dans ma poche se cachait un objet inusité et simple, une allumette gisait sous une roche, une chandelle en main telle un temple grec abritant quelconque déesse nue dans la tempête qui régnait en cet antre de pures délices et d’orgies cornues et où je venais de découvrir que j’entre dans le véritable état de ce monde parfait qui ne l’est plus vraiment en fait, car le visage du mensonge immonde s’est montré à moi malgré le regret que je porte à mon univers perdu et à jamais loin derrière, disparu...

Je me lève soudainement, le vent soufflant dans mes cheveux gelés par tout ce froid, l’allumette envolée dans l’air reposant et ma bougie veillant toujours sur moi, une pauvre âme seule au milieu de tout ce désert de neige, cette poudre cacophonique de gêne sortant tout droit de cette gueule qui s’ouvrait à moi tout là-haut, dehors. La face cachée de ce monde parfait était maintenant révélée, une horde de créatures décomposées en agrès se précipitait vers mon corps froid pour me donner en pâture au roi. Le roi du royaume de la perfection voulait à tout prix attirer mon attention vers le trou que je faisais devant lui, vers mon corps qui disparaissait sans son autorisation dans cette nuit, et mon âme s’envolait et dansait.

Non, je ne retournerai plus jamais vers cet univers de perfection factice où toute l’abolition de nos caprices en fait un enfer de total rejet. Non, jamais plus je ne souffrirai dans cette noirceur de chiens cruels, dans cette animalité canine éthérée et jamais plus de peurs éternelles dans cette nuit infâme de bestioles affamées de mon âme si fragile, si pure, entourée d’une belle auréole et devenue si ouverte à tout ce vil revenant qu’est devenu mon corps que je devrai renaître de cette Mort...

Je m’entoure de plénitude avant de redescendre vers mon propre rêve qu’est ma vie tranquille, mon Ève. Ensuite je me tourne en regardant le soleil se levant devant mes yeux. Ce soleil si brillant que j’en suis aveuglé de bonheur. Ce bonheur heureux qui m’absout de son souffle aveugle et avec qui je rencontre mon âme sœur. Je veux Aimer de tout mon cœur je veux t’aimer et vieillir avec toi, ô ma douce éternité au-dessus des toits, pour que reposent enfin ces tourments de chagrin qui explosent en mon crâne. Tous ces terribles regrets profanes et infernaux accablant mon chant.

Ouvrant ton cœur aimant et chatoyant, tu ressembles de plus en plus à ce quoi je voulais toujours embrasser en pensant à ces journées écoulées, ces nuits sans toi. Ton besoin se fait alors sentir au fond de moi, qui étais parti vers ce monde qui croyait en la perfection de la vie, oui, une vie sans toi. L’amour n’existant pas, cet univers est devenu laid, en autodestruction de par ma seule pensée qu’au fond, tout cela lui manquait aussi ; que le sentiment très fort et éprouvé lors de ta rencontre lui a fait saisir ainsi qu’il était alors perdu dans ses troubles incommensurables et vains de perfection.

Pourquoi la perfection quand on peut avoir en sa possession le plus grand secret du monde, et qu’elle n’existerait pas sans ce pouvoir de contrer cette perfection si immonde? Je vous le demande, en fin de cette longue route, quelle est la plus belle chose d’entre toutes : écouter un sale cabot nous dictant les vertus de l’Humanité, ou être disposé à voir nos bévues? En vérité je vous le dis : Écoutez votre conscience, cette petite flamme au fond de votre âme qui allume les feux les plus vigoureux de l’essence d’une vie trop précieuse pour un puits infâme, et devenez en même temps cette flamme pour qu’enfin vous respiriez cet air si pur qui vous souffle à l’oreille les obscures folies que sont les beautés d’une femme et ces songes qui vous transportent loin de toute civilisation perdue dans les desseins de la perfection en constante absence, cette civilisation perdue dans la recherche de ce manque à l’être humain en transe, envolé dans ses rêves qui cherchent une autre solution à cette trop belle perfection, et qui devient un chien au milieu de la circulation...

