dimanche 26 mars 2006

CIVILISATION PERDUE

Et c'est avec peu de déception que se termine
la grande aventure du petit pissenlit
qui s'est fait détruite comme une vermine
et gît maintenant telle une flaque de vomi,
répandant son fluide blanc et infect
à travers la terre brune piétinée
et le vert gazon fraîchement coupé,
semblable aux têtes des membres d'une secte.

Horreur! Le pouvoir abominable du soleil
permet à l'intrus territorial un second éveil
et une autre chance de pousser plus beau,
plus fort, plus vif et beaucoup plus haut.

La rage soudaine montant de la terre
vient ensuite améliorer le processus;
l'autodestruction est imminente dans cet enfer
de confusion générale ravagée par les puces.

Regardant ce spectacle assourdissant,
j'ai une vague impression de vide,
de tout emporter dans le vent fuyant
et disparaître derrière les montagnes,
admirer les arbres qui lentement se vident
de leur essence vitale, pourissant sauvagement,
accueillant silencieusement le sort qui les gagne,
et mourant à petit feu fébrile et endormant.

5 mai 1998

Aucun commentaire: