mardi 27 décembre 2005

CADAVRE EXQUIS

l'élégant contour de l'horizon
nous envoûte et nous chantons
sur la terre molle et sereine
reposant doucement telle une reine

son apparence captieuse
nous évoque la folle nuit
où nous étions conduits
à la lointaine vallée rageuse

le regard vide de sens et de vie
elle écoute l'éternité couler
sombrant dans un infini
sommeil mourant et acharné

nombreux sont ceux qui
en voyant une telle beauté ainsi
étendue depuis maintes souffrances
demeurent captivés par sa répugnance

ils oublient la vie et s'enfuient
dans un abandon total et souverain
sur le bateau de la Mort qui sourit
et qui n'y mettra jamais fin

car c'est ainsi qu'elle prend sa part
parmi le songe avide du départ
de l'essence vitale de tout corps
exquis et oublié sans remords

là, elle dort à jamais seule et franche
se vidant peu à peu de sa substance
sans pour autant disparaître de la vue
des curieuses visions nocturnes cornues

ce sont ici les gardiens de ce corps
invisibles à tout être vivant
le faisant souffrir à tout jamais de leur sang
inculte et souillé par la Mort

le cadavre sommeillant dans le coeur
de l'éternel, du néant si pur et si beau
attend son heure comme les autres
et deviendra la peur et la pourriture
qui atteint chacune de nos pauvres âmes
sans cesse affaiblies par l'envie
de mourir dans un siècle de vie
où la Mort, de nos vies elle réclame

22 février 1998

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