mardi 6 février 2007

MUTISME

Dans une longue lignée de répressions intérieures et d'abattement des mots, j'ose croire, en 2004, que tout va se terminer d'un seul coup. À Montréal, habitant la chambre d'amis de ma soeur Chantale et nouvellement temps plein chez Archambault comme libraire, j'écris ces mots d'écoeurement. Ils réflètent non seulement mon abattement, mais aussi celui de tout un peuple de mauviettes qui laissent leurs vies entre les mains de clowns qui ne savent même pas ce qu'ils font.
Me voici devant l'esprit québécois, sorte d'ombre à peine visible, dont le regard demeure plein, mais inactif:


ombre de voie sous la langue
la minutie du son s’estompe
et défie le verbe d’en sortir vivant

on oblige un révolutionnaire
à se trancher la gorge pour sa
survie
et depuis 1837
la voix meurt au bord des lèvres
coupée au hachoir rouillé
ses lambeaux dégringolent un visage moribond
vide d’une expression de compréhension

moi ? je reste assis sans rien dire
mais les mots tranchés qui survient à la pression
viennent s’épanouir au chaud d’une plume
se répandant hors du temps réceptif
et pouvant se crier dans toutes les bouches

il est terminé ce temps de la morte parole
quand les enfants parlaient par la bouche de leurs parents
et les hommes silencieux s’arrachaient les couilles
pour ne pas peiner le monde entier

un décapage inutile et avorté
où le génie coupe les doigts du tortionnaire

22 juin 2004

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