27 octobre 1998


"PETITES EXPLICATIONS DE « IN UTERO »…
27 octobre 1998
Quelle est donc cette histoire de chien? Le chien représente le meilleur ami de l’homme, son plus fidèle compagnon, n’est-il pas? Quoi de mieux que celui-ci pour conduire un être humain dans la plus grande dérision, dans la grande impasse du questionnement humain : la perfection? Comment ne pas succomber à la tentation d’envoyer l’Homme (avec un grand H) dans son propre enfer que par ce si amical animal? J’ai succombé à cette tentation – personne n’est parfait - mais tout cela n’est pas venu en criant shazam!!! Au tout début de mon histoire, je n’avais pas du tout idée de la suite du texte. Tout m’est venu au fur et à mesure que j’écrivais, comme si un esprit avait guidé mon bras supportant la main qui écrivait. Tout cela pour dire que, en fin de compte, les chiens on des dents, pas seulement du poil qu’on peut flatter, et qu’il faut se méfier même de ces beaux compagnons…

7 novembre 2000
Deux ans presque jour pour jour. Une coïncidence? Peut-être pas. Je voulais simplement ajouter quelque chose au paragraphe plus haut. En relisant In Utero, j’ai découvert qu’inconsciemment, j’avais fait une métaphore de la vie et résurrection du Christ… À moins que je ne me trompe… Il me faudrait l’avis d’autres personnes. J’ai aussi, au milieu de l’année 2000, transformé mon texte pour qu’il soit écrit en prose. C’est cette version qui est plus haut. Vous remarquerez aussi que le thème de la perfection est très récurent dans mes écrits, surtout mes poèmes, si vous les avez lus, ce que vous devriez faire si ce n’est le cas. Je fais aussi une allusion à un autre texte que j’ai écrit je ne sais plus quand qui s’intitule "Ici, sur Terre..." C’est dans le huitième paragraphe. Lisez "Ici, sur Terre..." et vous le trouverez!"

14 avril 2006
Pour ceux qui ne sont pas au courant ou qui ne l'ont pas lu, "Ici, sur Terre..." est la première partie d'une trilogie qui fusionnera en un seul roman, celle de l'Ange Noir qui a fait son apparition dans quelques poèmes déjà. Un jour, pas maintenant, il verra le jour ici.

L'ÂME

Ce qui suit est un poème qui n'a jamais été terminé et qui ne le sera probablement jamais. Il n'est pas très long, et de toute façon, c'est une bonne chose parce que celui qui viendra après sera le plus long en date (4 pages de poésie en prose). Mais c'est pour un autre jour...


L’insondable obscurité qui dévore
Chaque jour, un peu plus que le précédant,
Les lumières oisives d’un regard pendant
Dans l’orgueil d’une soudaine Mort,
Isole mon cœur à la recherche de l’âme
Où réside mon courroux infâme.
Elle approche, mon étoile filante,
Ma flamme éternelle, une goutte simple
Dans un échelon de tristesse accablante,
Un brûlant désir mutant dans une plainte
Encore jamais accédée dans ces hautes
Sphères des confins de l’univers…

23 octobre 1998

jeudi 13 avril 2006

NOIRES, LES HORREURS

Un souffle terrifiant, mordant dans mon dessein
Où un loup rugissant hurle les morts à l’aube
Du renouveau vital et insondable éteint,
Un regard orbital, noire l’horreur de l’aube.
Sur un pic haut gelé, l’une des créatures
Me surveillant ici, songe aux sources obscures
Qui refoulent la nuit, un jour où tout est noir
Et où elle a volé, ciel de Mort, ciel de foire.

