mardi 19 décembre 2006

L'HOMME PERDU

C'est étrange, mais ce poème, à l'origine, contenait des passages religieux, un peu comme une dérision de, en quelque sorte, comme une prière claudiquante qui lui manquerait un mollet, et un cerveau pour la faire avancer. Mais j'ai oblitéré le tout au passage où les animaux deviennent intelligents.

L'homme perdu est le reflet d'un dieu quelconque qui n'a juste plus sa place dans notre monde, mais aussi un Moi en train de creuser le trou où était enterré l'inconscience de l'inconscient.

Il y a encore ici une influence d'une chanson de Dead Can Dance (In Power We Entrust the Love Advocated) à la fin du poème.


dernier tour de table
une rondeur philosophe sur le coin
comme si les amours allaient en faire l’oubli
fin et souple semble cet œil ouvert et sombre
que la lumière tente de percer de son rayon

le téléphone vide se souvient du temps palpable
et la poussière dévergondée sirote son joint
tout près des moustaches de l’homme perdu qui sourit
courant désespérément à la recherche de son ombre
au lieu de rester là à dire non

fermeture de la pierre philosophale

des déments déboulent dans de drôles de discussions
disons d’eux qu’ils sont mortellement atteints
par un SIDA maintenant muet
ou une syphilis grimpant le long des cheminées
ils ne sont là que pour gouverner
de toute façon

fracture de l’espace entre les atomes

un menuet s’empare de l’œil sombre et ouvert
ballet mécanique dans les bras d’un sillon bleuté
un écrou s’écroule
et laisse voir le ciel gris d’angoisses
sans couleur pour l’accompagner
que va devenir l’électricité

tout part et revient par les mêmes chemins
aucun d’eux ne mène jusqu’à Rome
la poussière l’a effacée de son ombre
où la voûte s’étend de millions de baisers
emportés par un cœur vieilli par l’ennui

tourmente dans le cœur de l’homme perdu
au bout de sa table ne vit que le vide
vase dominant sacré de vérité cachée
vide
le vase
vide
la vérité
les idées penchent plutôt pour les motifs bleus et gris
eau et poussière
ciel et montagnes
vie et mort

tourmente dans le cœur de l’homme perdu
qui voit trois dés au bout de ses doigts
ils attendent d’être jetés une dernière fois
à tout hasard
peut-être pleuvra-t-il en Éthiopie

les interférences devinent un mouvement de tête
vers une horloge sans pendule
ciseaux d’argent coupant des queues
et les animaux deviennent des hommes intelligents
les pères se métamorphosent en criminels volant les vieilles mémés
nous les suivons comme leur ombre

la conscience du monde s’ouvre sur le manque d’acceptation
tourmente dans le cœur de l’homme perdu
le silence tue et se tue à survivre
créé de toute pièce à notre image
il s’abrite là-haut
modelé pour nous pardonner
afin que notre conscience soit en paix
hors des larmes qui peignent les joues de l’homme perdu
il est dégoûté

et toujours ce silence
qui reste là pour laver ces CONSCIENCES vides
l’histoire ne fait donc que se répéter et recommencer
guerres
meurtres
suicides
hypocrisie
orgueil
pouvoir
orgueil
hypocrisie
suicides
meurtres
guerres
pouvoir
le pouvoir symptôme de la fin de notre conscience

un refuge
l’inconscient
où le rêve vogue doucement sur ses ondes
le devenir d’une vie hors de la souffrance
mais envahi peu à peu par les restes décomposés
de la civilisation

nulle part où puisse demeurer l’homme perdu
sinon dans une recherche de l’amour
but ultime oublié par tous
the way lies through our love
there can be no other means to the end
sans lui
à jamais perdues seront les clés de
l’innocence

16 mai 2003

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