jeudi 30 novembre 2006

HONNEUR DES OMBRES

Je ne sais pas trop comment commencer ceci. J'y ai réfléchi pendant plusieurs semaines et je n'en suis venu à rien. Rien d'autre que d'en arrivé à cette époque très noire dans mon esprit et dans ma vie. Époque où je me transformais en ermite solitaire, à vivre dans un sous-sol qui me faisait tousser et dans l'incompréhension face à la vie commune de deux bombes prêtes à exploser. J'étais très (TRÈS) effacé devant mes parents à cette époque. Tout ce que je sentais était une vague de stress incroyable qui m'a fait me recroqueviller encore plus dans mon sous-sol. La peur, la colère, la quasi-impuissance. Ces sentiments m'habitaient à longueur de journée...

J'ouvre ici une page que je n'ai pas souvent relue et que certains qualifieraient d'exagérée. Ce poème, "Honneur des ombres", est la représentation de mon intérieur "menacé" par une sorte d'ombre, totalement extérieure à moi, mais en même temps si près. C'est le poème le plus authentique que j'aie pu écrire dans cette période. C'est un texte sur le Père, c'est un texte de purgation de toute une colère brute qui finît par me terrasser. C'est l'expression de l'angoisse la plus pure, et sans ce texte, jeté sur une feuille de papier avec la main qui tremble et les dents serrées, je ne sais pas si j'aurais continué à écrire ou même à être ce que je suis aujourd'hui.

Ma mort métaphorique a lieu ici même, pour me permettre de mieux me relever par la suite. Un repos de deux mois fut nécessaire avant que je ne retouche à un crayon pour écrire. C'est aussi à ce moment que j'ai commencé à moins écrire, pondant ici et là des textes d'une pureté et d'une incision presque effrayante. Bref, vous n'avez encore rien lu. :O)

* Suivra après le poème, pour ceux que ça intéresse, une analyse de ce poème que j'ai faite dans le cadre d'un cours de poétique sur le thème de la furie...


L’ombre jacasse de ses dents noircies par le soleil ardent.
Dans mes idées se faufilant, elle dévore celui qui ment.
Bain de neurones calcinées, ses pas feutrés vident mon ouïe
De toute alerte dirigée contre le mal et ses bandits.
Horreur du cœur dans la chaleur, un arrêt du temps trop présent.

Danger d’une suffocation si je n’arrive à respirer.

En moi s’installe une torpeur rassasiée par le corps dément
Et se congèle autour d’un son la membrane d’un bénitier.

Ils ont peur de la nostalgie des étés passés sous les arbres ;
Là où se balancent sans vie cent preux jadis de haute garde.
L’ombre regarde ce portrait et pique avidement mes chairs
Qui partent ainsi derrière moi, n’oubliant point le vif Ancien
Sommeillant encore une fois sans se souvenir des images
Qui se volatilisent en jets aussi brillants que les Enfers,
Ceux montrés sur les grands autels, pivotant, vidés, pour un rien.

Je regrette déjà la belle envolée loin dans son voyage,
À la recherche de conscience habilitée pour me guider.

Mais par perte de vigilance, l’ombre finit par me tuer.

11 décembre 2002


ANALYSE

Ce texte est ce que j’appellerais un poème bi-octosyllabique, où des rimes se manifestent à la quatrième et à la huitième syllabe de chaque vers. Sa structure très étroite pourrait détonner du sujet du poème : la furie. Cette métrique consiste en fait en une tentative de contenir cette fureur destructrice sans qu’elle n’explose. Elle fait d’ailleurs craquer le dernier vers (où on compte 17 syllabes au lieu de 16) ; c’est dans celui-ci qu’elle finit par se débarrasser du « je ».

La fureur de ce poème arrive de l’extérieur. Une ombre (encore un fois, mais cette fois-ci plus menaçante et mortelle) arrive et crée un climat de chaleur extrême : dents noircies, soleil ardent, aussi menaçant que celui dans "Cruelle époque pour les embrochés" (que vous lirez très bientôt, chers lecteurs!), neurones calcinés, chaleur, suffocation. Le tout se congèle ensuite dans un froid tout aussi brûlant par l’entremise de la membrane d’un bénitier. Ici, bénitier peut être pris dans ses deux sens. Le sens religieux : où il ne resterait que la surface du bénitier, la membrane, sans toute la signification qu’il porte (relation avec le corps dément et les Enfers), mais qui emprisonne tout de même un son. Le sens marin : une coquille de mollusque mort (une huître, par exemple) qui se referme sur le son (et dieu sait que c’est très difficile à ouvrir, ces coquilles…). Cette membrane est l’action de l’ombre, sa furie englobant tout. Quel est donc ce son ? C’est la figure visuelle qui reprend l’ouïe vidée du « je » dans la première strophe. Le son est le représentant des sept notions dont je parlerai plus bas.