Le lugubre monstre se fourvoie, quelle angoisse,
Le désespoir montre que ce n’était que poisse,
Une peur si cruelle et horrible à la fois,
Mon courroux de plus bel remonte mon émoi.
Noires sont les horreurs, d’une vieille vie
Toujours vidant un peu son souffle maternel
Dans les méandres bleus de la mer éternelle
Où mon songe se meurt, où mon rêve s’enfuit.

21 octobre 1998

mercredi 12 avril 2006

SOUVENIRS

Sachant
Voyant
Entendant
Goûtant
Je pense
Je vois
J’entends
Je goûte
Ce nectar si pur
Cette eau si douce
Le breuvage de la grande puissance
Une goutte dans l’océan maudit
Avatar des chants de gloire morte
D’oiseaux infernaux rugissant
Dans la voûte du gouffre lent
À vivre
À mourir
À aimer

Pour tout jour
Un jour de foire
Insipide cruauté
Atroce fleur
La fleur du mal
Une infamie

L’ombre verte se pose sur nous
Et avale nos songes
Et plonge
Et plonge dans le noir avare
Marée incandescente sur un lit
De boue gélatineuse et blanche
Qui en putréfaction grandit
De tous mes souvenirs malheureux
De tous mes tords maléfiques
De toute ma soif d’espérance
S’envolant au loin dans le noir
La nuit éternellement épiée
Par le hurlement de la rivière
Qui verse son sang en moi
Comme un sablier oublié
Sous le couvert du vent fuyant

Sortir des rêves
Une herculanie
Un divin mouvement de recul
Pour une vision de cauchemar

Ces mouvements de galopement
Font en sorte que le sourire
Du soleil s’humidifie de larmes
De pointes d’éternité déroutante
En un spasme vigoureux du sort
Qui attend le creux de la Vie

Et la Mort attend
Elle attend
Elle attend que vienne en fin de route
Le large répertoire d’idées sombres
Qui flotte dans mon univers
Personnel
Confus
Éloigné
Triste
Et que finisse enfin le refoulement
Des anges du passé
Du présent
Du futur qui avance à pas de loup
Et qu’ils comprennent enfin tout cela
Tout le manque d’imagination
Tout le déroutement d’une foi
Qui depuis longtemps refoulée
Tente désespérément de sortir
Du trou Mort qui me sert de cœur
Et qui devient
En un tour de main
Tous les souvenirs qui me hantent
Toutes les fois où il vivra enfin
Dans mon chagrin envolé

30 septembre 1998

mardi 11 avril 2006

OMBRE NOIRE

Le poème qui va suivre est un pastiche que j'ai eu à faire dans un cours au cégep d'un poème de Supervielle qui se nomme, je crois, "L'oiseau Vert", mais je ne suis pas parvenu à le retrouver. Et je ne sais même plus si c'est de Supervielle, en fait... Ça fait quand même huit ans...

Toujours est-il qu'il est inspiré d'un poète connu. Ce que j'ai fait, finalement, c'est de travailler le côté sombre du texte pour en faire, comme une grosse partie de mes poèmes, une ode au vide et au Mal (prendre dans son sens large et non strictement le réduire à son sens négatif). Ça a donné ce qui suis :


L’ombre, endormie dans ses pensées noires,
Par un songe étranger entra dans ce néant,
Un endroit insidieux et si peu enjoué
Où l’air empeste et rend toute vie enrouée.

Ailes cassées, âme déchue, les yeux brûlants,
Elle devrait posséder tout le désespoir.

Des bras, cœur meurtri et son rêve très peu magique,
Qu’en faire si l’on est une ombre euphorique,
Et quoi entendre de ronces et vignes brisées
D’un sommeil éternel, la courte Mort évadée ?

