samedi 28 janvier 2006

LE VENT

Quand je vois ces visages souriants,
je me rappelle. Je me souviens des prés
où j'avais l'habitude de marcher,
une plaine où tout va au gré du vent.

Car le vent est la grande puissance
pousant les navires sur les mers
et la vague sur le sable amer,
rejetant une légère voix en tous sens.

Il était la pure folie esthétique
m'emportant dans un long songe,
absorbant ma jeunesse telle une éponge
qui a trop bu de cet Atlantique.

Riez tant que vous le pouvez encore,
j'attendrai la fin de l'Histoire
en pensant à ces visages qui implorent
comme une Madone sans victoire,
qui implorent la vérité du rêve pleureur
et rappelant la nuit propice à la fête
sans savoir qu'elle en perdra la tête.

C'est tout pour l'instant, il me reste une heure
pour vivre et me laisser emporter
par le vent doux et invitant
qui me pousse le dos en mordant
la souffrance me pointant de son épée.

24 mars 1998

3 commentaires:

michaël trahan a dit...

l'image du vent est creusée de manière intéressante: d'abord, plus banale, les visages souriants, puis il se fait puissance, on le voit robuste... la nuance suivante, celle de la pure folie esthétique, je l'aime. tout le caractère évanescent, quelque chose qui rappelle un vent-inspiration toujours insaisisable mais insatiable.

puis, le revirement. on sent une victime là, qui fait "rire de lui", ou je ne sais trop. mais il est tenace (fait face au vent?), implore la vérité du rêve.. je l'aime celle-là. le poète fait figure de victime, presque de martyr ici, je trippe moins la dessus mais c'est amené depuis le début, c'est cohérent...

et le retour du vent, qui balaie les restes... qui pousse à la mort.

poème bien creusé, bien cohérent

on s'amuse de plus en plus.

Luc Pelletier a dit...

Héhé! J'adore recevoir des commentaires sur mes poèmes, ça permet de rendre le tout plus... cohérent dans l'ensemble. C'est comme si je relisais pour la première fois mon texte, mais par les yeux de quelqu'un d'autre. :O) Sensation agréable, surtout qu'à l'époque, j'étais certain que personne ne lirait ces poèmes! Du moins, personne d'autre que celui ou celle à qui je le ferais lire.

Merci Michaël!

michaël trahan a dit...

c'est un plaisir... qui j'imagine se renouvellera au fil des poèmes

bonne soirée.