Dans la première strophe, on peut penser à la furie provoquée par une insolation menant à la folie. Une sorte de perte de contrôle se produit dans cette furie. Mais ce n’est pas tout. L’ombre (la fureur) encercle le « je » du texte (du côté de la forme, le poème commence et se termine avec elle, du côté du contenu, c’est la membrane qui recouvre le son) et lui fait perdre sept notions : l’ouïe, le temps, l’air, les souvenirs du passé, la conscience, la vigilance et la vie. Le chiffre sept a une importance première dans la compréhension du poème. C’est le symbole religieux de l’entièreté du cosmos. Le « je » symbolise la totalité de l’univers et se fait ronger, piquer, et finalement détruire par la fureur dévorante et insatiable venant de l’extérieur (le mal et ses bandits). C’est la fureur qui anime l’ombre, parce qu’elle est fureur elle-même. Elle jacasse, dévore, a peur du passé (mais le détruit par la suite), regarde, perce la chair et tue. Ces actions semblent apparentées à la folie, mais ne parle-t-on pas, parfois, de « folie furieuse » ?

L’ombre n’a peur que d’une chose : la nostalgie du bonheur et de la tranquillité (étés passés sous les arbres). Mais tout de suite elle s’empare de ces souvenirs et les transforme en des lieux de mort (là où se balancent sans vie cent preux jadis de haute garde). En se rabattant furieusement sur le « je » (pique avidement mes chairs), elle oblitère totalement l’idée même de se rappeler le passé (sans se souvenir des images). Démonstration d’un gouvernement totalitaire voulant rendre son peuple complètement assouvi et idiot. Dans cette partie du poème, le vif Ancien fait référence à Héraclès furieux massacrant tout sur son passage, quand Héra l’avait rendu complètement fou.

Le chiffre cent, en regard aussi avec le poème "Les éléphants", a un certain rapport avec la mort. Une mort nombreuse (Cent lunes se meurent sans âmes avides, où se balancent sans vie cent preux jadis de haute garde).

Une présence bienfaitrice semble pointer son nez dans les trois derniers vers pour venir en aide au « je ». Présence féminine du bien (la belle, presque absente) en opposition avec la présence féminine du mal (l’ombre, omniprésente). Mais cette bonté qui semble si magnifique, partie à la recherche de conscience habilitée pour guider le « je », est loin et ne peut revenir…
Il y a une allitération du « r » dans tout le poème (ex. : Horreur du cœur dans la chaleur, un arrêt du temps trop présent), voulant faire ressortir la rage, la furie, par la sonorité des mots.

Poème fataliste, l’issue se trouve dans la mort.

mardi 28 novembre 2006

MORT D’UN MULET

Tout à commencer avec Foutredieu!!!, le groupe Noise originairement créé par Martin Sasseville et Nicolas Rouleau (qui a ensuite quitté le groupe vers d'autres projets). Martin avait une fixation sur les Mulet (qui se prononce "molette"), ces êtres magiques issus de Longueuil et qui porte fièrement la coupe du même nom. Un Mulet, c'est une coupe Longueuil. Pour ceux qui ne savent pas ce que c'est: le gars (ou la fille, pas de discrimination chez les Mulets) porte les cheveux relativement courts sur le dessus de la tête et les côtés, mais une sorte de protubérance chevelue malsaine fait son apparition derrière le crâne, sorte de crinière fluide parfois attachée en queue de rat, parfois voguant au gré des vents. Ils sont laids, ils sont chasseurs, souvent moustachus et un peu arriérés.

Voici deux exemples qui montreront mieux ce que c'est (merci à coupelongueuil.net!). Après, je vous laisse lire "Mort d'un Mulet"...

Idées dans une purée de méninges
Des blablas incompréhensibles
Sortant d’une bouche familière et moustachue
Il a des pieds de cuir noir
Et ses jambes moulées de jeans dégoûtent à en vomir

Patience
Le pire est à venir
Fuyance dans le regard
Catacombe de vie
Ses cheveux gras dégagent une odeur de bière et de cigarette
Qui par le cou se répand en filets gélatineux
Jusqu’au milieu des omoplates
Tentant désespérément de voler dans le vent
Mais ils ont peur
Ces cheveux
Peur de l’ordre militaire de ceux d’en haut
Couvrant le chef tel un hérisson ivre mort

Accoutrée de la sorte
Sa tête n’est plus qu’une flasque insignifiance
De vertus bûcheronnières et amèrement sereines
Vaquant à des pensées très importantes
Pour elle

Dans un garage de banlieue du sud
Où fleurs et soleil égayent la peuplade
Nul ne sait que musique délétère se crée
Ondes sonores polluantes de rots et de cris
Et parmi des sacres virtuoses
une voix s’exclame rageusement
« Aye asti! Cheu ming poh épa, t’crisser ‘a claque kâlisse! »
Et d’un mouvement plein d’ivresse dans le bras
La bouteille qu’il tenait vole dans le vent
Rendant sa chevelure jalouse et meurtrière

Celle-ci l’étrangle lentement
Permettant à la créature protozoaire de penser à sa vie
Et dans sa tête
Des images de rêve et d’amour
Un truck jacké de l’année
Avec sur le siège passager
Une femme bourrée de pilules hallucinatoires
Une bière ouverte
Venant seule à sa bouche moustachue
Et une autre
Et encore une autre
Jusqu’à ce que le souffle de vie l’habitant
Quitte ses poumons en un dernier rot d’habitant

