mercredi 14 février 2007

ANAPOCALYPSE

Je vais vous citer un passage de mon journal personnel du 30 novembre 2005 pour mieux vous illustrer pourquoi j'ai écrit ce poème. Époque où mon coeur à la dérive s'accrochait encore à une bouée faite de plomb et où je n'avais pas encore tout à fait compris le sens de mes mots. Mes deux hémisphères cérébraux ne sont pas toujours en parfait accord...:
"Comment faire pour se débarrasser d'une obsession qui nous hante incessamment, une de celles qui perdurent et que je ne peux pas éradiquer? Je n'ai pas passé une bonne soirée parce que la personne qui me tient le plus à coeur n'évolue pas d'un iota... Comment peut-on rester si puéril, si superficiel, alors que nos goûts musicaux évoluent, que nous côtoyons des gens intelligents et même cultivés, mais qu'on reste au même stade primaire, un marais de rien, une immense flaque de vide qui ne remue même pas sous les courants d'air...?
Je désire, mais inutilement, ce désir pointe vers le néant, un trou noir si magnifique que je ne veux que m'y perdre. Infantilisation, c'est comme ça que j'appelle ça. Rien d'autre qu'un retour vers un creux de vie qui ne mena nulle part. je devrais dire à cette charmante Jocelyne que nous n'avons plus rien à nous dire, qu'il est inutile de reprendre contact. Quelque chose me retient, comme si, en faisant cela, j'allais passer à côté de quelque chose d'important.
Mais tel n'est pas le cas puisque rien ne vit dans ce sens de son côté. Je, uniquement. C'est ce que j'apelle "Anapocalypse". Une Apocalypse est un événement majeur, un bouleversement, une évolution dans la vie d'un peuple ou d'une personne. L'Apocalypse chrétienne remue ciel et terre, vivants et morts. C'est la finalité de tout, l'atteinte d'une perfection imaginée depuis des millénaires, le retour au Paradis Perdu. De nos jours, Apocalypse signifie destruction, extinction, mort, désastre, bref, la peur, la crainte, une angoisse injustifiée qui bloque le processus d'évolution.
"L'Anapocalypse", dans le terme antithétique où je l'entends, se résume en une stagnation de l'être, une anti-évolution, étape-même du temps où nous vivons et dans lequel j'évolue malgré tout, m'y trempant un peu plus chaque jour."
Oubli de conscience indécis, comme je l'écrivais jadis à mes débuts (voir poème du même nom). C'est le poème que vous lirez ici qui m'a poussé à ouvrir ce blog et à m'ouvrir au monde.


démangeaison au creux du nerf optique
aucun moyen de s’y rendre
un doigt profondément enfoui
dans l’orifice anal
la loque fébrile ébranle le monde

sigüe dans le jabot de survie
une évolution est avortée dans la pensée même du créateur
vomissure sur un mur de murmures
l’hécatombe déboule dans le chantier
de la maladie

aucun désir
que le mal qui rôde furtivement
dans un dédale d’idiotie

cadavres putréfiés dévorés par des hommes en mal d’amour
flaques de pus avalées au fond d’une idée de bêtise
je penche pour rester à la maison

les Cavaliers préfèrent se saoûler chez Carmen
les Léviathans se noient dans leur propre sperm
réplique de débile profond dans la bouche des prophètes

élégance doublée de pétulance
c’est une régression atrophiée qui prévaut
trop de manque à gagner
tomber n’est plus abordable
ne demeure que le Stagnat
un océan vidé de vie
appliqué sur le nombril de Dieu
(divinité quelconque à remplir ici)
n’a que faire des parcelles odorantes
d’une ingéniosité démesurée

le Sinistre abat ses cartes sur des crânes stériles
c’est l’ablation du clitoris cérébral
qui vient annihiler le peu qui restait
des pleurs sortis d’yeux trop grands pour plaire à l’Ancien-Nord

on finit
je m’incluse dans l’addition puérile
dans les confins de cette Apocalypse
euthanasiée
les chairs en lambeaux saignants
les os cassés sur des murs d’air
et tous finissent leur vie chez un boucher pour en finir avec leurs maux de dents
même en l’absence de celles-ci
c’est l’oubli du noir
un oubli de mort

morts
nous le sommes déjà
on ne nous a simplement pas encore enterrés

30 novembre 2005

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