vendredi 19 mai 2006

NOIR SATIN

Le retour de l'ange. L'ange est la personnification de ma solitude. Il prend de plus en plus de place à mesure que les jours avancent et voit son aboutissement dans le Dernier Soupir. Un bon ami, compagnon de voyage sans faille, mur infranchissable. Comment le faire tomber sans tomber en même temps? Aucune réponse ne vogue dans la brume. Aucun son ne sort des bouches. Ne reste que le néant pour accueillir ce qui reste de moi à cette époque...

Un parallèle se crée dans le texte entre être et suivre : la marge ou le mouton. Je suis. Ça renvoie à Descartes qui criait sur les toits son "Je pense, donc je suis" qui veut en fait dire que l'être humain est voué à rester mouton et suivre le troupeau par le simple fait qu'il pense. Argument faible, mais qui vaut n'importe quel autre lorsqu'il s'agit de jouer avec le langage comme il l'a fait.

Le parallèle crée aussi un retour vers soi (comme pour contrer le "suivre"), comme s'il ne fallait qu'écouter que nous-même. Une voix dans un corps, dédoublement qui raye en quelque sorte la solitude pour amener un vide encore plus creux : soi-même. Fantômes, miroirs. L'ange et moi. Autour, rien.


Les larmes tombent de son visage comme des gouttes de cristal blanc,
Son regard se fond dans le mien, je crois alors mourir
Dans ce miroir pur et parfait. Je m’envole loin pour finir
Sur le seuil d’une voie céleste, la demeure gothique de mon cœur souffrant.

Je suis la douce musique soufflée à mon oreille attentive, sensible.
Je suis l’ange qui me prend par la main, si douce, cette main,
Satin contre satin, et vers l’éternité je continue mon long chemin
Parsemé de ronces effilées et tranchantes… au-delà du possible…

Les formes autour de moi m’apparaissent totalement floues,
Je me laisse aller dans la brume du soir qui me traîne sous son dôme,
Je vogue au gré de la solitude et j’attends là mon fantôme
Qui me cherche avec peine… Et tout près vole un hibou.

Ses yeux me font remémorer toutes les souffrances naguère connues.
Je me souviens des jours passés seul sous un saule pleureur,
À regarder les étoiles et la Lune, ronde, belle, blanche…
Ses yeux enflammés, merveilleux, qui me fixaient sans relâche.

Sa bouche se dessine alors devant moi tel une apparition éthérée,
Un songe d’été éblouissant toute cette nuit hantée de cauchemars
Qui ne finissaient plus de tourner dans ma tête fatiguée.
Mon cœur veut maintenant remettre ses rêves à plus tard
Et regarder le sourire qui lui souffle quelques mots à l’oreille…
Viens, viens avec moi, ne te retourne pas.
Viens avec moi dans ces lointains horizons vermeils,
Où le soleil brûle les souffrances dans le sang incarnat…

Je m’inspire de sa voix pour me répandre dans ses larmes
Qui coulent présentement comme coule un ruisseau matinal,
Et je prend un goutte, une seule, pour succomber à son charme,
Le charme d’un ange aux mains de satin et au cœur de cristal.

19 septembre 1999

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