L’homme du futur repose inerte dans son garage
Détruisant avec lui l’espoir d’une vie meilleure

29 novembre 2002

dimanche 26 novembre 2006

LA CITÉ DE LUMIÈRE

Un poème narratif anti-mythe originel. Cru, sauvage, sanglant, explicite à souhait et noir comme le vide, nous suivons le Colon tout droit sorti du mythe états-unien intitulé "une bible, une bourse et un fusil". Inspiration d'un professeur que j'ai eu (ah... monsieur Vidal, quel intellect à fleur de peau!) à l'université avec qui nous avons étudié Moby Dick toute une session.

Pessimisme flagrant, la Raison et la Bonté avalées par le Chaos, la Violence et la Faim (qui, j'en ai déjà parlé, dérègle l'esprit humain et instaure la peur qui tue). Les monstres incontrôlables n'ont qu'une idée en tête: atteints de la faim infinie, ils mangent tout ce qui est à leur portée, corps comme esprits, anéantissant les pensées les plus rigoureuses.

Encore une fois, c'est la bête humaine qui arrive en avant-plan, sorte de Minotaure intérieur qui prend le dessus sur l'homme au lieu de vivre en harmonie avec lui. Tant que ces deux forces se combatteront, il ne pourra y avoir de paix dans l'âme humaine...


Ce jeune homme déambule sobrement
avec dans les mains une bible et une bourse.
Vers l’Ouest toujours ses yeux fixent
un précipice sans nom où tous s’enfoncent.

Tout au fond pousse une large forêt
lieu de cannibalisme sans limite
des dents carnivores arrachant la vierge chair
de quelques os encore purs et chastes.
Les yeux ébahis voyant le nouvel arrivant
se révulsent dans un plaisir inassouvi.
Le jeune homme les voyant ainsi
n’a d’idée que de les convertir à sa parole.

« Vois ce qu’en ma main je tiens
peuple mangeur de viande crue
et réponds à ma prière de bienveillance.
Prends ces pièces et vient avec moi
car ici ne reposent que les vices
et là-haut demeure encore la lumière jaune.
Ces fourrés sombres et verts ne sont rien
en comparaison à la plaine illuminée… »

Eux de le regarder la langue pendante
ne comprenant que leur faim intenable
pouvant être rassasiée pour toujours
s’ils suivent cet étrange être au langage serein.

De cris et de grognements
ils le somment de les guider
et le sourire aux lèvres
le bon fou les guide sobrement
à travers les méandres de la large forêt
jusqu’au pied de l’innommée falaise.

De là le périple débute réellement.
Avec leurs larges mains musculeuses
les cannibales grimpent péniblement.
Certains se font emporter par le vent
d’autres glissent et se fracassent les os
mais la plupart
la sueur au front
parviennent au sommet avec les membres endoloris.
Qu’en est-il du jeune homme à la bible et à la bourse
qui les regarda monter de son œil déjà élevé?
Une force supérieur flotte en lui
et peu de chose est la montée d’une vulgaire falaise
pour un être à la fois si prude et si courageux.
Déjà en haut il était
quand le premier de la troupe mit la main sur la première pierre.

C’est donc ensemble
moins quelques âmes
qu’ils reprennent leur route vers la Cité de Lumière
où les plaines illuminées sont labourées par les dieux.

Le voyage est long
et la faim se fait outrement sentir
dans les ventres creux du peuple de la forêt de chair.
Des jours passent
et toujours rien.
C’est à ce moment que le jeune homme leur parle.

« N’ayez crainte de la distance
bientôt nous verrons les tours de la Cité Blanche. »

Quelques heures plus tard
l’envie des dents-pointues est freinée par la vision sublime.
Les champs à perte de vue
aussi jaunes que les yeux de la déesse Hélène
où des centaines d’êtres évoluent de part et d’autre
légèrement vêtus de blanc
souriant sous le soleil éblouissant.

« Ici la faim pour vos prochains cessera
de la mort des autres votre bonheur ne se fera pas
car c’est un paradis où la faim n’existe plus… »

Les cannibales n’écoutent plus le bon fou
et ils sautent ça et là à travers les champs doux.
Leurs pensées oblitérée accentuant leur faim
c’est à pleine dent qu’ils dévorent chacun des bienheureux.
Sans aucune défense ils fuient devant ces bêtes féroces
ils s’éteignent l’un après l’autre dans des cris atroces.

