vendredi 16 décembre 2005

La fuite du réel

Le combat des chefs a eu lieu hier soir dans notre beau pays en décrépitude et ce fut le dernier de mes soucis. Une bande de clowns chauves et baveux, rien que bons à déposer à l'hosto. Enfin, que faire d'un "chef" qui n'a rien de mieux à faire que d'insulter les autres pour se remonter? Je dois dire que l'esprit amérique-nordien (plus particulièrement québécois) est fort sur le rabaissement. C'est une mode éternelle que de crier sur les toits que tel ami à fait cette horrible chose alors que nous, nous sommes des anges.

Que veut dire la parole dans la bouche d'hommes politiques? J'ai déjà entendu un chien qui pète et c'est plus brillant que tout ce que peut vomir un homme d'état. D'un point de vue éthique et pratique, tout politicien devrait être sourd, aveugle, muet et lobotomisé (ce que la plupart sont déjà, j'en conviens). Non mais, qui n'aimerait pas être dirigé par une Alys Robi? L'excentricité devrait être la première qualité d'un homme d'état. Salvador Dali aurait fait un bon premier ministre s'il n'avait pas été un tel génie de la peinture. Malheureusement, les génies ne deviennent jamais premiers ministres...

Changement de sujet, j'aimerais parler un peu de l'état dans lequel j'étais lors de l'écriture de mes premiers écrits. C'est une peine d'amour qui a déclanché le processus irréversible de ma construction d'esprit, peine qui a duré une bonne année, sinon plus. J'écrivais donc mes sensations à l'état brut, avec du Dead Can Dance et du Bauhaus plein les oreilles et la vision brouillée par les larmes de mon mal de vivre. C'est de cela qu'est construite la majeure partie des poèmes du premier volet. C'est ainsi que j'ai purgé mon mal, et c'est aussi de cette façon qu'un autre mal est venu s'insinuer dans mon inconscient... mais ça, c'est une histoire pour plus tard...

Pour clôturer ce vendredi où le ciel nous est tombé sur la tête sous forme d'un torrent de neige, je vous invite à lire ce qui suit. Ma première tentative de poème d'amour pour celle qui brisa mon coeur. Il a été écrit justement à l'époque où je croyais, naïf que je suis, qu'elle allait revenir vers moi...


LA NYMPHE ENDORMIE

une beauté céleste
endormie dans un profond songe paisible
rêve d'un univers
de ses yeux de perle
brillants tel l'éclat de la Lune pleine

le contour de son visage
parfait comme celui d'un ange
un bref souffle sortant de sa bouche
entrouverte
invitant un baiser chaleureux et doux

la gente silhouette
reposant sur les calmes eaux de l'éternité filante
se soulève
pour accueillir la sereine lumière qui l'éclaire

soudain
le noir
l'obscurité
l'ombre
une lueur dans le lointain
vient attirer l'attention de la nymphe
qui était si bien dans ses rêves
de rêves qui rêvaient de l'infini

attristée par cette subite froideur glaciale
son esprit se retourne sur lui-même
engoufrant ses tressauts et douleurs
lui permettant d'oublier
pour une fois dans sa vie
le froid la tordant de ses terribles griffes

emportant ainsi le trouble passé
elle se retourne
vers l'éclairante chose perchée dans le vide absolu
qui se vide peu à peu de son néant
laissant place à ce qui a beaucoup plus d'importance

sur son rêveur songe
la beauté se lève
le contour de son visage parfait comme celui d'un ange
un bref souffle sortant de sa bouche entrouverte
invitant un baiser chaleureux et doux

un baiser tant attendu
qui arrive enfin
de par la voix infinie du néant se dissipant
en un nuage de couleurs pourpre et cendre
se laissant percer par une lumière inconnue

apparaît un homme dans ce nuage
brillance aveuglante
il se penche à travers les périlleuses cordes de l'amour
perchées entre les deux êtres encore jeunes et innocents
pour effleurer les lèvres de la jadis nymphe endormie

8 février 1998

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Tu m'as voler des larmes, par ce poème...