22 septembre 1998

dimanche 9 avril 2006

ÉTÉ MENTAL

Dans la lumière nous naissons
Dans la lumière nous mourons
Mais nous ne rions jamais
Dans l’impasse du marais
De la noirceur de l’âme
Et dans la Mort qui se pâme
En un rictus macchabique
D’une vieille demeure ecclésiastique

L’envoie d’un sourire ment
Car un esprit critique lent
Pourrit le mortel qui pense
Et retarde son effet de transe

20 septembre 1998

samedi 8 avril 2006

HYMNE AU VIN

coule coule en moi saint breuvage
réchauffe mes entrailles en bel âge
et viens exciter mes neurones éphémères
en une folle pluie de vin amer
enivre mes sens exaltation chaude
que mes pensées floues effleurent
les dieux en pèlerinage vers l’aube
où les deux soleils des deux Heures
plombent sur mon corps acceptant
tant de douceur venant de toi
éveil le regard fuyant du temps
chante les cris monte sur les toits
des éternelles cloches mortes
qui ne connaissent point ton aura
magnifique et puissante et forte
et on viendra on t’honorera
dans toute ta splendeur limpide
lorsque par gorgées nous boirons
le délicieux et apaisant liquide
qui coule à flots de tourbillons
emportant toute humeur noire
et le monde boira ton rouge sang
pour célébrer les plaisirs du corps
et oublier le vent rugissant
sa colère parmi les arbres verts
qui juchent les pavés de l’enfer

18 septembre 1998

THE SUN'S OVER MY HEAD

blue skies in splendor
light washing sorrows

in the middle of ecstasy
the land gets brighter
and now
we smile
at the yellow circle sun
shining over our heads
skinny lies
hairy tales

as we walk in the alley
of magnificent happiness
where no-one knows anything
the reason to Green Laughter
of knowledge and wisdom
appears out of nowhere
roaring bubbles of truth
in heaven's dreams
waiting together in silence
for the sun to leave us
we take it to the rain
and clouds
gray and white
and blue fading away
and life going on and on
from the song of the birds
flying in midair
to the lightning bolt
striking my very heart

and then
I dance slowly
while the night comes
and the clouds go away
to let the Moon see
the joy of spiritual waves
through the stars

in night sky rising darkness

28 juillet 1998

Bref, un genre de copie plus travaillée du poème "The light"... Je préfère la traduction que j'ai faite après. J'ai beaucoup plus de facilité à jouer avec le français. Je ne vous écrirai pas la traduction, parce que ce n'est pas un original, et c'est plutôt sans importance, en fait.

Cet été fut une époque plutôt morne et c'est avec la fin de l'été que mon esprit commence à dérailler complètement et que je commence vraiment à m'amuser avec la poésie, comme vous verrez avec le poème suivant sur le thème du vin!

Un autre jour...

THE LIGHT

while the skies are blackening
I can't do anything but smile
in a mood where my heart is rising
up, so far, going for a hundred miles
following a light quite delightful
in the garden of swooning bliss

alone, I feel the heat of waves of full
sunshine, this I don't want to miss

where I go is a magnificent place
those one of pure happiness and kindness
still the light always shines for me in a pace
so fast that my eyes become helpless

but it doesn't matter, because I feel
deep within my heart and my wide mind
the light so hot and comforting, yes I feel
all I can feel and, at last, I remind

the day when it all begun
in the light

19 juillet 1998

Lumière, en effet, un phare au milieu de la décrépitude d'être moi à cette époque, tombant amoureux de toutes les filles que je rencontre. Ce sera encore pire dans le prochain et dernier poème en anglais de la phase "camp de concentration à Edmonton", où je me laisse même aller à le faire lire à la demoiselle en question qui était dans le camp avec moi (elle s'appelle Marie-Ève, si je me souviens bien, mais c'est tout ce que je peux me rappeler, mis à part ses yeux d'un bleu comme la mer). Ce n'est pas non plus la dernière fois que je donnerai un poème à une fille, et je vous promets de vous faire part d'une petite anecdote qui vient avec pas mal chacun d'eux (pour le peu qu'il y ait).

