mardi 22 août 2006

DREAMS ABUSÉS

Poème sur la destruction et une de mes premières tentatives d'écriture bilingue. De plus, aujourd'hui, c'est l'anniversaire d'une demoiselle qui jadis me remplissait de bonheur et qui maintenant ne laisse qu'un grand vide dans ce que les humains appellent normalement le sentiment amoureux. C'est pourquoi ce texte est tout à fait approprié pour aujourd'hui.

Le titre original est "Les rêves abusés", mais depuis qu'il a fait l'objet d'un projet de création artistique (j'aimerais bien vous le faire écouter, mais comme je suis nul en ce qui à trait à internet, je ne peux pas mettre le lien), il s'est transformé en "Dreams abusés", entre autre aussi en raison de son bilinguisme. Rêves abusés, ils le sont tous, peu importe l'intensité du rêve ou son insignifiance, quelqu'un est toujours derrière pour lui craché dessus. Une sorte de viol mortel représenté par la bouteille qui se fait boire, le papier qui ne brûle pas, le couteau tranchant le bras de la mère qui berce son enfant.

On sent aussi le solide couler comme les montres molles de Dali. C'est une destruction liquide, un anéantissement progressif et lassif. Je pense que je vais ajouter ici le texte de démarche créatrice que j'ai écrit pour le projet artistique (dans lequel je répète un peu ce que j'ai dit plus haut...) :

"Démarche créatrice
C’est un projet qui m’a extrêmement rebuté à cause de mon éloignement face à la caméra… D’ailleurs, je n’ai pas pu penser ou trouver d’images qui vaillent la peine d’être utilisées avec mon montage sonore. Parlons donc d’abord du montage sonore. Ça m’a pris quand même plusieurs heures à l’enregistrer et à le monter. Les sons sont tous de moi, sauf le beat au milieu du vidéo qui provient d’une chanson de Tones On Tail et la chanson du générique, à la fin, qui vient des Residents.
Le montage en tant que tel
J’ai enregistré ma voix sur l’ordinateur (avec un micro très petit budget, je dois le convenir…) en suivant la musique qui jouait dans des écouteurs, pour tout de même avoir un certain rythme musical. J’ai modifié quelques éléments du poème avec le programme Goldwave. J’ai ensuite découpé, dans Premiere 5.1, les morceaux du poème narré pour qu’ils coïncident plus avec la musique. C’est un poème de ma composition qui a pour titre original « Les rêves abusés », mais j’ai changé le titre pour montrer le mélange français/anglais du texte.
L’idée du noir
Ce n’est pas que j’aie trop attendu pour filmer mon projet, c’est seulement qu’aucune idée ne m’est venue. Qu’ai-je alors fait? J’ai pensé à mettre des images fixes au lieu d’un vidéo, mais encore là, ça ne marchait pas, peu importe les images. J’en suis venu à la conclusion que, pour montrer vraiment la fond de mon poème avec la musique, il fallait que je laisse le tout ainsi, sans image. Je sais que le cours s’appelle « esthétiques des images technologiques », mais justement, j’en ai profité pour en même temps montrer un refus de l’image technologique, qui, pour moi, est l’équivalent des dessins primitifs que l’on retrouve dans les grottes de Lascaux (je pense surtout, ici, à l’imagerie numérique). Comme c’est un travail expérimental, mon but était de montrer l’absurdité de la chose en « peignant » le vide si ensorcelant, ce vide que nous percevons dans le sommeil et qui se fait abuser par les rêves. C’est le contraire que j’ai fait. Les rêves se sont faits abuser par le néant du sommeil, la mort du rêve, en quelque sorte. C’est ce que mon poème montre avec toute cette idée de destruction qui flotte du début à la fin. La présence de la réalité qui se fait détruire, donc qui devient néant, revient vers la fin, quand la Mort rêve de cette réalité. Comme elle est détruite, qu’il n’en reste que le néant, à quoi peut donc rêver la Mort? Au vide.
Une autre chose au sujet du noir : En visionnant et en écoutant « The dreams abusés », on sent une atmosphère d’inquiétude jusqu’à la fin par la simple absence des images. Un aveugle et un sourd auraient la même sensation s’ils voyaient/entendaient ce vidéo. Inquiétude du vide dans l’image, inquiétude soulevée dans le contenu du poème et dans la musique.
Je ne voudrais pas que l’on pense que j’ai fait ce projet par pure paresse, loin de moi cette idée! Le nombre d’heures que j’ai pu travailler sur ce projet, arranger des détails minimes mais importants, monter le générique et la trame sonore, ne se compte plus. Parlons d’ailleurs un peu du générique, même si ce n’est pas tellement digne d’intérêt habituellement. Il a été fait avec Photoshop et Premiere. L’idée de mettre une image en arrière-plan fait contraste avec le reste du projet. Les bruits étranges au début et à la fin de la musique nous poussent dans et hors ce vide absolu et absurde, c’est pour cela que j’ai mis cette image de générique. De plus, la musique et le petit texte du gouvernement du Québec achèvent de peindre l’absurdité derrière tout cela. Quoi de plus absurde que d’abuser des rêves?
Je pense que c’est en gros vers où ma pensée voulait se diriger pour ce travail. Les images étranges dont j’avais parlé dans le premier synopsis se sont évaporées pour laisser place à une idée beaucoup plus poussée de ma vision du monde artistique. Non pas qu’il me répugne, mais il a besoin, comme la société actuelle, d’une révolution qui le sortira de sa léthargie catatonique…"

