mardi 26 décembre 2006

ANIMISME

Le poème qui fit que le recueil que j'envoyai à quelques maisons d'édition porta le nom de "Comment les animaux devinrent des choses et autres réalités". C'est la prise de vie des objets inanimés, le respir de la nature et des constructions de l'Homme en harmonie devant deux êtres vivants confus et figurants. On parle des Sans-Foi, sans pour autant connaître leur but. La multitude devient l'unité qui devient la dualité qui devient un Tout (qui n'est pas la même chose que la multitude).

Se départir de l'humanité fut l'un des buts de ce quatrième volet. Ne plus être ce que l'être humain est, et en même temps, souffrir de sentiments hors de mon contrôle qui sont le lot des humains. Ce poème est une tentative d'atteinte de la sérénité d'esprit au-delà d'une sérénité de corps qui est à ce moment totalement impossible.


douze ombrelles enlignées devant une chambre à coucher
des bruits de noix qui se cassent
s’entendent de la fenêtre ouvrant sur une mer ensoleillée

des douze
une se brise sous le poids de l’air
rongée miteusement par une harangue défectueuse
l’appui du ciment cède à son tour
et la tour ombragée se montre dans le jour

une poignée d’oiseaux vérantent au-dessus du toit
maculé des déjections acides des volatiles
les sourires pèsent le pour et le contre

en voyant ces images absurdes fondre sur le mur
deux voyageurs se demandent ce qu’est l’affoi
aucune réponse provenant de ces murs
ils n’ont que des oreilles bouchées
alors ils désertent le plancher de marbre
sur lequel ils se tenaient depuis des lustres
et s’étendent à l’extérieur
sur un lit de fleurs parfumées de l’odeur des anges

le souffle court
essoufflement dans la course contre les fourmis
les voyageurs passent leur chemin et ignorent
les murs endormis au milieu du champ de fleurs

dans leur marche sous le soleil d’automne
ils se rendent sur une plage qui se trempe les pieds dans
le sable
mouvant au gré de la pulsation océane

26 juin 2003

2 commentaires:

Anonyme a dit...

J'ai une théorie sur l'esprit humain dont j'aimerais discuter, un jour, avec toi.

Ta façon de raconter la vie et d'en combler les vides rationnels par des «interfaces» irrationnelles est intéressante au plus haut point, même si ce n'est pas du nouveau à mon avis.

La maturité s'installe, on le sent, On se prend d'ailleurs à se demander «Qu'est-ce que la maturité» ?...

Cela s'applique autant à ce poême qu'à ceux issus de la même époque, notamment celle où tu sortais avec Jocelyne.

Fascinant. Bravo !

Luc Pelletier a dit...

Question sur la maturité, d'autant plus avec ceux que j'ai écrits pour Jocelyne où, avec du recul, j'ai l'impression d'avoir été avec une enfant tellement elle avait des réactions trop exagérées sur n'importe quoi et des commentaires qui étaient souvent blessants sans qu'elle s'en rende compte...

L'inconscient a beaucoup joué dans cette période, je crois, essayant de me porter des messages que je n'ai compris que plus tard...

N'ai-je pas dit un jour dans Dreams Abusés, par la bouche de la mort, que la réalité n'était que ce que nous en faisons? C'est pas mal ce que j'ai fait à cette époque. J'ai essayé de me construire une réalité toute heureuse avec elle alors que ça n'allait pas bien pour moi...