Sur ce, la nuit vient de s'ouvrir les tripes pour laisser venir dans quelques heures le matin. Mieux vaut aller sommeiller au son des Éditeurs...

vendredi 7 avril 2006

THE PSYCHOSOMATIC KINGDOM'S COMING

Vous avez bien lu, c'est de l'anglais! Je suis parti 5 semaines à Edmonton dans un camp de concentration en anglais et comme il fallait jusqu'à rêver en anglais, et comme il fallait aussi que j'écrive, je l'ai fait en anglais. Il en est résulté trois poèmes tout de même assez bien malgré mon manque de bilinguisme de l'époque. Voici le premier...


sleeping in a restless lethargy
and gnaw the ropes attaching me
yet in a world of a hoarse lucidity
forgotten on the road of the dark abyss

the black streets of eternity send me
toward a bramblous weeping willow
taken away by the extreme winter wind
where dance tears of bitter pain

disintegrating myself in the cold air
the frontiers stopping me dispel at last
letting behind a misunderstood dawn
swallowing the deepness of sorrow

in my engulfing head
through my mind
i kill the strange beasts running around my ankles
eating sparking stars
beneath the high skies of the earth

death
life
spirit
body
all melding
into a solid wrath of anger and fear
hollow grounds surrounding the remains
of an injected refusal in the psychosomatic kingdom

flying like an uncanny angel
the Black Angel of Sorrow
returning
crying aloud his loneliness in twilight
with the Moon
with the Man of Time

15 juillet 1998

mardi 4 avril 2006

Les frigos de l'Enfer - ISOMÉTACACOPHONIE

Il fallait que je vienne m'extasier de ce fait : je suis assis devant mon ordinateur et je n'entends pas le frigo à l'autre bout de l'appartement! Quelle joie, quelle merveille que d'avoir changer le putain de frigo bruyant comme un avion contre un autre! Je pense que nous allons tous dormir mieux cette nuit...

Je peux maintenant m'entendre penser, ce qui n'est peut-être pas une bonne chose, après tout, et je vais vous laisser une autre poème, "Isométacacophonie" pour fêter ça!


C'est une incompréhension stupide
qui m'assaillit de toutes parts
quand je regarde ma tête qui se vide
en un magma fluide et noir.

Mon coeur ne comprend pas
pourquoi je réagis ainsi, toujours
sans aucune issue vers le jour
où je quitterai enfin ces trépas.

Un vent glacial souffle à ma figure
alors que le Train-Pour-L'autre-Côté
siffle son séjour bref, fumée vers l'azure
aussi sombre que mes courtes pensées

Cependant, un nuage parvient à percer
le ciel lugubre, et tombe sur moi une pluie
faisant fondre ma peau qui s'enfuit
dans les pénombres blanche de l'été.

Mon âme s'échappe alors de mon crâne
et pourrit dans l'air comme une rose qui se fane
en un millier d'épines cadavériques
avec la Mort, en main son fanal et sa brique.

Je traverse la Rivière Maudite
avec dans mon estomac un retournement
de toute ma honte et ma gêne, infiniment
présentes dans ma personne en fuite
face au monde, face à moi-même
mais aussi face à tout ce qui pourrait
enfin éveiller la créature de la forêt
mon esprit, mon âme, mon coeur sans baptême.

30 mai 1998

On pourrait facilement comparer ce poème avec "Morbide Ascension", que vous pouvez lire plus bas vu que c'est un des premiers que j'ai mis ici. L'image de l'âme qui sort du crâne, la conscience qui fuit le corps. On verra cette métaphore de plus en plus souvent par la suite, mais d'une façon plus subtile pour la plupart du temps. La coupure de la conscience avec la réalité sera beaucoup plus flagrante dans les derniers poèmes du premier volet (il en reste encore pas mal), mais surtout dès les premiers textes du deuxième volet.