Le chaos règne pendant des heures
et le bon fou reste à contempler le malheur
qu’il a lui-même engendré.
Le vide s’installe dans son esprit
réconfortant en même temps son cœur déchiré.
Là où jadis la vérité fut
là où naguère vivaient tous les dieux de la Terre
là où autrefois se reposaient les astres dans leur long voyage
il ne reste plus que le rouge des visages
ceux des cannibales s’offrant ce festin de chair
parmi les corps déitiques sans plus aucune vie.
Ces charognards se tournent finalement vers leur guide
et l’élèvent au rang de roi de la viande.
Ils le paradent au milieu des cadavres encore frais
incomplets
et lui
les yeux fermés
pense à sa propre mort au milieu du carnage
une mort qui n’est plus qu’un rêve lointain au-delà des nuages.
Son corps n’est plus qu’une loque sans vivacité
et c’est en versant des larmes froides
qu’il se met à manger à son tour
les dieux en qui il avait foi.

20 novembre 2002

mardi 21 novembre 2006

EYES WIDE SHUT

Un poème sur le non-voir. La fermeture d'un esprit dans le caveau sombre et froid de l'indifférence. Ce texte, plus particulièrement aujourd'hui, a plusieurs significations. C'est d'abord la plainte d'un coeur qui cherche à comprendre le manque d'action.

C'est aussi, maintenant, une question lancée à ceux qui ne voient rien. À ces personnes qu'on admirait étant jeune et qui se mettent à dépérir à cause d'une pression soumise par eux-mêmes, pression inutile, angoisse du devenir plus, démons qui auraient dû être morts depuis bien longtemps. Ne reste qu'un néant palpable et oppressant, givre permanent qui encrasse les pensées et bouche les yeux, comme une croute trop solide de limon prenant possession du corps.

Ne reste que la détresse, objet de pulsions incontrôlées et de distortion.

Une étoile brillait jadis dans un regard, la haine l'a rappelée et noyée dans un acide trop fort pour qu'il y reste quelque chose. Ne lui reste plus qu'à fermer les yeux et plonger, en rentrant dans tous les murs sur son passage.

Les yeux grand fermés, impossible de vivre. Indifférence de soi, des autres, de la vie, de la mort. Pourquoi?

C'est le lot de l'être humain de vivre dans un passé révolu dans un esprit déréglé au lieu de se tourner vers une fenêtre et de regarder le soleil briller sur des arbres perdant leurs feuilles dans une journée d'automne, sentant l'air frais rougir ses joues... Bouger prend trop d'énergie. Encore plus ouvrir les yeux. Alors il s'encroute.

Pourquoi...?


En devenant son propre vide
L'attente ne fait que languir sous les yeux accrus
D'une étoile qui ne comprend rien

Néant
Voïd
Nether
Rien
Rien de plus que le manque à la bouche
Pour ne rien dire de négatif aux oreilles sensibles

C'est au tour des autres de souffrir les longues minutes
Qui entraînent dans une incohérente chute
Vers les fonds de l'abîme émotif d'un tronc d'arbre desséché

Antagonisme de ma personnalité à la fin de l'automne d'une vie arrogante
Trop de givre lorsque les portes se barrent sur la vie
Vie peu aimée quand tout autour se vautre dans les cellules imaginaires
Du peuple aux yeux fermés

18 novembre 2002

samedi 18 novembre 2006

ESPRITS AUX ABOIS

la révolte a débuté

je perçois un brouillard épais de furie
s’approchant de moi par tous les côtés
une crise
un séisme
un maelström psychologique
qui se répand sur tout être vivant et pensant

les esprits sont aux abois
le Wendigo de la pensée abstraite
ressurgit d’un cocon d’ignorance rance et de léthargie

le cri
le seul et unique Cri d’un génie rétrogradé
fait surface sur une mer agitée par les langues sales et décrépites
de la société

des monstres rampants
se meuvent en colonies de millions
autour d’un grain sec et vidé

les morts se réveillent et boivent la substance
en pleurs dans les yeux pétrifiés
de la Méduse gouvernante

encore engourdi d’un sommeil trop prolongé
j’écoute les plaintes des sables mouvants
où mille enfants de cette même terre s’enfoncent le sourire aux lèvres
inconscients qu’ils sont de la mort les attendant après le détour
les bras ouverts

5 novembre 2002

jeudi 16 novembre 2006

LA CHAISE ET LE BANC DE GARE

Un autre poème sur la stagnation de l'homme, mais dans la peau de deux chaises qui passent leur vie à supporter le cul du monde. Histoires d'assassinats lors d'une partie de cartes, de vieux souvenirs déments, de zombification de l'âme, d'hésitation face au suicide et d'amours déçues.

One-way ticket vers le sommeil et l'arrêt de sensations. J'avais fait l'expérimentation, précédemment, des sentiments face à la perfection dans mon poème "In Utero". La perfection qui annihile les sentiments parce trop imparfaits. J'y avais fait, en quelque sorte, gagné les sentiments. Ici, et jusqu'à la fin de ce volet et tout au long du quatrième volet, c'est le contraire qui se produit: les sentiments viendront peu à peu à disparaître, comme enfermés dans un abri anti-atomique trempé dans un acier trop solide pour eux. Farewell to the old me!

