vendredi 16 février 2007

L’ENFANT OUTRÈRE

Dernier poème de ma période "néant profond". La naissance de l'enfant de l'ère humaine, résultat de toutes les peurs, paranoïas, angoisses, guerres, où les chiens se baignent dans des marres de sang. C'est dans le coeur que réside le néant, c'est dans le coeur que naît cet enfant mutant qui n'a aucune chance dans ce monde de fous. Poème visionnaire: il ne nous (les humains) reste plus beaucoup de temps sur cette terre, mais en général, on s'en fout et le feu consumme nos restes avant même la création.
C'est aussi la sortie de mon esprit qui nageait encore dans une mer d'amour impossible pour une autre épine attachée au Fil du labyrinthe. Le Minotaure reste seul, personne ne le comprend. Mais comme je l'ai dit, c'est le dernier texte de ma période d'édification néantifiée, les autres seront le résultat démesuré de cette tour vide que j'ai construite autour de mon esprit. Un miroir de ce que je suis devenu, montré à un ange au sourire qui a la force du soleil.


des ronces aux pores d’un cœur saignant
tentent désespérément d’échapper
au néant

le sommeil perce la coque déjà fébrile
et l’inconscient invente l’univers
fulgurance de bombe atomique
dans le sourire d’un sexe
sournoisement altéré par la peur
rictus embaumeur sur les plages bondées
de cadavres de rêves suicidés
où des éléphants écrasent la source
inconscients du temps redémarré

dans l’eau rouge
argent facile pour un kamikaze
des chiens s’y baignent et boivent
laissant des ombres toisonnées
sur une surface immobile
le marbre d’une année gâchée prestement
à oublier les mots qui dorment
sur la joue délicate d’une déesse
ces mots prêts à être embrassés
et avalés sans plus tarder

mais le sage finit par oublier de vivre

c’est que depuis peu
la vie a fini par l’oublier
lui aussi

étrangers dans le jour
des flammes bleues sur une nappe rouge
n’est plus que carbone en combustion
dans plus de carbone
mer noire envolée dans un vent froid
la peur envieuse achève de tuer
son entourage inconsistant
et palpite du trou béant
l’enfant de l’autre ère
mutant de feu austère
chassé par le train d’un passé obèse
et emporté à travers des ruines fleuries

voyez
contemplez la couleur du visage fugueur
incorporez dans votre esprit néantifié
l’image d’un corps sur lequel a roulé
trois millions d’années

le mimétisme est vain
l’ampleur des dégâts s’annonce futile

c’est un enfant mort-né

20 juin 2006

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