C'est aussi au court du deuxième que je prends conscience que je ne veux plus écrire pour moi-même. Il faut que les autres me lisent, à la limite ils doivent subir ces textes. Ce sont donc des poèmes en apparence moins tournés vers mon nombril et plus vers le monde extérieur. J'écris "en apparence" surtout parce qu'il est impossible d'écrire quelque chose qui n'est pas un tant soit peu tourné vers notre ego, puisque les mots sortent de notre esprit, on les arrache avec peine à une inexistence latente pour en faire un univers construit par notre seule pensée. C'est l'une des raisons qui me font dire que l'objectivité n'existe pas, ce n'est que trompe-l'oeil, et les enseignants le savent, ils aiment nous voir nous débattre avec nos propres mots. Nous tentons vainement de nous détacher de la Phrase, mais c'est comme tuer son propre enfant, on ne peut le faire sans en ressentir après une angoisse inquiétante, comme si une partie de nous avait totalement disparue.

Bref, c'est un peu ça que veut dire le poème. C'est l'angoisse du détachement qui provoque le chaos (ou que provoque le chaos, selon le point de vue). "Isolement métaphysique cacophonique": l'ultime solitude du schyzophrène qui se retrouve pris dans son propre univers sans pouvoir en sortir. Mais c'est aussi l'univers intérieur autistique ou, à un bien moindre niveau, celui du lunatique, toujours parti dans sa tête à penser à n'importe quoi sauf le moment présent. Représentation de mon univers intérieur, en quelque sorte. Bruit de fond constant de mots dans la pensée, perte fréquente de concentration propice à la création spontanée qui surviendra plus souvent en 2000-2001, lorsque je suis à l'université tentant de m'intéresser en vain à des cours qui ne me stimulent pas, mis à part l'enthousiasme des profs.

On ne peut pas se couper du mot. Ce mot, c'est nous, il nous façonne tout au cours de notre vie au même titre que nous le façonnons sans cesse. En le créant il nous crée, puisque c'est dans le langage que nous sommes. Je parle de toutes les formes de langage. Parole. Écriture. Art. Religion. Guerre. Corps. Expressions.

Je suis ce que j'écris et j'écris ce que je suis. Il ne peut en être autrement. C'est la fatalité de l'être humain depuis qu'il a acquis la parole.

NIER ET LEVER LES YEUX

Si vous prenez les premières lettres du titre de ce poème, ça vous dira pour qui je l'ai fait. Un autre poème d'amour somme toute assez cliché. Ce n'est qu'un peu plus tard que j'ai commencé à paufiner ce genre de poème, que je n'aime plus vraiment écrire (surtout après "Métamorphoses", qui bat tous les records en matière de qualité). Mais bon, c'était une période émotive dans ma vie, où mes jambes tremblaient quand j'allais donner mes écrits à ces demoiselles. Enfin, le voici...


Rouge brillait le soleil quand sur moi
perçaient ses rayons d'une chaleur sans pareil.

L'inconscience de mon corps enfin se réveille
mettant en moi fière confiance en émoi.

Debout je te regarde briller là-haut
mes yeux brûlent sous ta vision de feu
mais mon coeur est libéré et heureux
et mon ombre disparaît au fond de l'eau.

Soudain je vois une silhouette
parfaite comme l'éternité coulant doucement
en une chute de larmes cristallines où volent les chouettes
en extase face à tout cet extraordinaire engouement.

Je chante, je ris, je pleure, je vis
quand j'aperçois clairement la forme délicate
qui s'approche de moi à pas de souris
si près, sa chaleur, que j'en perds la carte.

Son souffle envoûtant me fait rêver
de nuits sans fin où je serai à ses côtés
caressant ses cheveux d'océan
et sa bouche aussi douce que le satin
en regardant les mille feux célestes
qui s'éteignent tranquillement dans l'orangé
du soleil qui se lève sous un souffle très loin d'être funeste
au-dessus d'un baiser silencieux mais passionné.

