On a tous un jour côtoyé la mort de différentes façons, ne serait-ce qu'en tuant des grenouilles en les frappant sur le bord d'un trottoir alors qu'on n'a que trois ans. C'est un peu moins drôle quand la mort frappe un membre de notre famille, et encore moins si ce dernier était plus jeune que nous et qu'il n'est pas mort d'une mort naturelle. Le poème qui va suivre est une sorte d'hommage et d'au revoir à un de mes cousins qui n'a plus voulu de la vie qu'il vivait. Je n'ai jamais su pourquoi il avait fait cela, et je ne sais même pas si je veux le savoir.
C'est aussi à ce moment que j'ai versé les dernières larmes de mon corps et que le processus de robotisation s'est totalement enclenché. Plus rien ne pouvait être pire que la mort de mon jeune cousin... et je n'ai encore rien trouvé de pire aujourd'hui...
(À Mathieu Roy, mon cher cousin mort par la folie d’une société qui enfonce dans l’aliénation…)
Un jour il était là
Le suivant
Déjà loin
Il est parti en nous laissant tout hébété
Une parcelle d’univers s’est éteinte avec lui
Désespérée de fuir une cacophonique vie
Sa beauté cadavérique vibrait en moi
Comme des coups de marteau puissants
Résonnant dans les cieux noirs et orageux
Une prestance en soi qui ne vaut rien
Et les flots se sont abattus
Solitude
Comme une marée de sang regorgeant
Mon cœur
Les catastrophes accumulées
Et je me fond dans cet être si pur
Brutal
Vif
Désertique
Renfermé
Océanique
Réactions en chaîne tumultueuses du cycle
perpétuel de la Mort à sont travail
Sans cesse des regrets malheureux accablants
Une jeunesse est trop peu pour partir avec toi
Vilenie
Je te déteste
La fête est terminée pour lui
Je voudrais te regarder encore une fois
Un jour il était là
Mais le suivant
Déjà loin
Trop loin
6 décembre 1998
2 commentaires:
Wow... Il y a près de 8 ans que je n'avais pas lu ce poème, et il reste tellement actuel. Comme toi, peu d'événement m'ont marqué autant que la mort de Mathieu... Cette peine reste vive, et ton poème nous la fait ressentir, autant que cette colère qui ne peut nous quitter.
Quoi dire, j'ai vécu et je vie encore se sentiment qui vous habite. Car moi aussi j'ai eu un jeune proche qui est mort. Non par un suicide mais par une balle perdu. À chaque fois que je pense à lui, j'ai des larmes qui coulent encore. Je n'ai jamais et ne pense pas accepter un jour son départ (sa mort). Oui la peine et la colère ne me quitteront jamais.
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