jeudi 26 juillet 2007

NÉVRALGIE HYPOTHERMIQUE DANS LA RÉGION DE L'INCONSCIENT...

On n'en sort pas, malgré tout. Ça reste coincé dans le plexus solaire, où jamais le soleil n'a pu pointer son nez. Une espèce de ver géant qui gruge l'intérieur et laisse un trou béant, sans rien pour le remplacer. C'est de là que part les larmes, c'est de là que part la douleur.

C'est d'ici que nous démarrons notre voyage, sur le contour sucré des démangeaisons de la blessure. Une marche mal assurée sur des plaies sanguinolentes, d'un rouge foncé et sale. Des vibrations sourdes résonnent dans mon crâne, un tambour arythmique qui s'emballe et coupe le souffle. Il suffit d'un regard à mes pieds pour constater que je marche dans le vide. Une ribambelle de souvenirs m'assaille, me cogne, me caresse, m'emporte dans une chute qui n'en finit plus.

Le sol, soudain. Je me lève dans le noir et bute sur ma tête. Je suis hors de moi-même, encore une fois et il fait noir. Mon corps est une fois de plus derrière une porte étanche et il ne bouge plus, dans la position du Penseur.

Je suis déréglé, je suis las, je suis... mort? Non. Seulement absent et angoissé comme jamais je ne l'ai été. Mes heures de sommeil diminuent, mes yeux se creusent, le cerveau de mes mains se met à faire du Parkinson et le monde m'inquiète. La vie ne s'en va jamais de la façon qu'on le prévoit. Elle part, tout simplement. On a le choix d'embarquer ou de laisser le train passer...

Que vais-je faire...?

Plus les jours avancent et plus la mort de Julie me pèse. Je recommence à voir sans cesse l'épisode de sa mort lié à mon épisode de panique d'il y a deux semaines. Dès que je ferme les yeux, dès que je ne pense plus à rien. Alors je pense à Julie McCabe qui a perdu sa meilleure amie, Je pense à Félix qui a perdu son "miroir", je pense à ma famille, et je recommence à angoisser sur... quoi? Je ne sais pas. Quelle culpabilité vient me frapper et pour quelle raison? Celle de vivre? Non. Celle de ne pas être capable de bouger, paralysé que je suis par la lassitude? Je ne sais pas.

Pour l'instant, je me laisse aller, la main sur la poitrine, retenant une douleur physique et psychologique qui vient de payer son hypothèque pour les 150 prochaines années...

Que vais-je faire...?

8 commentaires:

Anonyme a dit...

Que vas-tu faire dis-tu?
Continuer à vivre et à vivre heureux comme elle désirait tant que tu le fasses!

Luc Pelletier a dit...

Merci pour l'engueulade, qui que tu sois! :O)

Oui, c'est ce que j'ai l'intention de faire du mieux que je le peux. Mais pour ça, il faudra que je me sorte un peu plus de la torpeur du deuil que je vis, ce que j'ai l'intention de faire, mais pas maintenant, je n'en ai pas la force.

Je me laisse aller au gré de mes émotions, je laisse la douleur faire ce qu'elle a à faire du mieux qu'elle le peut pour ensuite mieux guérir. Pour le moment, c'est l'enfer sur Terre, mais je sais que je passerai au travers. :O)

Que vais-je faire? Prendre le temps qu'il faut.

Anonyme a dit...

Excellente réponse!
Tu es sur la bonne voie.
Malheureusement, pour sortir de la souffrance,il faut d'abord la vivre.
Extrêmement difficile à faire, mais vrai.

Anonyme a dit...

Tu vas continuer, tout en prenant le temps qu'il faut. Et on sera là à tes côtés, dans la souffrance comme le bonheur. Tu ne peux nous échapper!!!
Et comme il a été écrit plus haut, c'est une évidence que Julie veuille que tu vives, et que tu vives vraiment, et que tu sois heureux. Que tu apprécies la vie et tout ce qu'elle offre.
Prends le temps. Tout le temps qu'il te faut. Nous sommes là (et non las, quoique...ça aussi), toujours.

Anonyme a dit...

Bonjour Luc,

c'est juste pour te dire que je lis ton blog depuis le départ de Julie et je reste sans mots...dénudée de toute créativité. Je dis que je lis, mais les autres filles aussi lisent et nous pleurons ensemble...mais nous rions aussi. On pense à toi. Et on se rappelle la beauté de Julie...sa candeur toute fraîche, son rire contagieux...ses mains au piano, son pied nu sur la pédale (avec sa pédicure maison qui faisait très "fille"), sa voix remplie d'émotions et d'amour qui me faisait frissonner et pleurer à tout coup...bon c'est que c'est moi qui lui demandais bien aussi. Ça m'aidait à ressentir quand elle chantait et je pleurais, là, devant elle, devant son beau sourire chantant. Ça m'aidait à dégager ma boule d'émotions et je partais, un peu à l'envers, mais heureuse. Sa voix activait automatiquement mes frissons et mes larmes...Instantané. Ce sont de beaux cadeaux qu'elle m'a fait...me faire pleurer de joie...

On se rejoignait sur plusieurs point, mais surtout sur notre ultra sensibilité et émotivité...mais elle disait toujours : "On pleure là, mais tsé, au moins, on est VIVANTES!" Et après on se trouvait dont chanceuses d'être braillardes.

Quand j'arrivais à mon cours après une semaine hautes en émotions, je m'installais pour chanter et pas moyen de le cacher...si elle avait le malheur de me demander "ça va tu toi?" je ne pouvais m'empêcher d'éclater en sanglots et de tout lui raconter...Julie savait pratiquement tout de ma vie...après 2 ans et demi de cours à toutes les semaines, on est venue à développer une belle amitié. Elle m'aidait à exprimer mes émotions à travers la musique et moi, je l'aidais avec son alimentation. Ça m'a démolie quand Julie McCabe a parlé de Julie et de ses déjeuners, car c'est moi qui lui a donné la piqûre des déjeuners santé! Elle connaissait tellement bien ma philosophie de santé; si bien qu'elle aurait pu donner des cours! Elle était une "élève" exemplaire. Curieuse, persévérante et à l'écoute de son corps. Elle était tellement fière de me dire les bons repas qu'elle s'était préparée et à une certaine période, je me suis même dit qu'elle surpassait mes concepts de nutrition. Elle était tellement plus créative que moi!

...Ah qu'elle me manque...je la sens souvent, mais c'est pas pareil. Je lui parle, mais j'aimerais ça qu'elle réponde. Peut-être elle est trop occupée là haut.

J'imagine même pas *ta* peine...en fait, je t'imagine, mais bien sûr, je ne suis pas toi donc je ne peux ressentir toute l'ampleur de ton Mal. Mais ce que je sais, c'est que tu vas t'en sortir, car je sais que tu es fort. Bon OK, c'est Julie qui me l'as dit. Comment elle t'aimait. Comment elle se sentait femme auprès de toi. Comment elle disait, à tous mes cours (et probablement à tous ces élèves!) : Ah, Luc!...Yé tellement beau! Je l'aime tellement! J'veux ses bébés!"...ah cette chère Julie maternelle...disons que ça aussi on a ça en commun elle et moi, les bébés!...Mais j'ai pas trouvé "mon Luc" comme elle disait si bien. Elle me parlait de vous deux, et j'ai allumé un jour et je lui ai dit : "Ah ben moi aussi c'est ça que je veux" Vous étiez l'exemple par excellence qui répondait à tous mes critères de romantisme et de folie, de trop d'émotions, de trop d'amour, de complicité inconditionnelle. Et ça, aujourd'hui, à cause de son malheureux départ, me force à ne jamais désespérer que je vais le trouver mon mec.

Julie avait cette capacité de me calmer quand je l'appelais en panique ou en peine extrême. Je raccrochais et après tout allait mieux.

Et tu sais...je suis tellement heureuse que ce soit elle qui m'ai appris à chanter...et je ne vais JAMAIS arrêter. Et à chaque fois que je chante; je sais qu'elle se cache dans mes cordes vocales et dans mon coeur et qu'elle fait probablement ses petits ajustements pour m'aider...j'ai même l'impression de mieux chanter.