28 mai 1998

dimanche 2 avril 2006

L'OISEAU

Sur un nuage noir de colère
un oiseau pleure sa moitié.
Tombée du haut de sa vie colorée,
elle volait comme un ange dans les airs.
Il regrette la joie qu'elle rayonnait,
tout le plaisir qu'ils ont eu ensemble,
tout cela est terminé... il en tremble,
il ne peut le supporter, car il l'aimait.
Mais un rayon de soleil apparaît,
réchauffant ses larmes d'acier
et l'invitant de nouveau à voler,
cette lumière aussi pointue qu'un fleuret.

Ce coup le réveille de sa torpeur,
il part vers les plaines verdoyantes
où un avenir l'attend, dénué de frayeur,
car il est l'Oiseau de la joie et du bonheur.

27 mai 1998

samedi 1 avril 2006

L'ANGE NOIR

Poème plus ou moins en rapport avec "Le Dernier Soupir" que j'ai commencé à écrire cette même année (1998) . Personnage principal, l'Ange Noir, aussi appelé l'Ancien Nord, est une créature torturée par des rêves d'un passé millénaire trouble qu'il ne se souvient pas. Un mélange de gothique et de fantasy écrit en vers pour un grosse partie. On pourrait dire que le poème qui suit est la naissance du personnage.


Une délicate bouche, un son argentin
Un oeil ouvert, un regard enchanteur
Une maigre main, un touché glacial
Un cerveau mort, un vol vers le rêve

Et en cercle autour d'un grand feu
Nos énergies se mêlent au vent du Nord
Qui flatte nos cheveux de soie blanche
Nous fait frissonner
Comme des enfants seuls

Des oiseaux d'étincelles cosmiques nous épient
Du haut de leur perchoir infiniment magique

Nous nous rapprochons de la chaleur
Tandis que les eaux montent et montent
En vagues démesurées au-dessus de nos têtes
Folles
Emplies d'une mélancolie
Aussi sombre que la Mort
Et aussi belle qu'une rose au printemps

L'appel de nos sens remonte
De nos coeurs éveillés et prêts
À bondir en avant
Mâchoire ouverte
Et griffes acérées
Froides et mortelles

Mais une délicate bouche s'offre à moi
Baiser empoisonné
Ivre d'amour
Je m'enfouis au loin en entendant
Ce chant Magnifique
Ce son argentin

L'oeil ouvert
Je regarde filer mes semblables
Ils courent comme le vent du Nord
Flattant le sable blanc en frissonnant
Je les vois partir d'un regard enchanteur

Une maigre main m'attrape alors doucement
Me touche silencieusement et je m'endors
Dans les bras de l'Ange Noir qui pleure
Me caressant toujours de son touché glacial

Mon cerveau mort revit enfin
Car le baiser de l'ange est si doux
Que je ne peux m'empêcher d'imaginer
Que je suis embarqué sur un vol vers le rêve

Le souvenir du vent et du feu me hante
Je veux oublier toute attache au Cosmos
Et me retrouver simplement en moi
Avec l'Ange Noir du chagrin et de la tristesse

Nous regardons la Lune qui gémît
Rejetant sa souffrance de ses cratères
Alors nous nous élevons vers elle
Pour l'accueillir dans nos rêves imagés

Des étoiles s'entremêlent
S'entrechoquent dans ma tête en feu
Et deviennent ce que je voulais toujours être
Un immense soleil brillant sur mon monde

J'arrête ensuite le Temps qui s'échappait
Et vole un mouvement léger et serein
Qui me permettra de retourner chez moi
Autour du feu où le vent chantait

C'est ce qui se produit donc
Et d'une voix rauque j'appelle au loin
J'appelle les êtres d'une lumière glauque
Avec en moi tout l'amour de l'Ange Noir

26 mai 1998