vendredi 28 avril 2006

BÛCHÉ DES VANITÉS

Le poème qui va suivre est un de mes préférés. C'est une scène d'exécution vue par le condamné (ou la victime, tout dépend du point de vue) au moment où il se fait tirer, dos contre un mur, impuissant face à la "Justice Suprême" qui donne le faux droit aux hommes de tuer les hommes sans qu'ils s'en sentent coupables. Pensez à un pays dictatorial, totalitaire, démocratique, ça revient au même, il n'y a que la façon utilisée qui change.

Les Hommes s'entretuent parce qu'ils ont trop de temps à tuer et ils se laissent envahir par la violence primordiale, sorte de dieu universelle qui repose en chacun de nous. Certains le contrôlent plus que d'autres, les Sages, ceux qu'on appelle des Humains. Les autres, ce ne sont que des bouffons. Rien de plus à dire sur eux, sinon que ce sont des bouffons qui ne font jamais rire derrière leur masque de ridicule. C'est dire que leur vie ne mène pas à grand chose...

En plus, ce poème a été écrit en février, le mois de la Dépression. Le délice de l'ombre dans une mare de sang coagulé.


Des organismes collectifs de bouffonnerie
s’accaparent l’ordre des horlogeries
en une orgie de passions futiles
et d’horreurs dissimulant la file
qui attend sa dernière heure,
tic tac, et tout simplement tac tac
en tourbillon dans mon malheur,
celui qui retourne l’âme, donne le trac.

Je regarde l’étang rouge qui bout.

Son odeur amère me renverse
dans un rêve étrange qui traverse
une lumière me regardant debout
près du tigre noir, et rugissant
son mal qui se répand dans mon sang.

L’horloge du temps s’est alors arrêtée
devant cette vulgaire scène oppressée.

Un œil ouvert m’observe sans me voir
et se révulse dans son au revoir.
Une autre vibration et c’est le vide,
le vide sombre qui m’emporte.

Avec lui, un ouragan avide
de châtiments infiniment sages
qui, dans leur chaleur, nous déportent
et ne laissent enfin plus aucun présage…

16 février 1999

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