mercredi 3 janvier 2007

LE CENTRE DE LA TERRE

Un autre poème pour Jocelyne. Poème hors du temps, ou plutôt à l'intérieur de tous les temps à la fois. Des images d'enfants et de vieillards jouent sur le même visage, un peu comme la fin de 2001: l'odyssée de l'espace, quand le personnage se voit à différentes époques de sa vie jusqu'à sa mort et sa renaissance en tant qu'entité cosmique. Le désir est toujours présent, comme dans tous les autres poèmes sur cette fille, désir qui frappait chaque fois le mur d'un manque de confiance en... en quoi? En elle-même? En les autres? Qui peut le savoir?

On a finit par s'en foutre, de toute façon.


averse de braises sous le souffle d’une gorge en feu
si belle au coeur d’un ouragan de feuilles mortes
elle s’élève dans le vent
plus pure que le sourire du soleil
emportant avec elle le bleu des astres enrubannés de silence

tout retombe lentement
sur le visage allongé de la Terre tranquille qui
sous les spasmes de son coeur profond
accueille une cendre devenue larme pourpre

un témoin de la scène s’approche à pas de fauve
il semble vouloir cueillir de ses doigts cette larme impalpable
car au creux de sa main
mille bouches demandent d’être embrassées par cette chaleur
une chaleur perdue dans les vastes horizons du temps

l’homme regarde passer les feuilles mortes
accompagnées par le Marcheur
et se retourne pour contempler l’illusion des couleurs
illuminant les eaux frêles d’une rivière noire
larme pourpre devenue bouche brûlante
les trois temps de cette valse atonique
réveillent au fond de la Terre
un chant distillant les coeurs de l’enfants au mille bouches

dès cet instant
clairement distinct des restes ombragés du sol
un sillon se creuse autour du vieillard millénaire
et le terrain d’airain s’effondre
dans le vide rempli d’acclamations torrentielles

l’homme nouveau se pose devant l’Être Noire
une noirceur trop belle pour des yeux humains
une noirceur lançant l’ouragan dans les corps paisibles
une noirceur embaumant de lumière les nuits aveugles

le voeu d’entrer en elle défini le décor
mouvements continus sous un toit de stalactites obscures
des oiseaux égarés volent dans leur contraste
démunis de branches où se reposer
ils s’alimentent de la lumière noire
à l’instar du garçon ébahi par la beauté des vagues sombres

il s’avance doucement et tend les bras
vers la source de son extase
elle lui sourit et l’accueille sur son sein
en une étreinte résurrectrice et rassurante
perchée au centre de la Terre
le noyau d’un amour aromatisé de caresses
et l’union d’êtres célestes organisés par
une horloge établie hors du temps

le froid n’entre plus dans la bouche du ciel
et dorment en silence les paroles ardentes
derrière le rideau vert des cachettes nébuleuses
où naguère hibernaient les malheureux

22 juillet 2003

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