jeudi 15 février 2007

EN TORPEUR SUR UN OEIL

2006! Enfin! Moins d'une dizaine de texte et nous aurons terminé cette grande course qui aura durée 7 ou 8 ans. Le poème qui suit est une sorte de blague de mauvais goût sur l'amour et la solitude...


démente
la poussière sur l’œil du fleuve ébauché
on aimerait situer les corps
dans un million de cœurs
vomis par un temps mimétique

un éclair dans la figure
une génération déflorée par le manque
deux silhouettes ne se touchent jamais
et finissent mortes sur le sable
avalées
pétrifiées

enterrés dans une fange mystique
des organes subsistent
se rattachent dans le noir liquide
nébuleuse de chair rocailleuse
sculptée dans la voiture de Dali
lui-même dévoré par une fourmi végétarienne

le docteur Frankenstein s’en lave les mains
il ne peut que rire sa vie au son du vide de son âme

il est impossible
maintenant
d’arrêter le torrent boueux
limpide ragoût d’idées
subitement
enlevées d’une tranche de cervelle
morte
si belle
seule
l’angoisse persiste tout au fond
devoir creuser plus loin
les mains sales
ensanglantées
rongées par les dents-terre
une hécatombe languissante
chute vers le ciel assombri de pleurs
tout repose sur l’angoisse de vivre

l’immobilité tremble
alors que l’œil embrumé s’ouvre sur le vers
comment savoir les torts abjects
qui sillonnent les tempêtes
jusqu’à l’arrivée d’hybrides gonflés
pleins à craquer de déjections inconscientes

on oublie le rêve quand il pleut

la pluralité n’a de cesse
que dans le singulier
l’unique dans un lit de mort
fixant un plafond décomposé
où une population troglodyte bâtit
le malheur
à même la faim
où l’abstinence pue la merde

C’est que la fange solidifiée qu’est devenue le Corps Nouveau n’a plus rien à voir avec l’Homme. Nous sommes ici, dans les chimères emmêlées d’un univers à la dérive, perdu au milieu d’un espace froid et contraignant… l’intérieur d’un cerveau n’a rien à envier aux morts. D’une façon ou d’une autre, le tout ne devient plus que l’Unique, forme d’amalgame inconsistant de conscience pure au creux d’une goutte de sang. La fiction temporelle aveugle. Celle qui gère les planètes, les étoiles, la vie;
un Sumérien tranche la tête de son esclave
le pape aboie au clair de lune
cinq mendiants avalent de l’arsenic
un dieu vient de naître sur Titan

et je finis par fermer les yeux sur tout
pour m’enfermer dans l’oubli
et l’angoisse de la mort
une humidité m’aspire en son ventre
et le sommeil disparaît définitivement

j’ai vu la Fabrique de la Folie
aux confins d’elle
de lui
de toi
partout où j’échappe mon œil
ils le mangent sans retenue

pour nettoyer les murs souillés
le mort doit se lever
et frotter dur
personne ne le fera à sa place
si ce n’est le silence du caveau

21 mars 2006

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