samedi 9 décembre 2006

SCHIZOFREÏNA

...N'importe quoi sera bon pour ne plus penser (dis-je dans le commentaire de Deur'b), la solution fut le revirement vers moi-même et la confrontation de ce Moi-même infernal. Ce revirement est une montée, comme si mon esprit était plus haut que mon corps, un esprit en colère de porter de trop lourds souvenirs. De cette hauteur, il faut redescendre, mouvement de vague incessant.
Ce poème pousse la robotisation de mon être une coche plus loin, mais c'est sur un mur que je me frappe. Je ne peux plus faire un pas de plus vers mon intérieur. Aller plus loin est la folie du Chaos Désharmonisé, une folie brutale et insensée, une folie qui n'a plus conscience de la vie et qui rend toute chose moribonde. Ne pas confondre "esprit" et "âme" dans ce poème. L'âme, ici, est une partie intégrante du corps et ne peut en être dissociée. D'où les couleurs de cette âme, état physique d'Être dans un inconfort obligé.

La viande est de retour (à la fin du poème), cette viande saignante qui a peuplé presque tout ce Troisième Volet. Cette viande qui fut mon corps jeté aux oubliettes, meurtri par l'oubli de conscience. C'est pour cette raison que le Troisième Volet se termine par ce poème intérieur (sans oublier le poème qui viendra juste après!!!) et voguant dans les hautes sphères. Le corps malade et dénié ici, il sera martirisé au plus haut point dans le poème suivant, le poème que je vous parle depuis presque le début de ce blog: "Cruelle époque pour les embrochés".

Je vous laisse à votre lecture!


élévation de la pensée surhumaine en déroute
déjà je sens venir à moi les cris de fureur incomprise
quand en attente du levé de l’univers argenté de givre
pullulent un millier d’amas poussiéreux de spasmes oculaires

je descends tout au fond
là où l’esprit rejette l’envie des autres et se mure de rêves
de songes d’errance solitaire au sommet d’Érel le guetteur
lui qui écoute sans juger la pensée des flots immolés

le regard
importance naguère ultime
traverse les choses palpables à l’envers desquelles l’oubli reste
il ne peut n’y avoir que l’outil du silence
à l’intérieur de ce crâne chevelument terne de souvenirs
implacable résistance devant la Mère qui fut le berceau humain
c’est en conduisant l’attelage du Soleil que j’aspire la Terre
tout au fond du caniveau de mon esprit
le moribond avait peur de naître sans lui-même
alors que la vie s’est emparée de tous les êtres célestes

les paupières closes
je dérange l’ordre intérieur autrefois solidement ancré
le fracas insolite endort le reste du système originaire
et mes sens perdent pour peu leurs sens
et ces imbéciles me laissent seul avec lui
de l’autre côté du monticule ossuaire de ma propre personne
deux êtres réflectifs
se refusant un unique regard pourtant fondamental
ils sont enfermés là où j’ai désir d’oublier
derrière les portes souillées de la civilisation désossée
sans plus la moindre parcelle de viande comestible

indifférent aux peuples frappant au-delà des fers
il ne me reste plus qu’à retourner ronger les couleurs de mon âme

16 mars 2003

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