jeudi 3 janvier 2008

DÉMON DE LA PAGAILLE SUR UN QUAI DE PLASTIQUE

des avions s'accentuent sur des nuages de mort
pendant que huit arabes s'enferment dans une tente
pour une nuit paisible en compagnie de
huit livres de cuisine

au son de la mer frappant le rivage
ils s'endorment et rêvent de pâtés au beurre
et de tartes aux olives noires
de gâteaux forêt d'automne
et de messages cryptés sous un oreiller douillet

des lances de fer au sommet d'une tête d'Allemand
trident apatride dans le coeur d'une mère veuve
venue des tréfonds de la terre
emmenant des souvenirs dans ses souliers
salis par le sang de mille plongeurs

fatigué de courir dans la même direction
trois voleurs habillés de vert décident de s'arrêter
inertes sur le sol rocailleux
ils ne savent plus quel côté prendre
et s'enterrent vivants sur place
tout près d'un marteau en forme de pic à glace

vitesse constante
formes invisibles passant autour
la joie d'un jeune oeil au rictus de plomb
s'entend dire non à l'impérative voix
venue d'en bas
il demeure debout
regardant le vide de ses murs
à ses pieds reposent les cadavres de mille civilisations
et un quai de plastique fabriqué par Fisher Price

3 janvier 2008

6 commentaires:

Fel-X a dit...

Wow, pur génie !!

Absurdement superblifique !

J'adore !

Luc Pelletier a dit...

Merci! Je ne savais pas trop où je m'en allais au début, mais pendant la deuxième strophe, l'idée m'est apparue comme une illumination. :O)

Christine a dit...

Et il n'y a plus rien à dire après. C'est la fin et le commencement en même temps, ce texte. Le temps est suspendu...

La stophe des lances de fer est particulièrement percutante, touchante...

C'est magnifique, comme toujours. Et j'y vois (peut-être sans raison; on voit bien ce qu'on veut, après tout!) une ouverture sur le monde.

Je t'aime fort, mon frère.

Cool tes nouvelles images! (Bob l'éponge et Monsieur "Spider" Patate)

Luc Pelletier a dit...

Ouverture sur le monde, mais une ouverture sauvage, celui d'un jeune garçon qui ne comprends rien au monde et qui se le construit avec ses jouets miniatures en plastique.

Mais ça reste une ouverture. :O)

Merci Christine!

Anonyme a dit...

Le monde n'a rien d'ouvert.

Le monde est une huitre.

Et ce qui donne une valeur à l'huitre, c'est la perle qu'on réussit à en extraire...

il y En a a dit...

Pour faire suite à ce que
Claude à écrit: ''Et ce qui donne une valeur à l'huitre, c'est la perle qu'on réussit à en extraire...'' Le monde regorge de perles le rare, que j'ai la chance de lire et que je souhaite côtoyer ce qu'il reste de ma vie.