mardi 27 juin 2006

LE MASQUE

Un autre travail d'écriture dans mon cours de création littéraire qui avait pour thème le masque. Syndrome de Mr Hyde qui finit par disparaître derrière la vérité. Pas grand chose à dire sur ce texte, en fait. Je vous laisse donc lire...


un torrent vigoureux en mon âme
cette âme qui pria la vie de cesser tous ses enseignements
vint se déverser sur la plaie de mon cœur jadis heureux

je suis une ignominie
je suis un ange
je suis Lucifer
et je suis Dieu

la peuplade humaine me regarde marcher avec elle
mais elles ne sait pas
cette misérable
que je l’observe aussi pour percer à jour ses pensées
médiocres

ils se ressemblent tous
ces monstres
ils sont programmés
ils meurent à petit feu fébrile

hantise!

je chasse ces pensées
je reviens en moi et je choisis le masque

j’en ai tant
comment ferais-je sans eux

mon visage se transforme
fond
devient autre aussitôt que je décide de mon apparence

aujourd’hui
je serai un cannibale unijambiste
et je sauterai à la gorge de la société
demain
je serai le pape
et je prêcherai la vidange de l’estomac en une seule phrase
« vomissez la rage qui vous soutient! »

je ferai ensuite un infarctus
qui me métamorphosera encore une fois en larve hideuse
embryonnaire
sur les toits du monde
et je m’envolerai sur les dunes du ciel
vers ce qui me paraîtra limpide

plus besoin de masque en cet endroit
je serai moi et moi-même
seul en compagnie du vent
du soleil
de la pluie
des roches
et de la mer

je regarderai ce torrent vigoureux à mes pieds
et je laisserai la muse s’amuser à porter mes identités
fausses et jetables

le commerce d’identités aux éléments de la nature
quel soulagement d’être enfin débarrassé de ce poids immense

me voilà ici
maintenant
sur la butte aux mille visages
ces figures qui jadis furent miennes
sont maintenant emportées vers la civilisation
que je viens de quitter

peut-être ainsi ferai-je vivre quelques personnes un peu plus longtemps
et les secourrai-je de leur innocente naïveté

à moins que ce ne soit qu’espoir égoïste
de ma part de gâteau des anges
ceux qui volent présentement dans mon cœur
pour fermer cette plaie
béante

Avril 2001

samedi 24 juin 2006

L'ÂGE DE FICTION

Cinq fois la même chose, en réécriture. Ce poème était un exercice de style fait dans mon cours de création littéraire avec Élisabeth Vonarburg. Des mots pigés au hasard, agencement personnel et travail sur le résultat. Je me suis dit que ce serait intéressant de vous montrer le processus de réécriture, surtout que c'est le seul poème sur lequel j'ai autant travaillé. Enfin, avec des conditions d'écriture de départ différentes (restriction d'utiliser certains mots), il faut utiliser d'autres méthodes pour arriver à nos fins. Comme mon intelligence était plus sollicitée que mon inconscient, il m'a fallu le retravailler pour donner quelque chose de bien.

C'est un de mes poèmes préférés, sans doute parce que j'ai beaucoup travaillé dessus. Ce qui est intéressant à voir, ce sont tous les morceaux qui sont là du début à la fin, comme la dernière ligne du poème: "la démarche enfin sereine", comme si le père était prêt à affronter la mort sans broncher. Avec du recul, je relis ce poème comme une hymne baroque à la retraite, après être passé par des souffrances qui ont laissé des cicatrices multiples et un froid de mort. On commence aussi à voir poindre un thème qui sera récurrent dans le deuxième volet et qui continuera dans les deux autres après: le robot, la mécanique déglinguée. Le dessin se profilait quelque peu précédemment. L'esquisse maintenant terminée, on voit le métal dans son éclat frigorifique et sombre. Il n'a plus besoin de se caché...



L'ÂGE DE FICTION
version originale


Avec l’élégance des hivers,
Celle qui peut mourir de mes silences passant
Et le fragile robot des gouffres
Dansent ici dans le bois froid
De la lutte de l’homme solitaire.

Ce soir, je porte ton âme interdite
Et cette faim de passereaux criards désormais ouvrira,
Demain, les glaciers de mon pays
Par la main des printemps si denses
Le jour de l’approche de ce sanglot.

Mais il nous faut voir nos quatre mains venir souffrir !

Le déroulement du cri retourne au mois
Qui diffuse les herbes où va le père,
La démarche enfin sereine.


