lundi 19 février 2007

MÉMOIRES ROUGES

La paralysie des mots dans la bouche d'un poète. Quoi de plus pathétique? Une paralysie qui provoque des pertes énormes à une mémoire fébrile et vascillante. L'oubli est un thème récurrent dans ma poésie. Dès le tout début (avec le poème "Oublié") je me penche sur le problème de la mémoire et de la façon qu'ont les êtres humains à évoluer selon qu'ils ont oublié ou non leur passé. Beaucoup de gens oublient. C'est à ce moment qu'ils perdent le contrôle de leur vie. C'est à ce moment que l'autodestruction commence. Ces gens se tapent (on peut le prendre au sens figuré) sur la gueule pour des broutilles. Et des feux s'allument. Et on n'a pas le temps de tourner la tête que la Cité est en proie aux flammes. Invasions barbares ou guerre civile?

Mais ce n'est pas le but de ce poème. Prenons-le dans un sens plus personnel. Une autre tentative de percer le mur avec cette petite cuillère de plastique déjà fendillée.

Les mémoires rouges, ce sont les mémoires mortes, les corps morts dont je parlais et qui tombent avec fracas, se répandant sur cette belle herbe verte. Un lien se tisse entre tout. Un filet à mailles serrées, la toile d'une araignée sur le crack. On veut garder le tout à l'intérieur, alors que tout porte à croire que la porte n'est pas barrée...



on tente de monter la falaise
encore une fois
mais le gel du blanc et du noir m'arrête
en une lecture contemplative et éblouie
des passages se creusent dans les méandres
des bulles de mémoire sortent de mon crâne
évolution lente traversant le ciel nocturne

elles tentent elles aussi de s'élever au-delà du mur
dans la torpeur des hauteurs
trop haut dans le froid
dépression sillonneuse à travers vent et nuages

l'esprit n'est plus dans l'oubli
la mémoire atteint le sol et s'écrase
dans un flot d'herbe nappée du rouge
de sa vie

10 octobre 2006

2 commentaires:

Fel-X a dit...

bienvenue dans mon monde où les trucs oubliés pourraient en former un à eux seuls.

Ouah, ce serait une super idée de scénario, ça... quelqu'un comme moi qui oublie des tonnes de trucs et, d'une certaine façon, se trove catapulté dans une cité bâti entièrement de ses oublis.

Luc Pelletier a dit...

Oui! Un peu à la Neverwhere, une sorte d'Autre Côté qui était toujours là mais qui n'a jamais été visité. Excellente idée!