mardi 24 octobre 2006

DEUX CHUCHOTEURS

Et le temps passe, sans voix... Ce poème a été écrit en deux voix. Moi et la sempiternelle Hélène, qui ne devrait plus avoir sa raison d'être dans mes poèmes après celui-ci. Une tentative un peu ratée de "cadavre exquis" surréaliste. On a écrit les strophes chacun notre tour, les impaires étant de moi. On dirait un élan jamais complété. Une vieille Ford T qu'on crinque sans pour autant la faire démarrer...

J'ai toujours admiré le talent d'Hélène, mais je pense que c'est à ce moment que j'ai réalisé qu'elle ne pouvait plus rien m'apporter. Je devais me tourner vers quelqu'un d'autre ou autre chose pour évoluer dans mon art. Le vide, pour le moment d'après, et le Brown et sa Compagnie, pour l'outre-époque dans laquelle il m'a fait découvrir des folies incontrôlées, le vent intempéré des flatulences intellectuelles de créatures moins humaines que mythiques à ce jour. La redécouverte de David Bowie, William S. Burroughs, la vie de junkies de la vie, se mouvant dans des lymbes mystiques où Dieu se vautre dans la merde et bois le sang de vierges en extase... C'est ce qui viendra... La peur est au rendez-vous, l'éclatement de neurones aussi!


Culbute dans la neige et sirènes de pompier sur les routes de l'Antarctique
Dynamitage des rocs jonchés dans la gueule d'un ours plein de tiques
Embolie cérébrale sur les côtes ensoleillées du nord méditerranéen
Tout cela pour un porc pourrissant sur un port et pourvu de pores pourpres de lin

Montagnes désertiques remplies de neige suffocante
Les camions vident les sens
Hépatite B qui court en hurlant aux quatre vents
Et mange les pores pourpres de lin

Dans un alphabet de gerbe ambulante
Le miel du jeûne nazir empiète sur les plates-bandes du cheval ailé
Celui qui ausculte d’un œil livide
La plaie ouverte et saignante d’un virus mal dégrossi

Une suite de chiffres désordonnés grimpe des escaliers interminables
Ne faisant pas attention aux minables
Certains s'effondre dans des culbutes
Et deviennent plus humains

Il est alors possible de fuir tous ces cancrelats
Mais le porteur s’effondre là
Sur le divan aux milles positions que voilà
Devenu une purée dans son orgueil las

Le rouge et le bleu retient au ciel
De là, on peut tout voir
Et dans un sourire cruel
Écraser les petits rats

De sous mes souliers viennent alors les craquements diffus
Je deviens un cheval latent
Brigandant les étoiles rougeoyant en fleur
Et dans les meurtrissures bleutées des prés aux larges arbres
Plus rien ne subsiste
Que le silence des herbes foulées par le vent

Des gratte-ciel écrasés
Essaient encore de bouger
Leur agonie va bientôt se terminer
Dans un soupir silencieux

Soupir qui s’efface à la rencontre du ciel en feu
Explosion de colère animale
Redonnant vie aux monstres de pierre
Une mort-vivance peu naturelle et gauche
Sous les lampadaires humides qui n’en ont que pour les chiffriers humains

Et maintenant, les écraseurs sont écrasés
Par leur propre monstre
Le chaos règne en puissance
Nous sommes perdus

Terminé le 1ier mai 2002 – Luc Pelletier et Hélène Tremblay

* Parlant de temps qui passe.... et pour ceux que ça intéresse, j'ai modifié une de mes entrées, plus bas, au poèmes "Les Éléphants" (entrée du 17 septembre 2006). je vous avais déjà parlé d'analyses que j'avais faites de quelques-uns de mes poèmes, et celui-là en fait partie. Je vous invite donc à aller lire l'analyse que je lui ai faite! :O)

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Deux coeurs en cadences, deux coeurs asynchrones, deux coeurs qui meurent au même rythme...