Ah! Et c'est un autre de mes textes préférés. :O)



une redingote suspendue à la chaise
bat dans un vent doux qui affaisse
des branches portant l’univers
la mort
et les retailles des cheveux d’un président

adieu au roi de la forêt
effondré ventre à terre
et la tête au-dessus d’une table basse
où de vieilles femmes sirotent
un thé de camomille et de jasmin
inconscientes devant le manteau vide

la chaise habillée d’une redingote
peine à soutenir ce morceau de chair
mort empoisonné
le poison étincelant
de la pulsation de la vie dans un cœur dégénéré

elle tente d’asseoir son pouvoir
le cul ne bouge que d’inanition

il ne reste que le contrôle de la pensée
mais de nos jours
les morts ne pensent guère
et les vivant pensent guerre

debout
la chaise se demande s’il eu été préférable
d’être morte

au chaud dans son vêtement
elle décide que maintenant n’est plus ici
plutôt là-bas
sur un banc de gare
attendant son express dans un demi-sommeil
avec en main une minuscule étoile
qui ne brille plus

rendez-vous avec le charnier des souvenirs
un passé qui absout
un présent qui attend
un futur coincé dans la sénilité
et le silence

un banc et une chaise
l’un portant le temps dans son arrêt
l’une souffrant la vie de l’Homme

les deux angoissent de se voir ailleurs
n’importe où hors de ce monde
ou peut-être dans un foyer
réchauffant les mains de cette femme sur le quai
qui entend le temps passer à la vitesse d’un train

la peur les renvoi à leur état frigide
de meubles anguleux et rigides
condamnés à supporter le poids
de tous les morts marchant vers un but
inconnu

se réjouissant à cette idée
la chaise et le banc retournent dans leurs rêves de bois

30 octobre 2002

TROU NOIR

La civilisation est pour moi une grande source d'inspiration à cette époque. Je l'observe, je l'étudie, je la critique et la détruit au fil de mon crayon. Mon but? Me débarrasser des fondements de cette civilisation encore perdue dans ses idées d'il y a plus de 2000 ans. L'éducation sombre tranquillement, le gouvernement se pétrifie, et ils passent des émissions comme Loft Story à la télé. Regardez aujourd'hui et reculez de 2000 ans: la même chose, sauf que les maisons sont plus grosses et les transports plus rapides...

J'ouvre ici un trou noir pour tout y aspirer...


et les étoiles de tomber
flocons abstraits scintillant au son d'une musique triste

le vent les emporte dans l'air liquéfié
des ondes constamment résonnent sourdement
en avant
derrière
à l'intérieur des affres cérébrales
déjectant des tumeurs cancéreuses aux premiers venus

ils chantent ensemble
la douce rigole les avalant dans sa lumière diffuse
où maintes idées naguère furent épanouies
de la façon des arbres morts
qui pourrissent sous une pluie d'ozone vitreuse

aide aux bêtes féroces dévoreuses de jarrets
je lance au loin un phare de pénombre
qui assombrit les yeux des astres
et ceux de la multitude en file pour l'abattoir

ils ne voient pas que je me moque de leur sourire dévasté
car ils étaient aveugles avant même leur naissance
dans un trou noir

15 octobre 2002

mercredi 15 novembre 2006

INTRODUCTION

Avez-vous déjà ressenti la sensation de toujours être dans un état de commencement sans jamais en voir la finalité? L'esprit humain est ainsi fait qu'il oublie. Le début semble être la joie ultime de l'Être. Commencer quelque chose est tellement motivant et intéressant qu'on voudrait constamment commencer. Même chose en amour, continuer quelque chose est trop pénible, alors on en reste là, et rien ne se passe.

L'étape Zéro de l'action, le début de la création, l'introduction de la vie si importante.

Le seul motif qui pousse l'Humain (dans le sens le plus général possible) à stagner dans son éternel mare de commencement (parce que l'évolution s'est terminée il y a un peu trop de millénaires, et on ne peut appeler "recommencement" ce qui n'a jamais été terminé), c'est la peur de la mort (cette trouille vicérale du vide).

Évoluons! Transformons ce noyau pourrissant qu'est la Terre. On ne peut le faire qu'en nous transformant nous-même. Terminons, au moins une fois dans notre histoire de Créature Vivante, quelque chose. Cessons d'être des ogres affamés de pouvoir et de destruction. Il ne suffit pas de vivre, il faut être, aussi...

Non... Trop difficile... Continuons à nous vautrer dans ce liquide amniotique si confortable.

L'Être Humain n'est pas encore né. Nous l'attendons toujours...


