mercredi 21 février 2007

LE LABYRINTHE AU CŒUR DES MARÉES SYPHONNÉES

C'est ici que tout recommence. C'est ici que l'on voit l'Ombre pour la dernière fois. C'est ici qu'un regard s'est enfin ouvert sur une vie de fakir impotent. Ce qui fut, n'est plus. Ce qui est, doit être. Ce qui sera, sera lumineux.
On ajoute à nouveau un deuxième élément au texte. La somme en question, à la fin du poème, c'est Julie, voguant maintenant côte à côte avec moi, nous tenant l'un et l'autre, sur une mer encore énormément agitée. Mais la fissure pointe à la surface. Plus besoin de cuillère de plastique, je peux voir de l'autre côté du mur. Un mur tombé et liquéfié qui a finalement pris ma propre apparence. "Tout devient le changement". Je suis ce que j'ai voulu être, je suis ce que le monde m'a appris, je suis ton propre reflet, je suis une idée, je suis le rêve, je suis tout et tout est moi. Par la simple pensée, la réalité se tord et se métamorphose, le monde existe parce qu'il existe dans ma tête.
Vous pouvez vous approprier cela aussi. Nous, gigantesque argile prête à modeler les mains du sculpteur. Qui s'en rend compte, se rencontre et peut finalement vivre. Route ardue, semée d'ambuches perverses et démobilisantes, mais...


il faut nager rigoureusement dans cette mer
des bras en moins qui ne sont pas de trop
on boit la tasse de cette eau amère
sans pour autant en percevoir les défauts

ci-gît l'Ombre
aberration d'une pensée retardée par les flots
au centre de ce qui fut une chair pleine de virulence

des lézards de plomb s'agitent
sous le soleil d'écailles émeraude
noirceur dans la pudeur aquatique
et de la plaie se forment des songes boueux qui perdurent
ils se languissent de la lumière
d’un réverbère humide passant par-là

démenti
démantibulé
démente
des menteurs s’excluent du lot de la charge
et huit années de solitude demeurent
inchangées

tout
devient
le changement
quand sur ce mur las millénaire
vêtue de larmes grises et regorgeant des visions décadentes
l’oubli ne veut pas se faire entendre au fond des choses, il se laisse flotter, danger imminent sur le point d’exploser, et n’a d’yeux que pour une bouche, le contour d’un menton, l’éclat d’une dent, le tout fermé au
public

un spectacle terminé qui n’a jamais débuté

et nous sommes perdus dans une aile du dédale
cherchant à retrouver ces mains blanches
celles qui rêve de ton visage dans le soir
mais qui n’ont que plastique floue à caresser

perdus
cherchant à sortir par tous les moyens
mais irrémédiablement attirés vers le centre
là où
dans son propre reflet
l’Ombre s’écrase constamment

les deux sommes sillonnent
la marée les emporte

9 novembre 2006

2 commentaires:

Fel-X a dit...

"démenti
démantibulé
démente
des menteurs"

j'adore...

Luc Pelletier a dit...

J'aime beaucoup, moi aussi. J'ai voulu faire une espèce d'impression de heurt, un truc qui démarre mais qui "stall" sur place sans vraiment partir.