jeudi 27 juillet 2006

L'EMPLOYÉ

On croit souvent laisser passer des choses sans qu'elles nous affectent, et finalement, le train nous passe dessus sans qu'on s'en aperçoive. Une goutte de sang sur une table blanche, la main tremblante, le sourcil froid, et l'évanouissement nous enlace comme les bras de la mort.

Le froid se rend jusqu'aux tripes où le feu jadis fort devient d'une fébrilité rancunière: on croirait qu'il nous en veut de ne jamais avoir ressenti assez. Une fois trop tard, il ne faut plus attendre après les braises, elles sont de glaise et se solidifient rapidement sous les pas du temps. La rage reste, pourtant. Qu'attendre d'une inconnue quand nos êtres proches se foutent de notre gueule? Comment faire confiance au voisin quand la Crasse vient de l'être aimé, une indécence morbide qui flotte depuis deux années et qui ne veut plus se détacher des lambeaux qui me servent de poumons, m'empêchant de respirer à grand air, anéantissement pur de la volonté d'aimer encore?

Des questions qui demeurent sans réponse et qui vont illustrer (à travers mon écriture) tout le début de ma vie d'adulte et qui illustrent encore aujourd'hui la déception dans mes yeux qui brûlent de transpercer la brume de la vie.

Introduction sombre, j'en conviens, mais qui vous fera peut-être comprendre l'idée derrière les poèmes qui suivront dorénavant...


yeux aveuglés par une transpiration sévère
vêtements humides
chaleur étouffante

son souffle coupé
d’où sort un nuage puant la menthe
laisse une nappe mouillée dans ses verres brouillés

tout passe si vite
à l’intérieur de son crâne
que faire
pourquoi moi
qu’ai-je fait pour mériter cela
semble-t-il penser

ses mains
moites
échappent ce qu’elles tenaient
et un vacarme
fracassant l’ouïe fébrile
retentit dans toute la pièce à ciel ouvert

toujours plus de sueur perlant sur son front

mais son regard est vide
absent
un passant croirait voir un attardé
un moins que rien
il ne peut voir la vérité en face

il se regarde dans un miroir

l’incapable ne bave pas
et sa précision serait parfaite
si la chaleur humide
ne venait pas
enrayer
ses
circuit semi-organiques

transpiration
non
condensation

une tourterelle meurt en son vol
et l’employé l’admire
la mort inconnue frappe encore
et le robot travaille toujours

15 juillet 2001

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