jeudi 16 mars 2006

OUBLIÉ

En effet, les séances semblent de moins en moins espacées entre chaque publication. C'est surtout que je commence à avoir hâte de tomber dans le deuxième volet! C'est encore dans longtemps, on est rendu au vingt-quatrième, il y en a 81, mais bon... Toujours est-il que je fais trêve de bavardage ici et maintenant et je vous envoi le prochain... qui est... hum... j'ai oublié...


l'oubli
est le seul refuge pour une âme en peine
car c'est dans l'oubli qu'elle se perd
se complaît
elle nage dans le Fleuve des Pensées-Sans-Nom
et se purifie du volatile et simple vide

maintenant que le Monde a tout oublié
je peux enfin ressortir du sombre coquillage
qui recouvrait mon corps meurtri par l'évolution
une civilisation perdue qui dévore les pensées
les désirs

un Monde où la liberté des mots sots est abattue
un Monde qui tue la paisible vie de ses moutons
qui continuent leur route sans rien voir dehors
sans remarquer le changement direct et dangereux

les lois se renforcent
les ceintures se resserrent
mais les moutons ne voient rien
ils ont oublié
ils ont oublié la douce fraîcheur de l'air pur
oublié les simples chants mélodieux du bonheur

mais surtout
ils ont oublié de vivre ensemble
ils ne se regardent plus
ils ont atrocement peur

c'est la conséquence de la civilisation qui éloigne
le désir de se rencontrer
qui nous fait oublier

1er mai 1998

2 commentaires:

Anonyme a dit...

J'apprécie particulièrement ce poème, empreint (sans le vouloir, peut-être?) de la marque de Rousseau, pour qui le « contrat social » était inévitable pour la surive de l'espèce, mais à cause duquel nous perdions tellement de liberté, de choix, de bonheur simple. On sent tout le poids de la vie en société dans tes trois derniers vers,

« c'est la conséquence de la civilisation qui éloigne
le désir de se rencontrer
qui nous fait oublier ».

Très beau, parmi mes préférés jusqu'à maintenant. Merci.

Luc Pelletier a dit...

Y'a pas d'quoi! :O) Je ne me souviens plus vraiment ce qui m'a fait écrire celui-là, et sûrement pas "Du contrat social" (je ne l'avais pas encore lu à l'époque). Je pense que c'est surtout ma vision éclairée du moment sur ce qu'était la société (et ce qu'elle est toujours de plus en plus): pauvreté accrue, je-m'en-foutisme toujours plus individualiste.

Bref, l'oubli est aussi le mien, oubli de soi et de ma propre conscience qui continue à s'effacer à ce moment vers le robotisme que j'ai déjà parlé plus tôt.