Place au texte!


Il y a des étoiles dans ma bouteille
Qui s’évaporent quand je bois.
Combien de mondes ai-je bus
Avec ma soif ininterrompue ?
Combien de civilisations ai-je englouties
Avec mon indiscret sourcil ?
Combien de vies innocentes ai-je avalées
Sans me soucier des incendiés ?
J’en jouis juste à l’idée
Que l’univers pourrait disparaître
Par la seule pensée qui renvoie
À l’annihilation de la réalité.

Cassure du temps
Brisure des brises dans le vent
Rupture de l’espace.

Totalement infourneaux
Ces libertinages.

Que reste-t-il des montres
Des girouettes
De l’air
Des gâteaux ?
Rien que de la matière informe
En forme indistincte
Sous le regard distingué
De cette créature traversant le gué
À forme humaine
Mais aux pensées surhumaines
Et difformes.
Il cueille une pensée
Et l’offre au Néant
Qui se voit pour la première fois
Rougir.

We walk for it and read a book
Racontant la vie de la Mort
Sur un air de clarinette.
Elle pénètre sans lunettes
Un cabaret flou.
Elle croit rêver d’un fou
But dreams are fading slowly
Dans l’oubli cruel et gras
Of a madman’s soul.

Elle sait que le vent est mort.
Elle sait que le temps n’existe plus.
Elle sait que pourtant la musique continue
Qu’il y aura toujours
Tous les jours
Des carrefours où mielleusement
D’autres bouteilles se boiront
Et d’autres Morts mourront.
La réalité n’est-elle pas ce que
Nous en faisons ?
Dit-elle.

Chants faux entendus
Par-dessus la voix ferrée.
Mécanique du renouveau.
Le couteau perce avec adresse
La chair qui berce l’ivresse.
L’air s’évade
Le vent revient
La Mort ne mourra plus
Que dans le rêve de la Réalité.

Mouvoir les mondes
Pouvoir mirer l’immonde
Fatalité ancienne
D’un noyé bourgeois.
Mystère derrière l’orgie rare
Banana Taliban guru of a feast
Point encore entamé
Waiting for the dogs to come
And eat the food of the gods.

Torsions demeurant temporelles
Et le feu s’éteint
Dans la cheminée de papier.

12 octobre 2001

1 commentaire:

il y En a a dit...

Je n'ai pas pu attendre à demain, tes écris sont comme une drogue pour moi. J'ai vraiment et sincèrement adoré. WOW!!! Voir courriel ton courriel pour avoir plus de détail de ce que j'ai aimé le plus.