Un mouvement interne
La mouvance du commencement
Introduction

Conductance des échelles rythmiques
La musique déboule des voix craquelées
Mais la gravité s’emporte sur les ouïes

La déchéance du départ
N’empêche pas la décadence de l’arrivée

L’attention se porte sur la première note
Le premier mot
La première touche de peinture
Le premier doigt sur le sol
Lors d’un combat d’étreintes féroces
On n’a d’intérêt qu’en une danse de naissance
L’Humain est venu d’Afrique
Né d’une mer avide d’enfance
À l’écoute d’une terre humide et végétale
Et crachant un chaud remous de gaieté

Un arbre vert pousse au centre d’une cohorte d’êtres velus
Brandissant des os sur la tête de leurs ennemis
Évolution
De l’introduction

La faim
Fait suite aux événements rongeant la mort
Titubance folle en fin d’une journée de chaud soleil
Éclair en milieu de nuit
Le feu d’un cœur ardent tremble dans l’entendement
Les oreilles se bouchent malgré tout
Dans un regard hagard perdu dans les steppes

Un deux trois quatre cinq six sept huit
Neuf
Dix onze douze
Treize
C’est une longue nuit à voir tous ces corps brûler
Et c’est l’instinct qui pousse les jambes
Vers l’Ouest

Introduction
Cette fois dans trente jours de mer calme
En main l’astrolabe et le compas
Au début des temps de renaissance

Naissance
Qu’est-ce donc au jour des deux milliers
La naissance de l’amour
Introspection en un cœur en devenir
Déjà oublieux des premiers enfants de la Terre
Oublieux de la musique du commencement
Oublieux des figures rustres et magnifiques
Qui arpentaient de funestes collines feuillues

La mémoire oublie
Provoquant à chaque inspiration
L’inspiration d’un commencement
Introduction

13 octobre 2002

mardi 14 novembre 2006

ODE AU GRAS ou "le ver qui dévora la Terre et se retrouva auto-digéré"

Écoeurantite aiguë d'avoir travaillé au resto-fastfood Harvey's, à nager dans la graisse de boeuf, les pieds glissant sur un plancher peu sûr. Ce fût mon premier travail dans un resto, et le dernier. J'ai réussi à tenir ma promesse de ne plus jamais travailler dans un restaurant à servir des clients bêtes comme leurs pieds. Maintenant, je travaille dans une librairie à servir des clients beaucoup moins pires. C'est la faim qui rend bête. Dans tous les sens du mot.

La faim, c'est comme la peur, elle prend contrôle de notre corps et nous torture incessement, jusqu'à ce qu'elle soit rassasiée.

Le texte qui suit est donc un poème sur le cannibalisme. Un autre sur le même thème suivra un peu plus loin, mais il sera un peu plus grandiose et moins... flasque.

Dérision, colère, regard ascéré sur une population qui ferait la guerre si elle n'avait pas le monde tout cuit dans le bec...


des ombres bouffies rampent vers moi
se tordant en de flasques mouvements
leurs bouches béantes tendent à m’aspirer
au plus profond de leur estomac d’acier
en vitesse ils mangent en déchiquetant
des humains vivant dans l’effroi

je les regarde s’empiffrer
ces asticots
monstres de graisse en putréfaction
peu soucieux des cure-dents d’Afrique Centrale
ne trouvant que dents creuses à vider

ils demandent toujours
par des paroles baveuses
que leur soient apportés les jours
dans les plus briefs délais

le cliquetis de monnaie
se rompant sous leur poids
harcèle mes rêves de meilleure vie
et plus mes yeux se portent sur eux
plus le goût de leur vomir à la figure
s’accentue

dans leur fluide réconfortant
en nage au plus pur désir d’anévrisme cardiaque
leur esprit se noie et bout
il bout dans une friture de néant
aspiré au plus profond de leur estomac d’acier

23 septembre 2002

dimanche 12 novembre 2006

ONDES BIGARRÉES

Des ombres plastiques du mur
Se confondent les arbres d’un ordre dur
Accaparés par un regard public
Les anges se meurent en longs lombrics
Rampant sur les angles mobiles

Les ondes de l’espace se meuvent en rigueur
Mais l’animal regardant ne pense que vile
L’eau bigarrée une fois encore nie l’odeur
Des angoisses égarées flottant sur sa tête

Elle vole dans mon esprit
Comme toutes les autres
Inconsciente de son mouvement aiguisé
Un pont devant cet œil avide de mensonges

Au son du rythme des ailes affamées
Je vole très haut au-dessus de la Terre
Et sa silhouette m’envoie où la vie erre
Sur un vaste sol d’argent cendré

Je me confonds alors en cette image
Son corps me poursuit de ses avantages
Mais plût-il aux êtres de verre brillant
Plus rien ne peut venir jusqu’à mon esprit pleurant

14 septembre 2002

mardi 7 novembre 2006

DRUIDE AMPHITHÉESQUE

dans une course effrénée
au milieu d’un corridor d’acier
il cherche l’homme
l’homme au masque fluide
teintes pourpres sur fond de marbre

futile dans son mouvement
quelque angoisse afflue au-dedans
histoire de se claquer une psychose
pour recueillir la flamme des étrangers ambigus
cachée au milieu d’un champ de vertes roses
où pleurent les acteurs disparus

« je veux goûter pour la dernière fois
l’humeur d’être le premier roi
celui d’un amas dansant d’êtres encapuchonnés
perdus dans mon cerveau névrosé
c’est ainsi que
possiblement
l’ère du capital démocratique
mourra d’un coup de théâtre de sang »

il part alors du banc décomposé
lui servant de trône de diamant
et court vers son sceptre de papier mâché
qu’il avale jusqu’au dernier moment

dix… neuf… huit…
sept…

septembre en élection montagneuse
quand les suspects montent les gueuses
habillées de verrerie de luxe
papillon dans l’estomac de la viande crue
l’unisson des jambes atrophiées
fait pleurer un druide photographié