L’ÂGE DE FICTION
Première réécriture

L’hiver, avec toute son élégance,
Entraîne celle qui peut mourir de ces silencieux passants
Ainsi que le fragile robot des gouffres,
Dans une danse à travers le bois froid
De la lutte solitaire de l’homme.

Ce soir, nous portons son âme interdite
Et cette faim qui lui ronge les os ouvrira,
Demain, les glaciers du monde
Par la main du printemps si dense,
Le jour où ce sanglot viendra.

Mais nous serons témoins de la souffrance de nos quatre mains !

Le déroulement des cris retourne à l’époque
Où les herbes diffuses laisse paraître le père,
La démarche enfin sereine.


L’ÂGE DE FICTION
Deuxième réécriture

Dans la parfaite élégance des hivers,
Celle qui peut mourir de mes silences passagers
Ainsi que le fragile robot des gouffres,
Dansent ici, dans le bois froid
De la fuite de l’homme solitaire.

Ce soir, je porte ton âme interdite sur la neige,
Et cette faim de passereaux criards désormais ouvrira,
Dès demain, les glaciers de mon pays nordique
Par la main des printemps si denses
Le jour de l’approche de ce sanglot gelé.

Mais il nous faut découvrir la souffrance de nos quatre mains !

Le découragement du cri nous renvoie au mois
Qui diffuse et enflamme les herbes où va le père,
La démarche enfin sereine.

L’ÂGE DE FICTION
Troisième réécriture

Je m’entoure dans cet élégant manteau de neige
Avec celle qui peut mourir de mes silences parfois passagers
Et qui danse dans les profondeurs de cette fébrile mécanique,
Ici, dans les racines soufflant la froidure
De l’envol de l’homme dans sa solitude perdu.

Dans la nuit, je porterai ton âme interdite dans les vallées blanches,
Et cette envie de dévorer l’air criard dévoilera,
Dès le lendemain, les glaciers du monde nordique
Dans une frénésie où les printemps, par leurs mains,
Finiront leurs pleurs sur une île de lumière.

Mais il nous faut voir craqueler nos multiples membres dans la souffrance !

La peur dans son cri me renvoie à l’époque
De cette pure vieillesse enflammée par les herbes diffuses où va le père,
La démarche enfin sereine.


L’ÂGE DE FICTION
Version finale

Je m’entoure dans ce manteau de neige
avec celle qui peut mourir de mes silences parfois passagers
et qui danse dans les profondeurs de cette fébrile mécanique
ici
dans les racines souffrant de la froidure
de l’envol de l’homme
dans sa solitude
perdu.

Dans la nuit
je porterai ton âme interdite sur les vallées blanches
et cette envie de dévorer l’air fuyard dévoilera
dès le lendemain
les glaciers du monde nordique
dans une frénésie où les printemps
par leurs mains
finiront leurs pleurs sur une île de lumière infinie.

Mais il nous faut voir craqueler nos multiples membres dans la souffrance !

La peur dans son cri me renvoie à l’époque
de cette pure vieillesse enflammée par les herbes diffuses où va le père
la démarche enfin sereine.

Avril 2001

vendredi 23 juin 2006

RÉUNION

La réunion. C'est le signe de ce deuxième volet, celui de la dualité: entre l'homme et la femme, entre la mort et la vie, entre le temps et le néant, entre la réalité et l'inconscient, entre toi et moi. Deux courts poèmes du premier volet sont la trame de celui-ci. "Seule" et "Seul", une dualité de l'esprit plus qu'une rencontre. On pourrait penser au dormeur du val sur qui l'ombre d'une pendue cache la lumière du soleil. Deux âmes mortes partant ensemble vers on ne sait où...


Marchant seule,
Une femme en deuil
Pleure une vie,
Complètement finie.

La vie maintenant perdue,
C’est la sienne, oui,
Car elle s’est lâchement pendue,
Laissant tout dans l’oubli.

Toute douleur partie,
Elle marche seule,
Errant toute la nuit
Et pendant tout l’infini.

Elle rencontre sur son chemin
Un poète lisant un livre
Dont les pages de parchemin
Craquent légèrement pour vivre

« Donc, j’ouvre ce livre,
Je lis, je suis ivre.
Je m’endors sans rire
Pour ensuite mourir… »

Tels étaient les pensées envolées
Du poète mort levant la tête
Et se demandant où voler
Pour échanger le deuil de la femme
Transformée en millions de fêtes
Tourbillonnant autour de son âme.

