mardi 30 janvier 2007

PLANÈTE MAUDITE

Ce poème me vient d'un rêve que j'ai fait à l'époque. Un monde où il faut toujours avancer, parce que si on s'arrête, on s'enfonce à notre tour dans la fange. Les faits? Je ne les connais plus.
Cette époque est extrèmement vague pour moi (C'est la raison pour laquelle les commentaires personnels ne foisonnent pas trop depuis un bout, pour ceux qui s'étaient posé la question :O) ).
Les prochains poèmes ont été écrits dans des états étranges de confusion. C'est la transition entre mon départ vers Montréal et mon arrivée dans cette grande ville pourrie. Les débuts à Montréal démontrent déjà que je n'ai pas réussi à me défaire des chaînes que je m'étais forgées à Chicoutimi. C'est plutôt le contraire: L'Engagé des Sondes du poème, c'est moi, qui me suis détaché de toute la scène. Un Moi observateur à la surface, mais aussi créateur de la profondeur, espèce de guide touristique d'une planète qui pourrait bien être la nôtre. Des têtes mortes à la surfaces, des corps squelettiques sous la mer blanche, leur vie aspirée par le noyau dévoreur. Toute la scène ne fait que l'indifférer.
Quoi faire d'autre lorsque que nous nous sommes perdus?


Étoile à proximité
Tricycle sur la Planète Maudite
Les jambes pédalent dans une mer de pus gras
C’est toute une civilisation qui s’enfonce
Seules les têtes dépassent
Marquées par les roues d’une jeunesse éthérée

Pas de répit pour le soleil las du jour
Attiré qu’il est par les tentacules du ciel
Fondre au fond de la terre fondatrice
Névrose refoulée devant la mer blanche

Un enfantôme
S’arrête devant la tête de son frère
Morte depuis des mois à boire le mal
Un œil saigne encore des blessures du vide
On ne roule plus
On s’enfonce maintenant dans la vase
Bassin de semence infertile et puante

Le cadet s’ébat contre l’espace rétrécissant
Bulle de démence entourée de calme malice
Une main s’appuie et se déchire lentement
Que mériter d’autre pour tous les vices

Rien n’évoque l’ampleur étouffée du vent-néant

Deux jambes se mettent en mouvement
Et la roue de tourner enfin
Sous elle la succion rage meurtrièrement
Tout y reste à la fin
Cristallisation bénigne pour la Planète Maudite

Deumeure une boule blanche
Piquetée de têtes mortes
Décomposées en éléments chauffants
Chair nourrissante pour un cœur gelé

Situation renversée
Ombres d’yeux dans un espace sous-marin
Des squelettes tremblent d’une acidité morbide
Millions de tuyaux branchés dans les os
Que les têtes s’arrachent à pleines dents
Elles deviennent folles et dévorent le
Cadet
Mais la source du mal
Est dans leurs crânes desséchés

Sous un masque de folie
Un Engagé des Sondes fuit la scène
Chapeau en main
Il lance un dernier coup d’œil sur son
Œuvre
Et se demande pourquoi il n’est pas devenu
Poète

Jetant sur la surface aveuglante
Une lettre de son amant
Il s’envole rejoindre le soleil las
Sur son tricycle devenu dragon noir
Dans ses écailles coule le venin de la délivrance
Et pullulent en rond les alvéoles minimalistes

Il laisse dans son sillage
Ce qui reste de la mémoire du monde malade
La Planète Maudite

22 mars 2004

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