7 septembre 2002

dimanche 5 novembre 2006

LES ÉLÉGANTES

L'amour malsain est le miroir de ce poème. Un amour mélancolique et nostalgique, celui des belles du passé. Comment regarder ainsi derrière et ne pas devenir dément? La paralysie, le seul remède...


tes mains
elles tombent sur mon plexus
niant le mal qu’elles me font

plutôt attendre demain
pour plaindre l’image d’un juste

les religions s’amoncèlent
en un amas de fientes amères
métabolisme interrompu
filmé par le père des félons

les meurtrissures peignent l’azur
en un rouge casqué de blanc
phénomène indigène sans réponse
une fée nommait un nain
qui déjeune dans l’éponge
nul ne pense à toi
toi qui absout l’esprit
de son fluide expressif
et laissant le tout sur Terre
échoué
perdant de son fanon
cet air humide de Léviathan

des bulles de mots
flottent sous le sourire grossier
d’un obèse anorexique
se droguant de farine de maïs

l’étoile du matin
perce alors de ses mains
les portes aux mille battants
celles qui cachent les pénitents
au bout du quai musical
enfermant sur un rythme infernal
l’aquosité impromptue
du regard abattu des dieux
ceux qui songent au lieu
où naissent les élues

je n’ose comprendre ces idées
sorties des pensées des belles
oubliées pendant l’été
elles tombent sur mon plexus
niant le mal qu’elles me font

nul ne songe à elles
mais depuis la mort des anges
plus rien ne change en nous

qui n’entend pas
le cri des élégantes
enfuies sur la route
menant vers mon cœur

moi
moi et mon cœur malade
malade d’inanition

4 août 2002

vendredi 3 novembre 2006

LE MOINS PIRE DES MONDES

Le titre dit tout...


Tristes visages peints sur les murs
La lumière les entoure maladroitement
Semblant vouloir jeter ces ordures
Au fil des ans

Des yeux regardent du dehors
Verts et blancs sur un fond d’or
Le vent envoie ses cheveux sur la vitre
Ralenti par le murmure d’un cactus arbitre
Onze pour deux lignes et la demie
Des bonzes de bronze sur une folle accalmie
Dans les tombes de Toutankhamon
Et du terrible mais court Napoléon

Ils se parlent des conquêtes de jadis
Mais ne peuvent compter jusqu’à dix
Par manque de doigts
Dictant maintenant les vastes lois
Inutiles à ces spectres d’êtres
Qui pourtant ne peuvent disparaître

Ils ressemblent à des enfants
Perdus aux confins du temps
Et voulant redéfinir le monde
À l’aide de leur seul esprit immonde
Regorgeant de pensées putrides
Pour le passant sans ride

Écouter le chant des champs de corps
Permettra à la langue de se remémorer
Hors de ce funeste et lointain décor
Toutes les vies qui restent à commémorer

Je pourrai ensuite terminer ma ligne
En me vantant devant cette vierge maligne
Que j’ai réussi malgré le tort des éléments
À m’élancer dans un esprit trop dément

Et c’est peu dire pour la foi des marins
Car ce sont eux qui nourrissent les fonds marins
Avec leurs restes décomposés
Déposés sur le sourire de la mer goudronnée
Une gueule cariée et châtiée
Dans une pluie finement composée
De tourbillons d’évasives pensées
Engouffrant les souvenirs du passé

29 juin 2002

jeudi 2 novembre 2006

DEZING PAO-TING DESIGN

Une tentative d'exotisme, comme ces bons vieux poètes québécois du 19ième siècle s'amusaient à faire. Plus noir, plus décourageant, plus absurde, toutefois. Je ne peux m'en empêcher. Le jeu des apparences tient encore le rôle ici. La riche beauté, une fois à côté, devient la pauvre laideur...


si la musaraigne daignait prêter son peigne
nous pourrions tous feindre de boire la lie des beignes
design sur les murs parachutés
une flaque d’embryons séchés nivelés par des bagnes
et dessus
un babiroussa punk courrant après les mouches

en pensant à tout cela
avant de revenir chez moi
je regrette Pao-ting au riz débusqué à mains
caché par des branches de jasmins géants
apeuré qu’il est par le soleil et les yeux humains
ceux qui enjambent les prés sans leurs gants

sur cette scène
la lune se lève
pâle
ronde
trouée
elle s’élève au-dessus des cieux argentés
afin d’éclairer deux silhouettes qui s’enfuient à l’horizon

un bond
ce sont les pas de Lee Dezing et de sa belle Mia-Tsing
leurs vêtements s’envolent au vent
des loques pâles et trouées
laissant leurs deux corps nus

la bouche ouverte et édentée
ils peinent à marcher hors d’un cimetière vivant
celui des oiseaux aux becs de papier chiffré
et aux griffes d’acier
montant toujours plus haut
affolés par la poussée des courants de profondeur
qui demeurent affamés tels des Léviathans ancestraux

de la neige et de la pluie
débâclage du temps poursuivi de ces mouches charognardes
elles délivrent aux incendies la combustion spontanée

en partant du musée des années d’Ôh
je note dans un carnet
les instants passés et poussiéreux
que les images inventent une fois installés dans mon esprit
comme de minuscules vies mortes nées