24 janvier 2001

mercredi 21 juin 2006

LE 21ème SIÈCLE AUX PORTES DE LA FOLIE - OUVERTURE DU DEUXIÈME VOLET

Bonjour à tous!

Après presque trois semaines de repos d'écriture sur ce blog, je reviens vous annoncer que vous n'aurez maintenant pas à attendre plus longtemps! Je serai en vacances dès vendredi et c'est à ce moment que je commencerai avec force à inscrire ici-bas le deuxième volet de mon autobiographie poétique. Un deuxième âge qui durera un peu plus d'un an dans ma vie.

L'époque 2001 fut très prolifique en nouveautés. Moins de stock, plus de qualité. Beaucoup plus, si je peux m'avancer un peu, car, je l'ai déjà dit précédemment, ce ne sera plus moi le centre d'intérêt, ce sera vous, vos vies, votre environnement, vos cauchemars, votre détresse, vos peurs les plus ignobles, vos cruauté les plus crues! Je dépeindrai le mal à l'état pur tout comme le bien le plus sale, mais toujours, la lumière brillera. Faiblement parfois, plus fort à d'autres moments, mais je ne peux nier que la note fébrile d'espoir existe encore dans ce deuxième volet.

C'est tout pour maintenant, mais je reviendrai dans deux jours!

samedi 3 juin 2006

Ô DAME SI BELLE ET SI CHALEUREUSE

Enfin, je décide de le mettre, la fin du premier volet voit aujourd'hui le jour! J'avais arrêter pendant quelques jours de mettre des textes, histoire que vous puissiez digérer mon essai sur l'exformisme. Juillet 2000, je n'ai pas de date plus précise pour ce poème de clôture.

Un autre poème d'amour. On dirait que c'est ce que j'ai écrit le plus à cette époque, mais ils vont devenir de plus en plus sporadiques parce qu'après celui-là, la plupart du temps, quand j'en commençais un, je le trouvais trop nul et trop semblable aux autres, alors il subissait l'arrêt complet jusqu'à la destruction. "Ô dame si belle et si chaleureuse" entre dans le lot, malgré une tentative de le faire comme une chanson (avec un semblant de refrain qui commence par "ô dame"). Ne reste que la mélodie à trouver... si vous avez des idées pour une chanson kétaine...


La délicatesse de ton sourire
Se coule dans mon cœur,
Animant ma flamme d’un désir
Sans jamais sombrer dans la peur.

Ô dame si belle et si chaleureuse,
Quand je te vois là, heureuse,
Mes yeux se remplissent de larmes,
Plus pures qu’aucune âme.

L’étincelle dans tes yeux pleins de vie
Devient pour moi une récompense
Plus forte, plus claire la nuit,
Qui éveille en moi une timbrance.

Ô dame si charmante et si surprenante,
Ô rivage perdu dans le lointain horizon,
Regarde moi, hors de ma prison,
Car c’est toi la douce délivrante!

La délivrance de mon cœur tourmenté,
Si longtemps te regardant,
Devenu aussi brûlant
Que le soleil à son apogée!

Ô dame si émotive et si aventureuse,
Deviens à jamais mon aimée
Et vivons de nombreuses péripéties
À travers nos cœurs enflammés!

juillet 2000

Une touche mièvrerie pour finir mes débuts souvent boîteux dans l'écriture poétique. Mon entrée dans ma maturité stylistique coïncide avec le début du millénaire puisque que je n'ai rien écrit d'autre en 2000 avant le début de mon deuxième volet. Comme pour marquer cet arrêt, changement de style complet, nouvelles idées, nouveaux thèmes plus étranges, plus matures, plus absurdes, parfois comiques, souvent confondants. Se verra beaucoup plus souvent aussi des jeux avec les mots et des retours en arrières, c'est-à-dire que je vais revenir dans certains poèmes du premier volet pour faire quelque chose de plus fort au niveau du sens dans certains poèmes du deuxième volet.

Je vais faire une pause, moi aussi. Je ne sais pas combien de temps je prendrai, mais je reviendrai certainement bientôt pour commencer la deuxième partie qui débutera par un poème qui vous reconnaîtrez sans doute si vous avez lu ceux du premier volet.

Sur ce, passez du bon temps et je vous le répète: n'hésitez pas à m'envoyer vos commentaires!