Parfois, le soir, avant de dormir, je lui parle et après je lui dit "Ouin, tu dois être avec Luc là, mais essaye de venir me voir un peu quand même!" ;)

Et sa voix me berce, son sourire tellement rassurant. Car oui, elle m'a tellement souvent rassurée. Tellement consolée.

Je me compte tout de même chanceuse de lui avoir parlé le matin de son départ, lundi à 11h16...elle n'a pas dit aurevoir, mais je sentais que ça n'allait pas...sa voix n'était pas comme d'habitude. Merde. Merde de merde.

....

J'ai commencé à faire des bulles. J'en fais plein. Un peu comme pour l'attirer. Et je les regarde s'envoler et espère qu'elles se rendent jusqu'à elle.

Moi aussi j'ai mal. Les filles et moi, on a décidé de préparer un spectacle en son honneur...on est au stade de choisir les tunes et faudra bien trouver des musiciens. Le départ de Julie nous a réunit au point où nous sommes comme des soeurs maintenant. On est liées à vie et notre douce raison d'être est de se souvenir de Julie, de rire et de pleurer ensemble. La vie est tellement belle. Tellement tellement belle. Le vent, la chaleur, le soleil, les nuages, les étoiles...tout est beau. Même la laideur est belle.

Tout le monde te dit que Julie voudrait que tu vives à fond, que tu profites de la vie, mais chose certaine, elle ne te dirait pas de ne pas vivre tes émotions. Mais bien sûr, elle te dirait de vivre à travers ta peine, car toutes les émotions sont bonnes à vivre et elles prouvent justement que t'es vivant cher Luc. Et la Vie, Julie, elle l'adore. Elle vit toujours, peu importe où elle est. Elle vit en nous, dans nos voix, dans nos coeurs et dans nos souvenirs. Elle est là, elle est seulement dans une autre forme. On ne la voit pas, on ne l'entend pas de manière conventionelle, mais si on tend l'oreille doucement et si l'on ouvre tous nos sens et tous les autres, elle est bel et bien vivante.

Si je peux faire quoique ce soit pour toi Luc, n'hésites pas. Si t'as besoin d'un coup de main pour te donner des forces physiques avec l'alimentation, je peux t'aider et ça me ferait un énorme plaisir. Énorme. Je ne demande rien du tout en retour.

T'as tous les droits de vivre ta peine, de pleurer, d'être déprimé, mais T'abandonne pas. Abandonne pas Ton corps, car c'est ton temple.

Sur ce, je te laisse pour le moment, mais comme j'ai pris un grand plaisir à écrire ceci, je serai de retour.

Je t'envoies de belles vibrations,

Julie Audette

Pandora a dit...

Tu vas survivre le temps qu'il faut à ton corps et à ton coeur pour commencer à cicatriser. Heureusement, tu as tout le temps dont tu auras besoin pour t'en sortir et n'oublie pas, notre porte, même si elle est loin t'es ouverte à n'importe quel moment. On t'aime et on est avec toi malgré la distance...

Luc Pelletier a dit...

Wow... Merci Julie Audette, et merci Julie Desrosiers!

Je tiens sur le bord d'un fil et j'avance tranquillement, tenant en équilibre avec un bâton de la grosse d'un poil de nez. Pas très rassurant, mais ça tient. Et ça tiendra assez longtemps.

Chantale a dit...

Luc, si tu veux, je peux te passer un de mes bâtons de ski, me semble que ce serait plus fiable qu'un poil de nez... M'enfin... ;)

Julie Audette... Ton message m'a tellement rentré dedans, c'est pas croyable...
J'ai vraiment envie... non, j'ai vraiment besoin de faire partie du show hommage à Julie. Contactez-moi lorsque vous serez prêtes, ça me ferait vraiment plaisir. Puis en plus, je vous aime toutes beaucoup, alors ça adonne bien :-)

chantale_maison@hotmail.com