11 juin 2002

GARGANTUA

Le Gargantua est un géant. Enfant de Grandgosier et Pentagruel, il fut l'inventeur du torche-cul et de l'autarchie. Dévoreur de première, je l'utilise ici pour caractériser le cerveau humain en train de mourir. Et ça fait mal...


des grises ailes et fantômes blafards
les poutres du ventre se grisent dans l’art
pimenté d’airain
je nous perce un genou accumulé sur la ligne
maligne
un traumatisme pour l’eau très en amont
coulant sur le crâne chauve d’un mormon

des bulles de vent lui grimpent dans le cerveau
veine par veine
neurone par neurone
et dans les yeux
le vert d’un millier d’abattoirs à virilité
attendant que la pluie de ce sang
suffise à noyer le Gargantua dans son intestin virulent

abeilles oragées du vivant
oreilles orangées du divan
groseilles vidangées pour la cueillette des noisettes
tournicoti
tournicoton
Pollux se retourne dans sa tombe
les chiens ne sont plus que des poupées d’excréments
se vidant dans la soupe d’un président vieillissant
ou mort de la vie
point

oui
la vie est ce que les vivants connurent de pire
comme maladie contagieuse
de tout un monde elle a fait son empire
il ne reste qu’un cœur battant de pulsations spongieuses

7 juin 2002

mercredi 1 novembre 2006

L’AMPHITHÉÂTRE DES GÉANTS

Ce poème se passe de commentaires. Si ce n'est que c'est un trip d'inconscience éveillée de dégoût. On sent la fumée noire, dans ce texte, on la sent pénétrer dans nos poumons et y déposer sa toxicité. On sent l'écoeurement face aux hommes, face à dieu, mais la couleur sauve. Ce poème est un appel à tous pour qu'ils se regardent enfin autre chose que le nombril et pensent par eux-mêmes. L'éveil face au monde, l'éveil face à soi.

Observez, la compréhension viendra. Fermez les yeux, la mort viendra sans que vous ayez vécu. Nous tombons dans une ère de la mort de l'esprit, et ce n'est pas dieu qui viendra le sauver. Nietzsche vous l'a fait savoir, dieu est mort depuis bien longtemps. L'humanité finira par le comprendre trop tard. Pour l'instant, seule la mort des autres l'intéresse.............

Le rideau rouge et épais se lève en volutes sombres. La scène, s'allumant d'éclairs bigarrés, laisse percevoir des formes. Que le spectacle commence...


L’orage laisse percevoir les contours de la nuit néantique
Les éclats de la mort rôdent autour des maisons en feu
Pluie noire
Nuit noire
Folie en couleurs
Celles qui bleuantissent les hantises excentriques
Au son d’une mélodie de dégoût à l’oreille des anges vieillards

Ne plus respirer un air vicié
Tout simplement arrêter de pomper l’atmosphère en décomposition
Vouloir manger une pomme sans CFC

Les rigolades commencent maintenant

Cascades de rires en boîte
Rien que pour pointer les abeilles se faire dévorer par un ours en peluche

Les regards se tournent tous vers un point
Dans le firmament
Où ne brille plus qu’une seule étoile
L’œil de Dieu qui ne prend pas la peine de s’asseoir sur son cul
Pour comprendre les esprits en déroute

Il est parti au loin
Ce grand être aux mille visages
Parti sur la Lune des estropiés de l’âme
Car la sienne ne peut plus supporter de retenir son mal
Escaladant les corridors muraux encore rouge de son sang humide

LSD
La pluie noire devient couleurs
Et les couleurs se fondent dans le noir absent du gigantissime acrobate saoul
Gorge déployée
Montrant son gosier épais d’où sortent enfin les éléments neutres
Une main
Un couteau chauffé à blanc
Trois gants et deux souliers
Huit billes de plomb
Et enfin deux langues muettes ayant oublié leurs langues mortes

Nocturnal amphithéâtre de nuages et de cendre
Poussé par l’envie de verser des larmes verdâtres
Rancies par une tristesse nue et piquamment palpable

Sourd
Je le suis aux centuplion
Mais point aveuglé dans un cœur aux oreilles grandes béantes
Si jamais les anges d’au jour de main veulent casser la croûte
En compagnie d’une paire de lunettes pour les yeux de l’âme

29 mai 2002

TUMEURS, ILS MEURENT

Au niveau des images, c'est un de mes préférés...


depuis les éternelles lampes-soleils du grand Mal
les tombes flottent sur la mer
des flots de sang et de chair déchirée
pleuvent sur nos têtes ensevelies
les cieux se gâtent d'ivresse
minant un sol devenu boue puante
les noyés de la terre pleurent amèrement
les morts flottant au gré des courants

14 mai 2002