lundi 25 septembre 2006

MAISON DE PAPIER

Numériel quinte (de toux)! Feu intérieur, impulsion créatrice. Une architecture qui se construit au fil de la pensée, un poème dans un poème. Je lance ici l'idée que l'histoire existe avant même qu'on l'écrive. Elle attend, fébrile, qu'une âme en peine vienne la réveiller de sa plume. Elle est un devenir en gestation, dans la même idée que nous existons avant même notre conception (malgré mes réserves sur la question).

C'est un peu comme le potentiel humain, qu'est-ce qu'on deviendra plus tard, comment évoluons-nous suite à des événements anodins ou bouleversants? Serons-nous le monstre qui dort au plus profond de chacun de nous ou deviendrons-nous un robot ayant la totale emprise sur ses émotions, un être créé par l'éducation, les lettres, la création et la destruction de toutes ces choses? "The path is traced", comme diraient certains lunatiques religieux. Je dirais plutôt que ce tracer est tout simplement décidé d'avance par un subconscient atteint par la doctrine du "meilleur après". Les gens établissent donc leur vie par rapport à cela.

Inutile d'en dire plus sur le sujet, l'importance est nulle et ce n'est même pas ce vers quoi je voulais me diriger...

Prenez la pureté, blanche, douce, ondulant sous un vent fin, percez-la de la pointe d'un crayon dans tous les sens possibles. Voilà la Création! C'est la tention du vide latent (l'idée ou le concept) avec l'activité de deux noyaux en fission (l'esprit et la matière). Il faut une énergie incroyable pour parvenir à cela. C'est pourquoi l'histoire non-née dont j'ai parlé plus haut finit par créer elle-même sa propre histoire. C'est aussi ça la Création: une part de l'homme transformée en matière morte, car c'est la mort que l'homme sait créer le mieux.


(à Jacques)

Elle voit tout de la fenêtre ouverte
Cette jeune demoiselle enflammée par l’air vivant et froid
Qui pénètre en bourrasques frêles

Les murs craquent silencieusement
Sans même laisser la moindre fissure de détachement
Et dehors les arbres volent en rond
Ils perdent leur feuillage doré dans la tempête

Un arbre né sans feuille
Marche tranquillement sur le chemin noir
Il semble dessiner sa route
Vers la maison devenue un océan de vagues blanches
Mais une bagatelle le freine pendant quelques instants
Le faisant tomber de toute sa hauteur
Risquant de se casser
Et de laisser cette maison de bois converti
Accueillir le néant des inquiets sans tâche

L’affolement se perçoit dans les yeux de la jeunette
Qui voudrait bien sortir pour l’aider
Mais qui n’est pas encore écrite pour inventer
La pensée dans son esprit

Elle est enfermée entre ces murs de papier
Peut-être à tout jamais
Et l’inaction la fait maintenant agir

Un crayon entre ses doigts pâles se manifeste alors
Une rage incalculée renvoie sa peur dans le vide
Elle se met elle aussi à voler dans la demeure
Tentant de percer la faible couche de blanc
Ne s’apercevant pas qu’au-dessus d’elle s’est relevé l’arbre
Voltigeant autour de la maison de papier
Réécrivant l’histoire de la jeune demoiselle
Qui regarde la tempête à l’extérieur
Enflammée par l’air froid
Et ne pouvant pas sortir de sa demeure pour aider le monde
À imaginer une plus grande route
Pour que le crayon dans sa main ne casse sous le poids des nuages
Où mille éclairs surgissent pour brûler le plomb des fusils à idées

Plus tard
On verra qu’il ne reste que la maison
Vide
Atteinte du syndrome
De la page blanche

28 décembre 2001

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